- Détails
- Publication : 31 octobre 2014
Pour l'économie marocaine, il s'agit de développer les ressources humaines qui accompagneront le plan dâaccélération industrielle. Le royaume veut devenir un hub de formation pour les pays d'Afrique de l'Ouest.
Â
Adaptabilité et réactivité, deux mots qui résument bien les capacités dâorganisation marocaine. Alors que la cérémonie de pose de la première pierre de Centrale Casablanca devait avoir lieu sur le site même lundi 27 octobre, la cérémonie a été déplacée au dernier moment, se tenant finalement dans un amphithéâtre mis à disposition pour le collectif dâarchitectes qui ont dessiné le campus.
Car l'enjeu est de taille pour lâéconomie marocaine qui est entrée dans le plan dâaccélération industrielle."Avec ce plan, lâéducation et la formation des jeunes est plus que jamais une priorité car notre objectif est la montée en gamme vers des activités technologiques à haute valeur ajoutée", a rappelé Moulay Hafid Elalamy, le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de lâÉconomie numérique, qui ajoute plus directement "pour lâindustrie, nous avons de gros besoins dâingénieurs." Son collègue, ministre de lâEnseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, va plus loin quand il explique quâavec davantage dâingénieurs, les industriels marocains pourront développer et produire demain le TGV low cost dont ont besoin certains pays dâAfrique, que les produits français trop chers ne peuvent pas séduire.
Â
UN CAMPUS DâUNE VALEUR DE 15 MILLIONS DâEUROs
Â
Les liens entre le Maroc et lâAfrique ne sâarrêtent pas là. Ainsi, le royaume chérifien souhaite devenir un hub de formation pour lâAfrique, notamment pour les pays dâAfrique de lâOuest. Avec une école Centrale développée en collaboration avec les équipes de Centrale Paris, le Maroc pourra accueillir chaque année une promotion de 200 jeunes qui décrocheront le titre dâingénieur au bout de leur scolarité. "LâEcole Centrale de Casablanca devra être de même niveau que les autres Ecoles centrales dans le monde", a ajouté le ministre de lâIndustrie, cachant mal quâil ne serait pas fâché quâelle obtienne rapidement des résultats supérieurs. En attendant la gouvernance de lâécole a été confiée à une fondation dont le conseil dâadministration est composé pour un tiers de représentants nommés par le gouvernement marocain, un autre tiers par lâEcole Centrale de Paris, auxquels il faut ajouter des administrateurs indépendants, un administrateur représentant les professeurs et un autre les élèves.
L'Etat marocain va donc investir dans la construction dâun campus dâune valeur de 15 millions dâeuros. Ensuite, le budget de fonctionnement sera dâenviron 9 millions dâeuros par an quand lâécole fonctionnera à plein régime. Là encore, lâEtat sâimplique puisquâil assurera la moitié du financement. Lâautre moitié du budget est assurée pour lâinstant par une subvention dâéquilibre versée par lâEtat marocain, mais elle a vocation à disparaître, les frais de scolarité payés par les élèves et les contributions des entreprises devront la compenser. En effet, comme dans les autres Ecoles Centrales, les entreprises devraient contribuer à la pédagogie de l'école mais aussi à son financement. Selon nos informations, de premiers contacts pris avec les entreprises françaises présentes au Maroc, mais aussi avec les entreprises marocaines se révèlent "prometteurs".
Â
UN RÉSEAU INTERNATIONAL DÂÉCOLES CENTRALES
Si le Maroc est actuellement aussi actif sur le marché de la formation supérieure, câest notamment pour une autre raison quâa dévoilé sans aucune fausse pudeur Lahcen Daoudi, le ministre de lâEnseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres. "En 2011, ce sont 2,6 milliards de dirhams qui ont été officiellement dépensés hors du Maroc en frais dâinscription par des étudiants marocains. Pourquoi nâamènerions nous pas les écoles au Maroc plutôt ?" Il est vrai que les relations entre le Maroc et Centrale Paris témoignent de cette coopération de longue date. "17 % des élèves admis sur concours sont marocains. Cela n'est pas étonnant car le Maroc a dâexcellentes classes préparatoires", a expliqué Hervé Biausser, le directeur de Centrale Paris. A court terme, ce dernier espère créer un véritable réseau international dâécoles, où des étudiants chinois viendront faire une année de césure au Maroc et inversement.
Le gouvernement marocain négocie actuellement des accords tous azimuts. Il a ainsi signé avec l'Espagne, l'Italie et le Portugal. Pour sa part, l'ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries, a rappelé queun accord venait dâêtre conclu entre lâInsa et lâuniversité euromed de Fès. Il a ajouté quâune "dizaine de projets ambitieux était actuellement à l'étude entre les deux pays"  dans le domaine de l'éducation.
Lors des prochaines signatures, le Maroc pourra prouver ses capacités dâadaptation et de réactivité, si la cérémonie est par hasard à nouveau déplacée au dernier moment.
Â
L'Usine Nouvelle
De plus, Yawatani.com se réserve le droit de supprimer tout commentaire qu'il jurera non approprié.