Yawatani

L'effervescence de la période estivale est bien loin. Le MTD (Mouvement pour tous les démocrates) ne suscite plus l'engouement des débuts. L'annonce de la création du Parti authenticité et modernité -l'aile politique du mouvement- a achevé de faire rentrer le MTD dans la banalité. Effet recherché ou réelle crise de gestion ? Analyse.

· L'effet mobilisateur d'El Himma

· La pression du timing

 
L'annonce du 25 février 2008 faite par un groupe mené par Fouad Ali El Himma de créer le Mouvement pour tous les démocrates (MTD) a mis en ébullition le microcosme politique national. Les spéculations sont allées bon train sur l'initiative qui rappelait à bien des égards celle initiée aux premières années de l'indépendance par l'ancien conseiller du Roi, Mohamed Réda Guédira. Le parallèle entre l'ancien homme de confiance de Hassan II et l'actuel ami proche du Roi Mohammed VI est vite fait et on prédit au MTD d'El Himma le même sort que celui du Fdic «Front de défense des institutions constitutionnelles» de Guédira. L'histoire est connue. Le Fdic montra des signes d'essoufflement pour finir dans les oubliettes au gré d'une conjoncture politique bien particulière. Celle notamment de l'état d'exception. Et c'est bien ce dernier argument d'une conjoncture politique aujourd'hui différente que les amis de Fouad Ali El Himma - lui en tête - avancent pour signifier la singularité de leur démarche. «Autres temps, autres m?urs». Soit. Mais les objectifs en filigrane restent les mêmes quoi qu'en disent les initiateurs du MTD. Barrer la route au PJD, entre autres pour éviter un scénario à l'algérienne, et s'assurer les meilleures places dans la hiérarchie du pouvoir pour «mener à bien le projet sociétal prôné par la monarchie», sont des motivations clairement décelées dans la profusion des messages contradictoires que renvoient les militants du MTD et de son pendant politique aujourd'hui le PAM. Cette dernière profession de foi fait désordre. Le PAM se défend d'être le parti du Roi. Mais c'est cette même proximité avec le monarque qui a agi en catalyseur des énergies pour le MTD. Une déferlante de sympathisants durant le printemps et une partie de l'été. Les rencontres organisées dans différentes villes du pays ont été littéralement prises d'assaut. L'écho des rencontres, auxquelles ont été conviés notables, acteurs économiques, associatifs et autres artistes triés sur le volet, était amplifié par les médias.


Une déferlante de sympathisants


L'effet mobilisateur d'El Himma faisait grincer des dents et craindre le pire chez les militants des partis classiques. Au fil des rencontres, l'homme autrefois discret et distant prenait de l'assurance. A Casablanca, il fait tomber la veste et en bras de chemise enflamme une foule déjà acquise à la cause. Sa sortie est bien orchestrée. L'ancien ministre délégué à l'Intérieur cible ses messages: il fustige l'économie de rente, pointe du doigt la mauvaise gestion locale et lève un peu plus le voile sur un événement auquel tout le monde s'attendait, celui de la volonté de créer un parti politique. Ce fut chose faite un mois plus tard. L'aplomb d'alors faisait augurer d'un évènement sans précédent. Le 5 août, la demande d'autorisation de fusionner est déposée au ministère de l'Intérieur par cinq partis (Parti national démocrate, Parti Al Ahd, Parti de l'environnement et du développement, Alliance des libertés et le Parti initiative citoyenne pour le développement). Le quitus est accordé en 48 heures. Le 7 août le Parti authenticité et modernité voit le jour. Là encore, c'est une impression du déjà-vu. Le Fdic avait lui aussi réuni en son sein le Mouvement populaire (MP) et le Parti de la constitution démocratique (PCD). Véritable gâchis ou réalisme politique? L'option de créer une nouvelle structure partisane, vierge et créditée du seul capital de confiance de ses meneurs, défendant un projet de démocratie et de modernisme, aurait pourtant été mise sur la table. Pourquoi ne pas l'avoir adoptée? Deux explications à cela: la pression du timing et la difficulté même à s'engager dans cette voie exigeante. «Créer un nouveau parti au moment où à peine une année nous sépare des élections communales serait une gageure», soutenaient des membres du MTD, laboratoire de réflexion du nouveau parti. Pourquoi alors se rabattre sur de petites formations sans grand impact sur la vie politique? D'aucuns soutiennent que le rapprochement qui ciblait le RNI, l'UC et le MP n'a pas marché face à la méfiance affichée par les dirigeants de ces trois formations à l'égard d'un projet où ils partaient perdants d'office. «Le RNI en particulier, positionné au centre de l'échiquier politique,?tirerait profit de son statut actuel de parti pouvant favoriser les équilibres qu'à une alliance qui le marquerait à droite et lui ferait perdre le privilège des alliances post électorales», analyse un cacique des partis. Le porte-parole du MTD assure que ce dont il a toujours été question avec ces trois partis c'est un projet d'alliance, du reste toujours d'actualité. Fusionner avec les cinq petites formations avait, par ailleurs, pour objectif selon lui, de rassurer la classe politique. Celle-ci n'en est pas pour autant rassurée mais l'événement donne lieu à des railleries. «La montagne a accouché d'un petit animal», déclare Abdelwahed Souhaïl, membre du bureau politique du PPS. Ce dernier démonte l'argument largement répandu de lutte engagée, par le seul fait de cette fusion, contre la balkanisation de la vie politique. Les cinq formations absorbées par le P AM étant de toute façon condamnées à disparaître, selon lui.
Il met en garde contre un autre phénomène qui ne manquera pas de ressurgir: celui de la transhumance politique. Il en veut pour preuve l'initiative menée par la candidate malheureuse des dernières législatives à Safi, Fatima Araïch. Déboutée de la tête de liste PAM, l'ancienne militante du PND a choisi de se présenter aux élections partielles du 19 septembre sous la bannière d'un autre parti politique. A en croire notre interlocuteur, le PAM est déjà rattrapé par tous les vices de la vie partisane locale.

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Tout passe par la com



Au MTD la conviction est largement partagée: la communication est au centre de tout projet politique réussi. De fait, le mouvement qui compte en son sein une foison de membres journalistes table sur ce domaine pour mobiliser et convaincre les électeurs en 2009. Premier rendez-vous électoral sérieux que le PAM entend mener en position de force. Pour cela il partira bien outillé. Journal en arabe, un autre en français, une station radio et une chaîne télé sont en cours de création.
On veut le projet autonome du parti, mais ces médias n'en seront pas moins les porte-parole de ce projet politique. Internet n'est pas en reste puisque le MTD entend lancer son site web.


L'EconomisteL'effervescence de la période estivale est bien loin. Le MTD (Mouvement pour tous les démocrates) ne suscite plus l'engouement des débuts. L'annonce de la création du Parti authenticité et modernité -l'aile politique du mouvement- a achevé de faire rentrer le MTD dans la banalité. Effet recherché ou réelle crise de gestion? Analyse.
L'annonce du 25 février 2008 faite par un groupe mené par Fouad Ali El Himma de créer le Mouvement pour tous les démocrates (MTD) a mis en ébullition le microcosme politique national. Les spéculations sont allées bon train sur l'initiative qui rappelait à bien des égards celle initiée aux premières années de l'indépendance par l'ancien conseiller du Roi, Mohamed Réda Guédira. Le parallèle entre l'ancien homme de confiance de Hassan II et l'actuel ami proche du Roi Mohammed VI est vite fait et on prédit au MTD d'El Himma le même sort que celui du Fdic «Front de défense des institutions constitutionnelles» de Guédira. L'histoire est connue. Le Fdic montra des signes d'essoufflement pour finir dans les oubliettes au gré d'une conjoncture politique bien particulière. Celle notamment de l'état d'exception. Et c'est bien ce dernier argument d'une conjoncture politique aujourd'hui différente que les amis de Fouad Ali El Himma - lui en tête - avancent pour signifier la singularité de leur démarche. «Autres temps, autres m?urs». Soit. Mais les objectifs en filigrane restent les mêmes quoi qu'en disent les initiateurs du MTD. Barrer la route au PJD, entre autres pour éviter un scénario à l'algérienne, et s'assurer les meilleures places dans la hiérarchie du pouvoir pour «mener à bien le projet sociétal prôné par la monarchie», sont des motivations clairement décelées dans la profusion des messages contradictoires que renvoient les militants du MTD et de son pendant politique aujourd'hui le PAM. Cette dernière profession de foi fait désordre. Le PAM se défend d'être le parti du Roi. Mais c'est cette même proximité avec le monarque qui a agi en catalyseur des énergies pour le MTD. Une déferlante de sympathisants durant le printemps et une partie de l'été. Les rencontres organisées dans différentes villes du pays ont été littéralement prises d'assaut. L'écho des rencontres, auxquelles ont été conviés notables, acteurs économiques, associatifs et autres artistes triés sur le volet, était amplifié par les médias.


Une déferlante de sympathisants


L'effet mobilisateur d'El Himma faisait grincer des dents et craindre le pire chez les militants des partis classiques. Au fil des rencontres, l'homme autrefois discret et distant prenait de l'assurance. A Casablanca, il fait tomber la veste et en bras de chemise enflamme une foule déjà acquise à la cause. Sa sortie est bien orchestrée. L'ancien ministre délégué à l'Intérieur cible ses messages: il fustige l'économie de rente, pointe du doigt la mauvaise gestion locale et lève un peu plus le voile sur un événement auquel tout le monde s'attendait, celui de la volonté de créer un parti politique. Ce fut chose faite un mois plus tard. L'aplomb d'alors faisait augurer d'un évènement sans précédent. Le 5 août, la demande d'autorisation de fusionner est déposée au ministère de l'Intérieur par cinq partis (Parti national démocrate, Parti Al Ahd, Parti de l'environnement et du développement, Alliance des libertés et le Parti initiative citoyenne pour le développement). Le quitus est accordé en 48 heures. Le 7 août le Parti authenticité et modernité voit le jour. Là encore, c'est une impression du déjà-vu. Le Fdic avait lui aussi réuni en son sein le Mouvement populaire (MP) et le Parti de la constitution démocratique (PCD). Véritable gâchis ou réalisme politique? L'option de créer une nouvelle structure partisane, vierge et créditée du seul capital de confiance de ses meneurs, défendant un projet de démocratie et de modernisme, aurait pourtant été mise sur la table. Pourquoi ne pas l'avoir adoptée? Deux explications à cela: la pression du timing et la difficulté même à s'engager dans cette voie exigeante. «Créer un nouveau parti au moment où à peine une année nous sépare des élections communales serait une gageure», soutenaient des membres du MTD, laboratoire de réflexion du nouveau parti. Pourquoi alors se rabattre sur de petites formations sans grand impact sur la vie politique? D'aucuns soutiennent que le rapprochement qui ciblait le RNI, l'UC et le MP n'a pas marché face à la méfiance affichée par les dirigeants de ces trois formations à l'égard d'un projet où ils partaient perdants d'office. «Le RNI en particulier, positionné au centre de l'échiquier politique,?tirerait profit de son statut actuel de parti pouvant favoriser les équilibres qu'à une alliance qui le marquerait à droite et lui ferait perdre le privilège des alliances post électorales», analyse un cacique des partis. Le porte-parole du MTD assure que ce dont il a toujours été question avec ces trois partis c'est un projet d'alliance, du reste toujours d'actualité. Fusionner avec les cinq petites formations avait, par ailleurs, pour objectif selon lui, de rassurer la classe politique. Celle-ci n'en est pas pour autant rassurée mais l'événement donne lieu à des railleries. «La montagne a accouché d'un petit animal», déclare Abdelwahed Souhaïl, membre du bureau politique du PPS. Ce dernier démonte l'argument largement répandu de lutte engagée, par le seul fait de cette fusion, contre la balkanisation de la vie politique. Les cinq formations absorbées par le P AM étant de toute façon condamnées à disparaître, selon lui.
Il met en garde contre un autre phénomène qui ne manquera pas de ressurgir: celui de la transhumance politique. Il en veut pour preuve l'initiative menée par la candidate malheureuse des dernières législatives à Safi, Fatima Araïch. Déboutée de la tête de liste PAM, l'ancienne militante du PND a choisi de se présenter aux élections partielles du 19 septembre sous la bannière d'un autre parti politique. A en croire notre interlocuteur, le PAM est déjà rattrapé par tous les vices de la vie partisane locale.

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Tout passe par la com



Au MTD la conviction est largement partagée: la communication est au centre de tout projet politique réussi. De fait, le mouvement qui compte en son sein une foison de membres journalistes table sur ce domaine pour mobiliser et convaincre les électeurs en 2009. Premier rendez-vous électoral sérieux que le PAM entend mener en position de force. Pour cela il partira bien outillé. Journal en arabe, un autre en français, une station radio et une chaîne télé sont en cours de création.
On veut le projet autonome du parti, mais ces médias n'en seront pas moins les porte-parole de ce projet politique. Internet n'est pas en reste puisque le MTD entend lancer son site web.


L'Economiste

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