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· «Nous injecterons autant de liquidités qu’il le faudra», affirme Jouahri


Si l’heure n’est pas à la panique, elle ne l’est pas non plus à la quiétude. Malgré des fondamentaux économiques solides, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank-Al Maghrib, continue d’appeler à la vigilance. «Avec une économie ouverte comme la nôtre, nous ne pouvons pas être totalement épargnés par la crise». Ainsi, il est désormais certain que des secteurs, habitat de haut standing et sous-traitance automobile notamment, seront inévitablement touchés. «Pour les autres, aucun élément ne vient corroborer l’effet de la crise sur le Maroc», ajoute Jouahri.
BAM confirme donc les prévisions de croissance, qui tablent sur une progression de 6,8%, tirée non seulement par le secteur agricole, mais également par les activités non-agricoles. Idem pour la «soutenabilité» du déficit budgétaire, qui se situerait en fin d’année à 1,3%. Ce qui est une performance, indique la banque centrale. Par contre, au niveau de la balance des paiements, le compte courant fera un déficit se situant entre 2 et 2,5%. Pour ce qui est de l’inflation, la prévision actualisée pour 2008 est de 3,9%. Les perspectives pour 2009 sont encore plus optimistes, puisqu’elles prédisent une croissance se situant entre 5 et 5,5%. En effet, le dernier rapport de la Banque mondiale sur les pays du Maghreb place le Maroc dans une position très favorable en termes de croissance (cf. www.leconomiste.com).
Le déficit budgétaire reste, par ailleurs, à un niveau convenable de moins de 3%. Et ce, « sur la base d’un baril de pétrole calculé à 100 dollars dans la loi de Finances 2008, soit une marge de manœuvre terriblement importante», rassure le gouverneur de BAM. A l’inverse, le compte courant de la balance des paiements s’établira à moins de 2%, «soit à un niveau acceptable». Concernant l’inflation, BAM table sur un taux de 2,9%, au lieu de 3,6% prévus en septembre dernier. Soit une décélération tirée par les produits de base importés et par une certaine contraction de la demande extérieure s’adressant au Maroc. C’est la combinaison de tous ces éléments qui a conduit la banque centrale à maintenir le taux directeur inchangé. Reste toutefois à surveiller, comme le lait sur le feu, l’évolution de ces éléments durant les prochains mois. «Si ces éléments se confirment, à l’horizon de nos prévisions, on pourrait revoir le taux directeur». Sur le plan de la mise en œuvre de la politique monétaire, BAM avait indiqué que 2007 était une année de rupture, par rapport aux années de surliquidités. «Nous sommes rentrés maintenant dans une situation de sous-liquidité du secteur bancaire». Ce constat est corrélé par la situation des avoirs extérieurs, qui sont passés d’une position positive à un déficit. Les prélèvements sur ces avoirs ont également influé sur les trésoreries bancaires.
Selon Jouahri, la banque centrale a injecté beaucoup de liquidités, via tous les outils dont elle dispose: prises en pensions de bons du trésor, avances à 7 jours et 24 heures... D’ailleurs, le gouverneur a bien insisté sur la disponibilité de BAM à injecter autant de fonds nécessaires pour l’accompagnement de l’économie. Le challenge pour BAM était de rapprocher le plus possible le taux interbancaire du taux directeur de base. Ainsi, pendant le dernier trimestre 2008, pas moins de 16 milliards de DH par semaine étaient octroyés, soit le double des liquidités injectées hebdomadairement durant les trimestres précédents. «Ce qui tranche avec ce qui se fait à l’extérieur», insiste le gouverneur de BAM, et d’ajouter que si «le marché interbancaire marche, toutes les catégories de crédits continueront d’augmenter». Conséquence: BAM assure qu’il n’y a pas de crise de confiance, ni de difficulté d’alimentation des opérateurs économiques sur le crédit. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas de crise de liquidités, pas de restrictions de l’octroi de crédits par le secteur bancaire à l’activité économique. Jusqu’ à fin novembre, nous sommes sur un rythme annuel d’augmentation des crédits au Maroc de l’ordre de 26%, après l’année exceptionnelle de 2007, qui a connu une évolution de 29%. On devrait terminer 2008 sur un taux variant entre 24 et 25%. Toutes catégories de crédits confondues». C’est pour ces raisons aussi que la situation des liquidités est devenue structurelle, ce qui a conduit le conseil de BAM à baisser le taux des réserves obligatoires à 12%.
En définitive, Jouahri espère que la conjugaison de tous ces éléments permettra de bien passer un premier semestre 2009. Un semestre qui promet d’être délicat. Néanmoins, pour le gouverneur de la banque centrale, les analystes prévoient une reprise pour la seconde moitié de l’année prochaine, avec une confirmation pour 2010.
 


Donnant-donnant

Qu’en est-il de la position des banques? Elles avaient décidé de ne pas répercuter la hausse du taux directeur, intervenue en septembre dernier, et ce, durant trois mois. Ce délai étant révolu, BAM peut-elle encore faire pression? A ce sujet, Jouahri est catégorique: «Si on dégage 11 milliards, on baissera le coût des ressources bancaires. Donc, est-on en mesure de leur demander de tenir compte de ces éléments ou pas dans l’octroi des crédits à la clientèle? Il est bien évident que oui. Ceci dit, la banque centrale ne va pas interférer dans la relation personnelle banque-client».
 

L'Economiste

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