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Ils sont choqués. L’heure n’est pas à la fête. Samedi 10 janvier, les soufis de Paris se sont retrouvés au théâtre Adyar (Paris VIIe) pour commémorer le Mawlid, la naissance du Prophète Mohammed. Après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l’hypermarché casher, les croyants ont ressenti le besoin d’échanger. Tous condamnent les dérives littéralistes et appellent à respecter les différences et à croire en l’être humain, pour une société plus soudée.

« Face à l'horreur que la France a traversée, nous voulons démontrer que les soufis (courant mystique de l'islam) de France sont porteurs d'un message d'espérance pour la société française et l'ensemble de l'humanité ». Pour Rachid Kechidi, président de la délégation francilienne d'AISA (Association internationale soufie Alâwiyya), la célébration de la naissance du Prophète Mohammed dans le Théâtre Adyar, prend une dimension particulière, en ce samedi 10 janvier.

Les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'hypermarché casher porte de Vincennes l'ont profondément choqué. « Ces meurtres sont à nos yeux anti-islamiques. Le Coran interpelle en disant que “tuer un être humain, c'est comme tuer l'humanité toute entière” (sourate 5, 32). » 
Après avoir hésité à annuler l'évènement, les soufis de France l'ont finalement maintenu : « Il faut opposer, à une logique de haine et de sang, une logique de respect et de paix. L'islam, c'est la tolérance. Aujourd'hui, nous devons le dire encore un peu plus fort. Il en va du bien-être de l'ensemble de la société. »

Les participants témoignent de leur émotion sur les meurtres de la semaine, entre la conférence de Tayeb Chouiref, sur l'Histoire du Mawlid, et les chants des confréries soufies. 
« Je suis sonnée, révèle Nabila, 45 ans, un thé à la main. Les caricatures sont un contentieux vieux de plus de huit ans. Il a fallu que ces jeunes commettent ces attentats autour de l'anniversaire de Mohammed. A côté de cela, l'un des policiers tués est musulman, tout comme celui qui a sauvé les otages de l'épicerie casher. Pour moi, c'est la foudre divine qui a frappé. Nous devons comprendre les raisons. Le soufisme m'a appris que toute vie se respecte. L'être humain c'est Tout. Il faut que nous nous serrions les coudes et fassions enfin Un ».

Pour Benchouk Abdelhafid, représentant de la voie soufie Naqshbandi, commémorer le Mawlid « aide à ne pas sombrer dans la psychose : l'objectif premier de ce rassemblement est d'exprimer la beauté culturelle et artistique de l'islam. Nous célébrons la lumière et la générosité prophétique que nous attribuons à Mohammed. Le soufisme est un élément clé pour maintenir la cohésion dans notre religion. Il permet de mettre l'esprit à la lettre, pour ne pas tomber dans les dérives littéralistes ».

Le Mawlid, un péché pour les salafistes

À ce titre, célébrer la naissance du Prophète est déjà un acte de résistance à l'intégrisme. « Le Mawlid est interdit par les salafistes. Pour eux, c'est haram (péché) », rappelle Farid Aït-Ouarab, des Scouts Musulmans de France. 
Contrairement aux deux aïds, cette célébration ne fait pas partie des fêtes religieuses authentiquement sacrées. Aucune trace de cette fête n'existe dans le Coran ni la Sunna. L'anniversaire de Mohammed ne fut jamais célébré de son époque, mais a posteriori. Voilà pourquoi certains mouvements considèrent le Mawlid comme une innovation religieuse étrangère à l'islam.

Cette fête tient pourtant une grande place dans le coeur de nombreux croyants :« Le Mawlid, c'est la dimension culturelle de la religion musulmane », affirme Djamel Misraoui. Pour ce spécialiste de l'islam radical, les dérives interviennent quand la religion se dissocie de la culture : « Les évènements de la semaine montrent clairement la faille qui nous sépare de cette même source d'humanité, commune à toutes les religions et cultures. Quand un jeune décide de commettre un tel acte barbare, il se déshumanise. » 

« Chacun a le droit à la parole »

« On ne peut pas tuer quelqu'un qui pense différemment au nom d'une tradition », s'indigne Abdelhak Sahli. Le président des Scouts musulmans de France défend la liberté d'expression coûte que coûte : « Ce n'est pas une question de tradition, mais un acte citoyen. Chacun a le droit à la parole ». Il regrette cependant que « la majorité musulmane ne s'exprime pas assez. Mais peut-être qu'on ne la laisse pas assez s'exprimer ».

M. Sahli remarque toutefois que « les médias changent de regard sur les musulmans. Ils commencent à montrer des mosquées où l'on prône la paix. Parallèlement, des imams prennent  conscience qu'il faut mettre en avant une autre vision de l'islam, et que cela passe par l'éducation de la jeunesse ».

Dans cette démarche, les scouts musulmans ont marché aux côtés de toute la fédération du scoutisme français le dimanche 11 janvier, car « la liberté et l'égalité peuvent être imposées par la loi, pas la fraternité. C'est pourquoi nous disons non, tous ensemble, à ces idéologies barbares découlant du wahabbisme ».

 

Pour Nawel Zergune, qui accueille les participants tout l'après-midi, « il faut dépasser les religions. Nous ne sommes plus au temps des chrétiens, des juifs, des athées, des musulmans. J'ai moi-même dépassé mon appartenance religieuse  », confesse la soufie. Elle ajoute que « chacun doit se battre pour ses idées, et accepter les opinions différentes, même si elles vont à l'encontre des principes pour lesquels on se bat ». 
Et de conclure sur les caricatures de Mahomet : « Si le Prophète était là aujourd'hui, je pense qu'il les accepterait, tout comme il serait d’accord pour être pris en photo. »

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