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Il fait nuit. Nous sommes à quelques mètres seulement de la frontière algérienne, perdus en plein milieu d’une campagne située non loin de la ville d’Oujda.


L’endroit qui, de prime abord, semblait désert, commence à être fréquenté par d’étranges promeneurs nocturnes qui viennent grossir un cortège inattendu. A dos d’ânes ou en mobylettes, des centaines de personnes attendent en file indienne avec leurs jerricans. Objectif ? Ils veulent tous s’approvisionner auprès des contrebandiers d’essence qui provient d’Algérie, pour aller ensuite la revendre dans la ville d’Oujda ou dans d’autres villes du Maroc.

Un commerce qui sévit malgré la fermeture des frontières...
De l’autre côté de la frontière, la ville algérienne de Meghnia, qui se trouve à 20 km seulement d’Oujda, accueille en moyenne 200 véhicules marocains qui y font chaque jour clandestinement des allers-retours. Ce bal incessant se poursuit quotidiennement malgré la fermeture de la frontière entre les deux pays depuis 1994. Véritable convoi pour le transport de carburant informel, le curieux parc automobile appartenant aux contrebandiers est composé de cahotantes Renault 12, 21, 25 et d’antiques Mercedes bien poussiéreuses. D’après notre guide, ces voitures sont toutes pourvues de double réservoirs destinés à véhiculer du carburant depuis l’Algérie, pays producteur de pétrole où le carburant coûte jusqu’à trois fois moins cher qu’au Maroc. S’aventurant en terre algérienne, les trafiquants de carburant arpentent une piste d’un kilomètre par rapport à la limite du territoire marocain. Une fois approvisionnés en carburant, il leur suffit ensuite de traverser le petit oued servant de frontière naturelle entre les deux pays, pour aller revendre leur marchandise à l’intérieur du Maroc.

Oujda, plaque tournante ?
Direction Oujda et retour à un décor plus urbain. Pour rappel, dans la capitale de l’Oriental, qui est aussi une ville frontalière avec l’Algérie, le marché informel du carburant a littéralement explosé. Une situation qui a atteint son paroxysme en 2014, suite à la décompensation pratiquée par le gouvernement sur les prix de l’essence, et qui a fait que le carburant informel est devenu très prisé. Alors que le litre d’essence sans plomb est proposé à presque 14 dirhams dans les stations-service, les trafiquants, eux, le vendent deux fois moins cher, juste à 7 DH. A Oujda, ce commerce est exercé dans des quartiers populaires, pour ne pas attirer l’attention sur un trafic bien juteux, organisé dans des structures bien huilées où rien ou presque n’est laissé au hasard. A part la capitale de l’Oriental, d’autres villes sont concernées par le trafic du carburant, dont Nador, Fès, Meknès, Al Hoceima…Selon les services de la douane, la contrebande «impacte lourdement le secteur, déjà très fragilisé par les fluctuations internationales des prix de carburant». Elle ferait ainsi perdre annuellement près de 25 % de chiffre d’affaires au secteur, soit près d’un milliard de dirhams.

La gendarmerie serre l’étau...
Depuis le mois de juin 2013, le trafic du carburant est devenu de plus en plus difficile suite à la lutte contre ce trafic menée par les autorités marocaines. Les unités de la gendarmerie nationale ont renforcé leurs missions à proximité ou à l’intérieur de la bande frontalière. Ils procèdent au contrôle de tous les entrepôts et habitations situés dans ces régions. Ces opérations ont permis la saisie d’importantes quantités de carburant prêtes à être livrées. De l’autre côté de la frontière, les autorités algériennes ont resserré également le contrôle tout au long de leurs frontières. Principale conséquence, le prix du carburant a plus que doublé. Signalons que cette hausse de prix frappe durement la population de la région «depuis le jour où les unités de la garde nationale ont resserré le contrôle, le prix du carburant a augmenté. On a du mal à se déplacer entre l’Algérie et le Maroc et du coup, on ne peut pas vivre comme avant», se plaint un contrebandier. Résultat : Le carburant algérien est toujours frauduleusement proposé dans la région de l’Oriental du Royaume sauf qu’il se négocie aujourd’hui à près de 10 DH/l.

Le carburant informel très destructeur pour les moteurs...
C’est l’avis unanime de tous les mécaniciens questionnés : le carburant de contrebande est extrêmement nocif pour les moteurs de véhicules. Tout d’abord, ce carburant est souvent mélangé de l’eau par les contrebandiers afin d’en augmenter le volume. Ensuite, il est stocké dans des fûts, des bidons, ou des jerricans qui ne sont pas propres, ce qui a tendance à remplir le carburant en particules et en poussières. «Ces particules et poussières ne sont pas toujours stoppées par le filtre à essence des voitures et une fois qu’elles s’introduisent dans le moteur, elles provoquent des dégâts irréversibles pour le carburateur, la pompe à injection, le pot catalytique et risquent même de détruire toute la segmentation du moteur en le mettant définitivement en panne», nous explique Said, mécanicien à Oujda. Ce qui suppose de très coûteuses réparations. Ce qui a été économisé sur le prix du carburant est donc (re)dépensé pour réparer le moteur! En quelques jours seulement d’utilisation, plusieurs problèmes peuvent apparaître au niveau du moteur. «Parmi les symptômes: l’accélération du véhicule qui devient aléatoire, des trous à l’accélération sont constatés, un témoin jaune ou des défauts moteurs s’illuminent sur le tableau de bord, le véhicule perd en performance, surconsomme et devient poussif, de la fumée épaisse et violette sort de l’échappement, le ralenti devient instable et parfois même le véhicule s’arrête et refuse de démarrer». Comme quoi, à vouloir faire des affaires juteuses, on peut y laisser des plumes.

Aujourd'hui.ma

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