Yawatani
«Il s’agit d’une tentative de meurtre avec préméditation». C’est ainsi que la section locale de l’association ATTAC à Ouarzazate dénonce l’«acte criminel» dont a été victime l’un de ses membres, Abdelhakim Hlaoua. Enseignant en secondaire dans cette ville du sud-Oriental, le militant est connu pour ses activités sur le terrain, auprès des syndicats et des associations locales de défense des droits humains. Dans la matinée du 3 janvier, ce père de trois enfants a été pris à partie par deux inconnus, tout juste après avoir déposé son fils à l’école. A bord d’une moto C90, les individus lui ont jeté une bouteille d’acide sur la tête.

Dans un communiqué daté du 15 janvier, sa famille raconte qu’«il a frôlé la mort», le liquide n’ayant pas épargné ses yeux. Le professeur de 52 ans a été laissé gisant sur le sol, souffrant de «brûlures au second et troisième degré, au niveau du visage, des mains, du cou, de la poitrine et des jambes».

Communiqué de la famille HlaouaCommuniqué de la famille Hlaoua

Aziz Hlaoua, frère de la victime, explique à Yabiladi qu’«une médecin de l’hôpital de Bougafer (Ouarzazate) a eu le réflexe de nettoyer ses yeux. C’est ce qui a sauvé in extremis l’iris et le fond de l’œil». Mais depuis, Abdelhakim a été admis en urgence au CHU de Marrakech, où il a subi deux interventions chirurgicales ophtalmologiques.

Pendant ce temps, les agresseurs courent toujours. L’affaire est entre les mains du Parquet d’Ouarzazate. Mais aujourd’hui, la famille dénonce la lenteur de cette procédure. «Plus de quinze jours après les fait, on ne sait même pas encore s’il s’agissait d’une ou de deux personnes sur la moto», affirme le frère de la victime, qui considère également que «l’attaque a été planifiée, car ces inconnus ont suivi Abdelhakim jusqu’à ce qu’il ait déposé son fils, puis ils sont venus vers lui».

Des menaces refont surface

Aziz Hlaoua nous assure qu’il ne s’agit pas d’une première tentative. En effet, son frère est harcelé depuis au moins trois mois. «En novembre, Abdelhakim avait été renversé de son vélo. Sur le coup, malgré une fracture au bras, il s’était dit qu’il s’agissait d’un accident banal, affirme Aziz. Mais lorsqu’on sait maintenant qu’il recevait même des menaces et des appels anonymes dont il ne parlait pas à ce moment-là, on se demande qui sont ces personnes qui lui en veulent. Il n’y donnait aucune suite, parce qu’il se disait que les auteurs des menaces ne passeraient jamais à l’acte, même lorsqu’il recevait des appels à une heure ou deux heures du matin.»

Pour remonter le fil des communications, le téléphone de la victime est désormais confié à la police. De ce fait, les interrogations perdurent autour de l’identité d’un inconnu qui a tenté, deux jours après les faits, de se rendre au chevet d’Abdelhakim. Aziz Hlaoua est dans l’incompréhension :

«Personne ne sait comment cette personne a fait pour s’introduire au CHU, en dehors des heures prévues pour les visites et sans être arrêtée par les vigils des deux portails. C’est à moins de dix mètres qu’un membre du personnel de l’hôpital l’a interpellée. L’individu a insisté pour voir mon frère, avançant qu’il était de la famille et qu’il venait lui remettre son téléphone. Comment se fait-il qu’il sait dans quelle chambre il est admis et qu’il n’a plus son portable, alors que personne de l’entourage de la victime ne le connaît ?»

Depuis et parallèlement à l’affaire de l’attaque à l’acide, la famille a déposé une deuxième plainte, cette fois-ci auprès du Parquet de Marrakech. Elle exige l’acquisition des enregistrements des caméras de surveillance, en espérant identifier l’inconnu. Une requête qui demeure sans réponse.

En attendant, l’épouse d’Abdelhakim Hlaoua reste avec lui à l’hôpital, où un vigil a été spécialement mobilisé pour surveiller de près la chambre de la victime. Pour sa part, Aziz souligne le paradoxe, rappellant que d’autres affaires plus complexes sont rapidement élucidées par la police judiciaire :

«Ce dossier comme le premier traîne encore. Je pense que nous avons affaire à plusieurs personnes. Mais que leurs motivations soient criminelles, politiques ou personnelles, nous sommes déterminés à faire en sorte que toute la vérité soit connue.»

Susceptible d’être privé de soins

Depuis son admission au CHU de Marrakech, Abdelhakim Hlaoua a été notifié à deux reprises d’une éventuelle sortie de l’hôpital. Pour la famille, il en est hors de question, tant que la victime est dans un état critique :

«Nous avons fermement refusé qu’il soit sorti du CHU. Ses brûlures n’ont pas assez cicatrisé et sa vue est encore faible. De plus, il ne recevra pas la même qualité de soins ailleurs et la direction de l’hôpital sait qu’il est ici après avoir été victime d’un acte criminel.»

Face à cette situation, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Marrakech a saisi vendredi la direction du CHU, ainsi que le service social de la délégation du ministère de l’Education nationale.

Awatif Trii, président de la section locale de l’ONG, nous explique que «la victime allait être sortie de l’hôpital sans aucun rapport médical, après avoir subi deux opérations». Elle a exigé qu’Abdelhakim Hlaoua «bénéficie d’une semaine supplémentaire de surveillance médicale au CHU, car sa situation ne lui permet pas encore de rentrer chez lui. Ce qu’il a subi est un acte inhumain et sa condition psychologique ne permet même pas encore de s’entretenir avec lui autour de l’affaire. Il est en droit de bénéficier de tous les soins nécessaires».

Contacté par Yabiladi, Hassan Agli de la Confédération démocratique du travail (CDT) à Ouarzazate, dont Abdelhakim Hlaoua est également membre, nous a affirmé pour sa part que le syndicat prévoit la publication d’un communiqué dans les prochains jours. «Pour le moment, nous n’avons pas encore pu rendre visite à notre camarade, mais je suis à Marrakech aujourd’hui en espérant le voir», affirme pour sa part Mohamed Afkir, syndicaliste et directeur d’un établissement scolaire à Ouarzazate.

«Lorsque nous rencontrons le procureur de Ouarzazate, il nous fait patienter en nous rassurant que l’enquête est en cours. Mais nous réfléchissons à être appuyés par un avocat pour faire avancer les choses», affirme par ailleurs Aziz Hlaoua.

Yabiladi 

Ajouter un Commentaire

Les points de vues exprimés dans les commentaires reflètent ceux de leurs auteurs mais ne reflètent pas nécessairement le point de vue officiel de Yawatani.com qui, par conséquent, ne pourra en être tenu responsable.
De plus, Yawatani.com se réserve le droit de supprimer tout commentaire qu'il jurera non approprié.


Code de sécurité
Rafraîchir

Ecouter la radioNewsletter

Horaires des prières

Pays:
Ville:
Autres options
Année:
Mois:
Latitude:
Longitude:
Time Zone:
DST:
Méthode:
Format heure:

Afficher le mois