Yawatani

Dans la bande de Gaza, quand ce n'est pas le ciel qui tombe sur la tête des Palestiniens, c'est le parquet des vaches qui s'éffondre sous les pieds des Gazaouis à Rafah. 


Dans la ville frontière avec l'Egypte, on ne parle que de ça. Le « Ça» c'est le tuyau souterrain qu'emploierait l'Egypte pour inonder la frontière, parachevant le bouclage de l'enclave et ajoutant à l'enfermement palestinien un terrible dommage écologique et économique.
Cette conduite, personne ne l'a vue et l'Egypte n'en a jamais confirmé l'existence.
Mais les Palestiniens, officiels et anonymes, n'ont plus aucun doute: les effondrements de terrain et les énormes cavités constatés ces derniers mois dans le paysage semi-désertique sont provoqués par cette mystérieuse canalisation dans laquelle les Egyptiens détourneraient l'eau de la Méditerranée pour la déverser dans la zone tampon.
Objectif présumé: ruiner le réseau de tunnels construits par les Palestiniens sous la frontière qui sert selon Le Caire au transit d'armes et de combattants vers le Sinaï où les forces de sécurité égyptiennes combattent des jihadistes.
Impossible de découvrir la frontière sud de la bande de Gaza sans l'aval des hommes en armes du Hamas islamiste qui gouverne le territoire. A l'horizon s'élèvent les colonnes de fumée soulevées par les bombardements égyptiens sur les jihadistes.
Sous une serre de plastique parmi les cratères qui se forment à vue d'oeil, quelques Palestiniens tentent d'écoper les mares d'eau qui se sont formées au fond d'un tunnel.
Les jambes couvertes jusqu'aux genoux d'une épaisse boue brunâtre, ils tentent de consolider les parois. «Il y a partout de la boue», se lamente l'un d'eux qui, comme les autres, refuse de divulguer son nom. «Avant, 100 personnes travaillaient ici tous les jours, maintenant tout est fini».
Catastrophe
Ce tunnel avait pour seule vocation, affirment-ils, d'acheminer les marchandises dans le territoire soumis depuis dix ans aux blocus d'Israël et depuis bientôt trois ans de l'Egypte, et de maintenir sous assistance artificielle une bande de Gaza asphyxiée.
A la différence des tunnels à finalité militaire débouchant en Israël, ces galeries ont fait pendant des années les beaux jours des contrebandiers palestiniens et égyptiens.
Commercial ou militaire, Le Caire ne fait pas de distinction. Depuis 2013, son armée a détruit des centaines de tunnels.
La mise en eau de la zone tampon serait responsable en grande partie de nombreux effondrements de tunnels qui, depuis janvier, ont tué au moins 15 Palestiniens, dont 11 combattants du Hamas.
Le Caire refuse de commenter les travaux de son armée le long de la frontière, se bornant à dire qu'ils ne visent pas à nuire aux Palestiniens.
Les défenseurs des droits de l'Homme affirment que, côté égyptien, plus de 3.000 familles ont été expulsées de force et des milliers d'habitations sacrifiées à la création de la zone tampon.
Le silence égyptien ne fait que renforcer le soupçon et la rumeur côté palestinien d'où on ne voit plus rien en Egypte qu'une étendue vide où se dresse, seul, un campement militaire.
L'impact n'est pas seulement commercial ou militaire.
«Ce n'est que le début et c'est déjà une catastrophe», s'alarme Oussama Abou Nogira, un ingénieur chargé de la Santé et de l'Environnement à la mairie de Rafah.
Une ville ‘invivable' ?
M. Nogira montre des photos, impossibles à authentifier, de la fameuse conduite de métal d'un mètre de diamètre qui courrait sur 11,8 kilomètres à 20-25 mètres sous le sol et qui serait percée à intervalles réguliers pour répandre l'eau dans le sol.
La nappe phréatique, déjà polluée à 97% et dangereuse à la consommation, pourrait devenir définitivement inutilisable dès cette année, selon les autorités palestiniennes, alors que l'accès à l'eau potable est un problème majeur de santé publique.
Un tiers des réserves d'eau du gouvernorat de Rafah, sa réserve agricole et un important réseau d'infrastructures se trouvent au plus près de la frontière. Le réseau électrique, routier et de traitement de l'eau menace de s'écrouler comme un château de cartes, selon M. Nogira.
«Le gouvernorat de Rafah, qui compte 230.000 habitants, va devenir invivable», s'émeut-il.
Farouq Breika parle des agissements imputés aux Egyptiens avec, littéralement, un goût amer dans la bouche. «Avant, témoigne cet agriculteur de 73 ans, on buvait l'eau du puits et on cuisinait avec. Maintenant, elle n'est même plus bonne pour l'agriculture».
Depuis plusieurs mois, dit-il, «la terre est imbibée d'eau salée.
La production de concombres est passée de huit à trois tonnes». Le problème, c'est qu'avec l'enfermement de Gaza, «on n'a nulle part ailleurs où aller».

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