Yawatani

Au Maroc comme en Europe, la plupart des armes à feu utilisées dans des opérations de terrorisme ou de grand banditisme proviennent de Belgique. Récapitulatif des principales affaires qui montrent que le plat pays devient une plaque tournante du trafic d’armes.

Fusil à pompe "browning" de calibre 12mm, 33 cartouches de chevrotine, mitraillette de marque "FAB" avec 4 chargeurs et 304 cartouches de calibre 7.62 mm, cinq bombes fumigènes… Voici la liste des armes saisies par les services de police chez la bande criminelle qui a tenté, le 13 août à Tanger, de braquer un fourgon de transport de fonds. Cet arsenal de guerre a été introduit au royaume par des Belgo-Marocains qui ont fait leurs emplettes en Belgique. Un «détail» de l’enquête qui a toute son importance pour les services de sécurité marocains qui se retrouvent de plus en plus confrontés à des réseaux criminels de mieux en mieux armés.

«Cela conforte l’amplitude de la menace provenant de la Belgique, notamment de la part d'une nouvelle génération de bi-nationaux, dont des repris de justice, pour des faits liés au grand banditisme, au narcotrafic international et au terrorisme», confie à Le360 une source sécuritaire. Et d’ajouter: «C’est la preuve d'un risque patent, émanant de la Belgique, sachant que ce pays européen est apparu de manière récurrente, lors du traitement précédent d'affaires liées au terrorisme, comme une plaque tournante du trafic d'armes». Et il est vrai que les cas de présumés terroristes, vivant en Belgique et arrivés armés jusqu’aux dents au Maroc ne manquent pas…

Belliraj, Aârass et les autres
Rappelez-vous février 2008. Le démantèlement d’une structure terroriste dirigée par le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj avait soulevé un tollé compte tenu de la dimension politique de l’affaire. Mais, une fois la tempête médiatique retombée, les enquêteurs ont découvert que Belliraj (condamné à perpétuité) s’était procuré et revendu plusieurs lots d’armes. Déjà en 1993, il a réceptionné une première commande de six pistolets automatiques avec des munitions, qu'il a introduites au royaume, par le biais de deux complices aujourd’hui en détention.

En 2000, Belliraj se fournit, toujours à Bruxelles, auprès d’un ex-membre du FIS algérien, un arsenal digne d’un groupe d’intervention militaire: 9 kalachnikovs, 7 pistolets mitrailleurs "scorpion", 10 pistolets automatiques, deux fusils mitrailleurs UZI avec six chargeurs, 4 silencieux, 769 cartouches de différents calibres et 25 détonateurs. Ce lot avait d’ailleurs été saisi après son introduction au royaume par l'entremise d’un proche parent de Belliraj, MRE en Belgique…

Ali Aarrass, un des «soldats» de Belliraj, également installé en Belgique avant son arrestation, entretenait lui aussi des liens avec un extrémiste algérien, Mohamed Benrabeh Benattou qui faisait dans la revente des armes. Ce dernier était, en quelque sorte, le fournisseur officiel du réseau Belliraj qui l’a fréquemment alimenté en armes d’assaut. Il serait derrière le lot introduit en mars 2002 au royaume par Aarass : un pistolet mitrailleur Kalachnikov avec munitions et 2 pistolets dotés de silencieux qui se sont retrouvés entre les mains de l’organisation terroriste «Harakat Al Moujahidine Fi Al Maghrib» avant d’être saisis par les services marocains. Evidemment, ce n’est pas la seule transaction de matériel de guerre impliquant la trio Belliraj, Aarrass et Benattou. On compte à leur actif des échanges digne de l’armurerie d’une caserne: des pistolets 9mm, des Kalachnikovs, des grenades, des explosifs (Semtex, C4), des détonateurs électriques, des dispositifs de mise à feu à distance, des paires de jumelles nocturnes, des pistolets mitrailleurs «scorpion» équipés de silencieux, sans compter les munitions de différents calibres…

Hold-up et fusillades
En plus de sa revente à des structures terroristes, cet arsenal de guerre sert aussi à mener des braquages. A l’image de l’attaque avortée du fourgon blindé à Tanger, le réseau affilié à Belliraj a utilisé deux pistolets à barillet et deux mitraillettes, pour un hold-up au siège central de la  "Brinks" au Luxembourg en 2003, dont le butin était de 17,5 millions d'euros. Le Belgo-Marocain Abderrahim Bekhti (toujours recherché dans le cadre de l’affaire Belliraj) qui a perpétré ce casse avec des complices européens donne toujours du fil à retordre à Interpol. Il a été signalé, en mars 2014, comme étant chef d'une bande criminelle spécialisée dans le braquage de véhicules de transport de fonds en Belgique : il avait réussi à prendre la fuite, lors d'une opération menée, en décembre 2013, par les services de police belges et français, au moment où cette bande planifiait un casse dans la région de Strasbourg avec utilisation de matériel explosif, d’armes à feu et de véhicules volés.

En Belgique, il ne serait pas compliqué de se procurer un pistolet mitrailleur «Scorpion» avec silencieux à 1000 euros ou un automatique 9mm à 600 euros. Il suffirait d’avoir les bonnes connexions entre les réseaux jihadistes et les trafiquants croates... Cette accessibilité aux armes de guerre donne parfois lieu à des affaires dramatiques. La fusillade du musée juif de Bruxelles, perpétrée en mai 2014, qui a coûté la vie à quatre personnes en est un exemple. L’auteur du massacre, un Franco-algérien, avait été arrêté en possession d'une arme de poing de type revolver 38, un fusil kalachnikov crosse repliable et des minutions qu’il s’était procuré sur le marché noir. Encore plus proche de nous, l’auteur du massacre  de la fusillade dans un train Thalys, vendredi 21 août, est non seulement un de ces autres Marocains extrémistes résidant en Belgique, mais en plus, il n’est pas exclu que l’arme qu’il a brandie dans le train reliant Paris à Amsterdam serait en provenance de Bruxelles…

Cette nouvelle génération de bi-nationaux installés en Belgique qui n’hésite pas à prendre les armes et à vider les chargeurs donne des insomnies aux sécuritaires des pays méditerranéens. D’autant que le trafic d’armes prend parfois en Belgique des proportions industrielles. En mars dernier, la presse belge avait fait état du démantèlement à Charleroi d’un réseau qui falsifiait la signature du ministre-président Wallon pour importer de grandes quantités d’armes. L’affaire de ce gang qui a agi pendant de longs mois sans être inquiété démontre un certain laxisme de la part des autorités belges dans la lutte contre ce type de trafic. Un laisser-aller dont les répercussions se ressentent souvent dans d’autres pays dont les services sécuritaires sont forcés de redoubler de vigilance. C’est le cas du Maroc, qui de surcroît accueille chaque année des centaines de milliers de ses citoyens résidant en Belgique!

Le360

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