Yawatani

Dans un pays qui compte plus de trois millions de ses ressortissants vivant à l’extérieur, (chiffres d’ailleurs incertains), il y a d’évidence beaucoup de production de discours de tous genres sur les communautés émigrées. On donne toutefois rarement la parole aux concernés eux-mêmes. C’est pourquoi le Conseil de la communauté marocaine de l’étranger (CCME) vient de réaliser un premier sondage d’envergure en Europe où se concentrent 85% des Marocains(es) de l’extérieur toutes générations confondues. Ce sondage mérite attention parce qu’il présente des attributs de la crédibilité. Ainsi, l’échantillon est suffisamment large, atteignant 2.819 personnes. Il est réparti de manière à être aussi représentatif que possible des différentes catégories de Marocains vivant dans six pays d’Europe : France, Espagne, Italie, Belgique, Hollande, Allemagne. L’éventail des questions est assez diversifié pour couvrir les différentes perceptions et opinions des personnes sondées. Les entretiens ont été réalisés, entre le 16 mars et le 18 avril 2009, principalement par téléphone mais également en face-à-face selon les besoins de l’enquête. Les répondants avaient le choix entre la langue du pays de résidence ou l’arabe ou l’amazigh (tarifit, tachliht, tamazight). En amont,  de grands instituts de sondage ont été mis  en concurrence et c’est BVA qui a été finalement retenu.


Lors d’une conférence de presse tenue hier à Casablanca, Driss El Yazami, président du CCME et deux responsables de BVA, venus spécialement de Paris, ont présenté avec précision et  modestie mais non sans fierté les résultats de ce sondage. Ces résultats sont sans doute significatifs et instructifs, eu égard à la compréhension des perceptions subjectives des interviewés. Mais comme il a été souligné, ils doivent être lus et commentés en se restreignant à la prudence scientifique d’usage en matière d’enquête d’opinion. En effet, dans ce genre d’enquête, les données recueillies sont de nature déclarative et perceptive. Elles ne découlent ni d’une collecte de faits dûment vérifiés, ni d’une observation directe des comportements effectifs.
De la synthèse des résultats de ce sondage, il ressort à grands traits quelques grandes conclusions :
Les Marocains (es) d’Europe manifestent une tendance lourde à s’insérer durablement ou définitivement dans les pays de résidence. A titre d’indicateurs à cet égard : 4 sur 5 d’entre eux y sont déjà naturalisés ou en voie de l’être; presque 7 sur 10 ont choisi de répondre aux questions de ce sondage dans la langue du pays de résidence.
Ils témoignent, en second lieu, d’une forte volonté d’entretien de solides attaches sociales, culturelles et économiques avec le Maroc. Ainsi, 9 sur 10 d’entre eux regardent les chaînes de télévision nationales; presque tous déclarent visiter le Maroc plus ou moins fréquemment.
Les sondés cultivent une image globalement positive du Maroc. Lorsqu’on leur demande d’émettre des critiques ou des attentes envers leur pays d’origine, ils le font avec pondération et réalisme. Presque 8 sur 10 d’entre eux jugent que l’image du Maroc en Europe est assez bonne à très bonne. Les deux tiers d’entre eux ne font état d’aucune difficulté rencontrée lors de leurs séjours au Maroc.
Les Marocains d’Europe sont partagés presque à égalité sur la question de savoir s’ils sont bien acceptés sur ce continent. Ils éprouvent aussi des sentiments de discrimination, mais avec une fréquence très inégale selon les domaines de la vie sociale. Ainsi alors que 7 sur 10 d’entre eux déclarent rencontrer des difficultés particulières à trouver un emploi, moins de 2 sur 10 déclarent rencontrer de telles difficultés à se faire soigner correctement.
Pour mieux illustrer ces principales conclusions, voir une série complète d’indicateurs y afférents dans le tableau ci-dessous.
Outre ces données globales, les volumineux rapports détaillés du sondage fourmillent d’informations recoupées par pays de résidence, par génération, par genre, par catégorie socioprofessionnelle. Une exploitation fine permettra, d’une part, d’apporter immédiatement un éclairage sur des questions d’intérêt très spécifique et, d’autre part, de fonder des hypothèses pouvant guider de façon pertinente des recherches ultérieures plus poussées. 

 


 

Opinions des Marocains d’Europe : Des chiffres éloquents


Insertion dans les pays d’accueil :

• 78% se déclarent naturalisés (50%) ou en voie de l’être (28%) dans le pays d’accueil;

 

• 87% fréquentent souvent (46%) ou quelque peu (41%) des personnes d’origine non marocaine (41%);

 

• 95% des parents d’enfants de moins de 18 ans souhaitent que ceux-ci maîtrisent la langue du pays d’accueil ;

 

• 64% parlent la langue du pays de résidence à la maison, avec 73% pour la 2ème génération ;

 

• 63% de ceux qui ont des enfants de moins de 18 ans leur parlent en langue du pays de résidence, avec 80% pour la 2ème génération ;

 

• 55% s’intéressent à l’actualité politique du pays de résidence, avec 70%  pour la 2ème génération,

 

• 40% sont déjà inscrits sur les listes électorales du pays de résidence, avec 76%  pour la 2ème génération ;

 

• 94% regardent souvent ou de temps en temps les télévisions des pays d’accueil, avec 96%  pour la 2ème génération ;

 

• 50% font participer leurs enfants à des activités en dehors de l’école, organisées par les services de la ville ;

 

• 38% ont acquis ou sont en voie d’acquérir une maison ou un bien immobilier dans le pays d’accueil (soit presque en égalité avec ceux qui en possèdent au Maroc : 37%)

 

• 13% possèdent un commerce ou des intérêts dans une activité économique dans le pays d’accueil (contre seulement 6% qui en possèdent au Maroc)



Liens avec le Maroc.

• 89% regardent les chaînes de télévision marocaines (86% pour la 2ème génération) et 84% regardent des chaînes arabes (79% parmi la 2ème génération) ;

 

• 95 déclarent visiter le Maroc, dont 69% au moins une fois par an et 26% moins souvent ;

 

• La majorité des émigrés de la 1ère génération (52%) souhaitent passer leurs vieux jours au Maroc ;

 

• Les émigrés de la 2ème génération envisagent de rendre des visites ou de passer des vacances au Maroc (73%) ou d’y séjourner pour plus de six mois (23%) ou même de s’y installer définitivement (23%) ;

 

• 88% des répondants mariés le sont avec une personne marocaine ;

 

• Les parents d’enfants de moins de 18 ans jugent important à 95% que leurs enfants gardent des liens avec la famille et qu’ils se marient avec une personne musulmane (78%)  ou marocaine (67%);

 

• 63% continuent de parler, en général, l’arabe dialectal (avec 67% pour la 1ère génération) et 20% l’amazigh (taux identique pour les deux générations).

 

• 59% soutiennent financièrement leur famille au Maroc et 37% y possèdent un logement ou un bien immobilier.



Image du Maroc et attentes

• 78% jugent que l’image du Maroc dans les pays de résidence est très bonne (28%) ou assez bonne (50%) ;

 

• La situation aujourd’hui au Maroc est jugée très bonne ou assez bonne à 66% en ce qui concerne la relation du pays avec ses résidents à l’étranger, à 58% en ce qui concerne les droits des femmes, à 58% en ce qui concerne l’économie et à 54% en ce qui concerne les droits de l’Homme. La fréquence des jugements très négatifs sur ces divers aspects oscille entre 7 et 12%.

 

• 65% s’abstiennent de mentionner une quelconque difficulté rencontrée lors de leur séjour au Maroc. Les 35% qui s’expriment sur la question font principalement état  de longue attente à la douane (28%), de difficultés administratives (24%) de corruption à la douane (17%) ou sur les routes (21%).

 

• Quant aux attentes prioritaires des répondants vis-à-vis du Maroc, elles se déclinent selon les fréquences suivantes: améliorer les services consulaires et administratifs (57%) ; faciliter l’accès des nouvelles générations à la culture marocaine (42%) ; faciliter les échanges économiques et l’investissement (42%). Des attentes moins accentuées, avec une fréquence de 29 à 30%, soit moins du tiers des répondants, concernent le renforcement  de la coopération avec les pays de résidence, une meilleure représentation politique des Marocains de l’étranger, ou encore l’amélioration des lieux de prière en Europe. Quelque 17% souhaitent davantage de programmes médiatiques à leur destination.



Sentiments de discrimination en pays de résidence

• Les répondants sont partagés à 50% contre 50% entre ceux qui jugent que l’image des Marocains en Europe est très bonne ou assez bonne et ceux qui la jugent mauvaise (30%) ou très mauvaise (12%) ;

 

• Ils déclarent rencontrer plus de difficultés que de normal à trouver un emploi (72%) ou un logement (62%). Ce sentiment de discrimination est moins accentué en ce  qui concerne la difficulté anormale à être reconnu dans son travail (45%) ou à pratiquer sa religion (34%). Il chute nettement quant à la difficulté anormale à poursuivre une scolarité ou une formation (26%) ou à se faire soigner correctement (17%).

 

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