Documentaire : Les souffrances de civils marocains ex-détenus du polisario

Le film documentaire "Les rescapés de l'enfer", qui relate les souffrances de civils marocains ex-détenus du polisario au sud-ouest algérien, a été projeté, vendredi à Genève, en marge de la 12ème session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. 

La projection de ce film, produit par la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT), a eu lieu dans l'une des salles de l'Office des Nations-unies, dans le cadre d'une conférence organisée par l'ONG internationale "Interfaith International".

Le film, réalisé par la journaliste reporter marocaine, Mme Yasmine Khayat, rapporte les témoignages émouvants de 94 civils marocains, qui étaient détenus au sud-ouest algérien pendant plus d'un quart siècle après avoir été enlevés par le polisario à la fin des années 70 et pendant les années 80. 

Présentant ce film, en avant première, lors de cette conférence, Mme Khayat a indiqué que "le refus de l'injustice" était son unique motivation en réalisant ce travail. Elle entendait également briser le silence qui entourait les victimes d'un conflit qui perdure et qui s'obstine.

Il s'agissait de marins pêcheurs civils marocains travaillant à bord de navires de pêche marocains ou battant pavillon étranger et qui au moment de leur enlèvement, se trouvaient au large de cotes marocaines, longeant des terres souveraines et indépendantes depuis 1956, soit 20 ans avant l'émergence de ce conflit, a-t-elle précisé, qualifiant ces kidnappings d'"actes de piraterie".

Deux décennies durant lesquelles des civils marocains -totalement étrangers à ce litige- sont enlevés, torturés, portant toujours le même habit, sans se laver, sans se raser, infestés par les poux et les rongeurs du désert, affamés et réduits à l'esclavage par le polisario dans la violation totale de leurs droits les plus élémentaires, a dénoncé l'auteur du film.

Elle a indiqué que ces civils à l'instar des prisonniers militaires marocains, étaient traités comme des animaux et couchaient par terre dans des fosses creusées de leurs mains, sans toit, exposés à la chaleur et au froid du désert, outre les interrogatoires, les tortures, les abus et les exécutions qui étaient leur quotidien.

 26 minutes durant, Mohamed Ouanir, Mohamed Tahiri et autres se relaient pour livrer chacun, en pleurs parfois, sur l'écran sa triste histoire et les affres (faim, soif, maladie, travaux forcés dans le bâtiment, déchargement de camions) endurées dans la captivité.

Le témoignage le plus poignant est celui de Mohamed Tahiri, qui, soupçonné par ses geôliers d'avoir transmis des information à une télévision espagnole sur les vols commis par les éléments du polisario au sein de l'hôpital où il travaillait, fût conduit au centre de détention Errachid et placé dans une cellule exigu où il a été privé de repas huit jours durant au point qu'il s'est mis à vomir du sang.

Les ex-détenus racontent également comment le polisario achemine, dès leur arrivée, les aides (produits alimentaires, médicaments, gazoil...) destinées aux populations séquestrées vers la Mauritanie et le Mali pour les vendre.

Le film comporte aussi le témoignage sur les conditions de détention de ces Marocains du Dr Michel Ister, un médecin ex-collaborateur du Comité International de la Croix Rouge (CICR), qui travaillait dans les camps. "Ils étaient des esclaves et réalisaient les travaux les plus vils, et c'est leur foi qui leur a permis de survivre", a-t-il dit.

"Les rescapés de l'enfer", est le premier d'une série de documentaires que la journaliste réalise sur la même thématique, à savoir les violations des droits de l'homme par le polisario.

MAP

• Précédent
• Suivant