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Culture, médias, religion, migration… le Maroc utilise une batterie d’outils pour influencer l’Afrique. Un moyen pour le royaume de défendre ses intérêts, qui mobilise toute une armée d’acteurs, mais dont les résultats sont difficiles à quantifier.

En juillet, Mohammed VI a officiellement demandé le retour du Maroc dans l’Union africaine (UA). Dans la foulée, 28 Etats membres ont déposé une motion pour « réclamer la suspension des activités de la RASD ». Un soutien qui résulte d’un travail de longue haleine effectué par les diplomates marocains. Mais en plus des moyens politiques classiques, le royaume a commencé depuis plusieurs années à utiliser une batterie de moyens pour influencer le continent. Bien sûr, l’impact de ces initiatives est très difficile à quantifier. Ces outils sont des armes de long court permettant de défendre les intérêts du royaume définis dans sa politique étrangère, mais peuvent aussi servir des intérêts ponctuels, comme par exemple « se faire élire en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU », illustre Lélia Rousselet, chercheuse auteure de Un nouveau rôle pour la politique étrangère marocaine ?

Ce « soft power » qu’Ismaïl Régragui, docteur en sciences politiques (spécialité relations internationales), enseignant à Sciences Po Paris, auteur de La diplomatie publique marocaine : une stratégie de marque religieuse ?, définit comme étant « l’ensemble des vecteurs de puissance qui ne correspondent pas aux attributs classiques de l’Etat (force armée, diplomatie classique, capacité juridique…) », revêt plusieurs formes. De manière générale, l’ efficacité de ce « soft power » datant de l’intronisation de Mohammed VI « réside dans la capacité du Maroc à surfer sur la vague de la coopération Sud-Sud », « utilisée comme une rhétorique diplomatique », résume Lélia Rousselet.

Plusieurs ministères mobilisés

En général, un « soft power » est mis sur pied et manié par plusieurs départements, comme en témoigne celui de la culture par exemple. Le rayonnement de la culture marocaine à l’étranger dépend ainsi des ministères des Affaires étrangères, de la Communication, du Tourisme, des Affaires islamiques, des MRE et même du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), nous explique Ismaïl Régragui. Le docteur décrit : « En général c’est aux ambassades bilatérales que revient le rôle d’identifier les partenariats possibles et souhaitables avec les pays d’accueil par le biais de l’attaché culturel ». Ensuite, la direction de coopération culturelle et scientifique (que nous n’avons pas réussi à joindre sur la question) au sein du ministère des Affaires étrangères se charge de demander, si nécessaire, la participation du ministère de la Culture. Il peut s’agir d’expositions ou de présences lors de festival. Aussi, en 2014, les autorités ont annoncé leur projet de construction de maisons du Maroc (Dar Al-Maghrib) à l’étranger, à l’image des Goethe Institut allemands ou Institutos Cervantes espagnols. Un tel espace existe déjà à Montréal depuis 2012.

Ce « soft power » culturel passe non seulement par la diffusion de la culture marocaine sur le continent, mais aussi par le financement de projets africains, à l’image de l’aide accordée par le Centre cinématographique marocain (CCM) à travers la co-production et la poste-production. Ismaïl Régragui explique : « Le producteur a le dernier mot. Il a donc un droit de vie ou de mort sur les idées qui seront diffusées ». On se souvient de l’illustration de l’affrontement Est-Ouest sur le terrain du cinéma pendant la Guerre froide.

telquel

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