Yawatani

Trouver le bon dosage entre légitimité historique, réalité socio-économique, et débouchés de marché, sera déterminant pour fixer les zones où la culture du chanvre indien sera autorisée au Maroc. Un arbitrage qui vaut une cagnotte de départ estimée à 2 milliards de dirhams.

 

Le projet de loi sur l’usage légal du chanvre indien prévoit la promulgation d’un décret du ministère de l’Intérieur délimitant les zones où cette culture sera autorisée, sous la supervision d’une Agence nationale exclusivement dédiée. «C’est un texte réglementaire qui vaut des milliards», nous explique un connaisseur du dossier, sous couvert d’anonymat.

Pour lui, il faut être réaliste: «dans un premier temps, les autorités ne pourront pas autoriser plus de 10% des superficies actuelles. Leur production suffira largement à satisfaire la part de marché à laquelle le Royaume pourrait prétendre au départ».

Avec 5.000 à 8.000 hectares cultivés légalement, le Maroc pourrait produire quelque 10.000 quintaux de cannabis destiné à l’usage thérapeutique. «C’est tout ce que la capacité du marché permet actuellement, sachant que 95% de la demande mondiale provient d’Amérique du Nord, un marché jusque-là verrouillé», révèle cette source. Cette quantité représente un chiffre d’affaires annuel estimé à 2 milliards de dirhams.

Une telle cagnotte suscite bien évidemment toutes les convoitises. Et les arbitrages que va nécessiter la délimitation des zones de cultures autorisées attisent évidemment les rivalités. Actuellement, le chanvre indien est cultivé dans six provinces du Royaume, sur une superficie estimée à 73.000 hectares. Entre Larache, Tetouan, Chefchaouen, Issaguen et Taounate… Chaque province aimerait être la première à être autorisée.

«La logique voudrait que l’on commence par autoriser les zones où la culture du cannabis était historique», explique notre expert. Seulement chaque province peut se targuer de son historique de culture de chanvre indien. «Si l’on place le curseur de l’histoire à des siècles, c’est tout le Maroc que l’on peut considérer comme zone de culture», soutient notre expert. «En revanche si l’on tient compte exclusivement de l’historique juste avant le décret d’interdiction du kif de 1954, cette forme de culture était cantonnée à deux ou trois provinces», ajoute-t-il.

En 2004 déjà, une étude réalisée par l’Agence de développement des provinces du nord (APDN) et l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) s’était intéressée aux mutations sociologiques induites par la pratique de la culture du cannabis. «En collaboration avec l’association Targa, une enquête sociologique avait été menée et nous a permis de définir trois archétypes de milieu, basés sur l’histoire et l’ancienneté de la pratique», nous confie un ancien de l’Agence du Nord, dirigée à l’époque par Driss Benhima.

Dans le Rif central, la perception de la population locale est effectivement diverse par rapport à cette culture. Il y a des zones où elle est considérée comme un droit historiquement acquis (archétype1), alors que dans d’autres régions, elle perçue comme tolérée (archétype 2), mais il y a aussi des territoires où la culture du cannabis est vécue par la population comme une activité totalement clandestine (archétype 3).

Selon notre expert, la zone prioritaire pour la légalisation de la culture du cannabis devrait correspondre légitimement à l’archétype 1. Ce territoire se concentre autour de Ketama, qui est la région la plus ancienne où l’on cultive le cannabis au Maroc. «Dans ce territoire, la génération des chefs de foyers actuelle est née dans des exploitations qui pratiquaient déjà la culture du cannabis qui est, de loin, leur culture principale», peut-on lire dans l’étude de l’Agence du Nord.

Ketama qui a toujours fait la réputation de «la marocaine», comme est surnommée la résine de cannabis à l'étranger, devrait donc forcément figurer dans la liste des zones autorisées sur laquelle se penchera le ministère de l’Intérieur après la promulgation de cette loi 13-21, programmée pour un troisième examen en Conseil de gouvernement prévu le 11 mars. Néanmoins, à terme, toutes les provinces seront graduellement servies. «Le marché mondial double tous les trois ans, la superficie à cultiver ira donc crescendo», soutient notre expert. Le gisement de l’or vert s’annonce prometteur.

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