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- Publication : 28 septembre 2019
Depuis un mois, au Maroc, l’affaire "Hajar Raissouni" du nom de la journaliste emprisonnée pour "avortement illégal" et "relation sexuelle hors mariage" mobilise la société civile contre les lois liberticides.
Chafik Chraïbi, Président de l’Association marocaine de Lutte contre l’avortement clandestin, n’a pu rester en marge de ce sujet qui fait grand débat. Au cours d’une interview accordée au journal français, Libération, le gynécologue obstétricien a livré ses explications sur le sujet.
Selon Chafik Chraïbi, la jeune femme de 28 ans n’a probablement pas avorté. En effet, rappelle-t-il, les deux expertises sur demande de la Police judiciaire n’ont, à aucun moment, révélé un cas d’avortement.
Pour la première qui a eu lieu juste après l’arrestation de la journaliste, ce sont "des jeunes médecins en formation qui s’en sont chargés à la maternité Souissi de Rabat". Ceux-ci "ne disent à aucun moment s’ils constatent des traces d’avortement sur le col de l’utérus", précise-t-il.
Le lendemain, relève-t-il, "d’autres examens sont faits par le chef de service qui relève des stigmates d’anciennes infections sans préciser s’il voit, ou non, l’existence de lésions dues à un avortement".
Chafik Chraïbi fait surtout observer que, lors de la deuxième expertise, "le dosage de l’hormone de grossesse est beaucoup plus bas que ne le présuppose l’âge de grossesse", ce qui, à l’en croire, "montre que la grossesse s’est arrêtée 48 heures plus tôt et qu’il n’y a probablement pas eu d’avortement provoqué. Dans ce cas, la fausse couche est vraisemblable", conclut-il.
A la question de savoir si l’équipe médicale a pu être instrumentalisée par la Police judiciaire, le gynécologue obstétricien a affirmé qu’elle ne serait pas capable d’aller jusque-là, imputant tout ceci à "un manque grave de professionnalisme".
Par ailleurs, il affirme : "Je suis scandalisé que le Maroc applique une loi qui date des années 1960 et qui n’a plus rien à voir avec la société actuelle".
En outre, il a estimé que Hajar Raïssouni est la première femme emprisonnée pour avortement au Maroc. "Il n’y a même pas eu de plainte contre elle pour expliquer ces poursuites", se désole-t-il.
bladi
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