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Des monospaces aménagés en grands taxis ont commencé à faire leur apparition. Le ministère de l’intérieur n’a pas encore finalisé son projet de renouvellement du parc, mais des propriétaires de taxis anticipent pour faire face à la concurrence . Le pari est loin d’être gagné d’avance, les 6 000 propriétaires de taxis de la métropole ne sont pas tous prêts à investir.

 

Vous l’avez peut-être remarqué dans le centre-ville de Casablanca : depuis quelques semaines, des chauffeurs de grands taxis ont troqué leurs vieilles Mercedes 240 contre de nouveaux véhicules à sept places, des monospaces habillés en taxi. Selon des professionnels, leur nombre est infime et les véhicules sont encore tous immatriculés en WW. Rien d’étonnant jusque-là, si ce n’est que ces nouveaux véhicules sont apparus dans un contexte où tous les regards des professionnels sont tournés vers le ministère de l’intérieur qui prépare un projet de renouvellement des vieilles Mercedes 240. Avec les Finances, l’Intérieur se penche depuis quelques mois sur la conception d’une offre de soutien aux propriétaires des grands taxis qui accepteront de changer leurs véhicules. Selon les dernières indiscrétions, le schéma final de l’opération devrait être arrêté incessamment en vue du lancement prévu avant la fin de l’année en cours. Plusieurs options sont sur la table, mais celle qui semble séduire le plus est justement l’introduction de monospaces permettant de transporter sept personnes au lieu de six actuellement. Cette augmentation du nombre de passagers autorisés permettra de soutenir ceux qui investiront dans une nouvelle voiture, d’autant plus qu’ils s’endetteront pour ce faire.

En parallèle, et en plus d’une subvention pouvant atteindre 50 000 DH, l’Etat aurait entamé des discussions avec plusieurs concessionnaires en vue de décider des modèles qui seront autorisés. Jusque-là, c’est la Dacia Lodgy qui semble avoir une longueur d’avance, vu sa disponibilité à des prix compétitifs (moins de 150 000 DH). Cependant, Renault serait prête à concéder des réductions en guise de soutien au programme. «Certes, une logique de préférence nationale prévaut (ndlr : Dacia étant montée au Maroc). Mais plusieurs marques sont à l’étude», insiste une source proche du dossier, qui avance que le cas de la Volkswagen Caddy, dont le prix pour les taxis pourrait être inférieur à 190 000 DH, est également à l’étude.

Les propriétaires penchent pour la Dacia Lodgy

Les propriétaires de taxis n’ont pas attendu le dispositif de l’Etat pour investir. «Ces derniers mois, nous avons eu effectivement des demandes d’homologation de nouveaux véhicules que nous avons approuvées», confirme la wilaya du Grand Casablanca. Selon la réglementation en vigueur, les taxis peuvent utiliser n’importe quel véhicule de leur choix, du moment qu’il répond à des spécificités techniques validées par la wilaya, qui encourage le renouvellement du parc en facilitant et en accélérant les procédures d’homologation de ces véhicules, en attendant le programme du ministère de l’intérieur. «La quasi-majorité du parc est constituée de Mercedes 240, dont le modèle le plus récent est sorti en 1984. Avec des véhicules aussi âgés, il est nécessaire d’étudier tous les mécanismes possibles pour encourager le renouvellement du parc», ajoute notre source. Toutefois, même si les exploitants semblent préférer la Dacia Lodgy, il n’est pas question d’autoriser sept passagers tant que le projet de l’Intérieur n’est pas mis à exécution. «J’ai dû financer seul mon véhicule sans aucun soutien des pouvoirs publics. Cela s’imposait du fait de la concurrence acharnée dans le segment dans lequel je suis positionné, à savoir le transport entre hôtels et aéroport», déclare un des propriétaires de nouveaux véhicules. C’est là le principal argument présenté lorsqu’il s’agit de justifier la prise en charge totale de l’investissement par le propriétaire. Sur certains trajets, la concurrence est de plus en plus rude. Par exemple, sur les trajets empruntés par les touristes (hôtels-aéroport, hôtels-sites historiques comme les Habous...), les taxis doivent faire face non seulement à une concurrence entre eux, mais également aux transporteurs touristiques qui ont obtenu, dans leur cahier des charges récemment signé, la suppression de l’obligation de disposer d’un voucher pour transporter des touristes (www.lavieeco.com).

La multitude d’intervenants complique l’opération

Bien que cette nouvelle soit de bon augure pour les 600000 usagers quotidiens des grands taxis, les syndicats préfèrent relativiser. «Les quelques taxis renouvelés sont des initiatives des propriétaires qui les exploitent eux-mêmes, autrement dit qui ne recourent pas à des chauffeurs», indique une source syndicale. En fait, avant de pouvoir retirer définitivement la fameuse Mercedes 240 de la circulation, les pouvoirs publics auront à gérer une problématique de taille, liée au fonctionnement même du secteur des taxis. Actuellement, la profession est constituée de trois catégories d’intervenants : les propriétaires d’agréments, les propriétaires des véhicules et les chauffeurs. Selon les syndicalistes, ce sont surtout les propriétaires qui exploitent leur taxi sans recours à un chauffeur qui sont les plus intéressés par le renouvellement. Or, la profession reste actuellement dominée par ces chauffeurs sans véhicule propre. Cette configuration fait que les propriétaires des véhicules n’ont pas intérêt à investir dans le renouvellement vu qu’ils reçoivent dans tous les cas leur redevance.
Cette problématique s’était déjà posée lorsque l’Etat a voulu renouveler le parc des petits taxis. Selon les remontées du terrain, l’opération n’avait finalement attiré que 25% du total des véhicules ciblés à cause justement de cette multitude d’intervenants. De plus, renouvellement veut dire recours à des véhicules dont l’entretien, à terme, pourrait revenir beaucoup plus cher que ce que peut dépenser un propriétaire de Mercedes 240 actuellement. «L’autre facteur à prendre en considération est celui de la disponibilité des pièces de rechange. Si la Mercedes 240 a connu autant de succès ces dernières décennies, c’est avant tout parce que les pièces sont disponibles sur le marché de l’occasion à des prix très accessibles, chose qui n’est pas garantie avec les nouveaux véhicules», ajoute une source professionnelle.

Younès Tantaoui.

 

 

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