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Les deuxièmes Assises de la coopération décentralisée maroco-française se tiennent à Agadir, les 19 et 20 février, dans un pays qui connaît une croissance soutenue, malgré la crise, et un mouvement de décentralisation sans précédent. Quantité d'opportunités s'offrent aux collectivités comme le souligne l'un des principaux artisans de ces rencontres, Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardenne.

Localtis : Pourquoi organiser ces assises ?

Jean-Paul Bachy : L'idée des ces assises est de dresser un bilan des réalisations accomplies depuis les premières rencontres qui s'étaient tenues à Fès en 2001. Et d'en profiter pour dégager des perspectives globales sur les relations entre la France et le Maroc, sur tous les échanges de région à région, commune à commune. Aujourd'hui, une dizaine de régions françaises sont impliquées dans ces relations. La Champagne-Ardenne est la plus ancienne : depuis vingt ans, elle développe un partenariat avec Oujda dans la région de l'Oriental, frontalière avec l'Algérie. Les villes aussi sont aussi très impliquées à l'image du partenariat entre Marseille et Tanger, deux grands ports, deux grandes métropoles qui accueillent chacune d'importantes communautés de l'un et l'autre pays.

 Quelle est la particularité de ces relations franco-marocaines ?

La France a toujours entretenu des relations diplomatiques, économiques et culturelles étroites avec le Maroc. C'est un fidèle allié de la France, cela va sans dire. Mais le Maroc est intéressant à double titre : il connaît une phase de décentralisation et de croissance tout à fait significative. On peut parler aujourd'hui de "décentralisation à la française". Historiquement, le pouvoir marocain est très centralisé mais on sent une véritable impulsion donnée par le nouveau souverain. Un certain nombre de prérogatives sont données aux régions et communes. S'agissant des régions, elles en sont au stade des régions françaises au cours des années 1970. Les seize présidents de région marocains sont peu à peu reconnus par le pouvoir central en tant que parties prenantes des programmes de leurs territoires. Ils ont un rôle d'initiative, même si les walis, les préfets, gardent les commandes.
De nombreux contacts sont établis avec les collectivités françaises qui accompagnent ce mouvement. Elles apportent expérience et savoir faire dans la gestion locale et l'exercice des compétences. Il s'agit de ne pas faire de la théorie : les coopérations portent sur les questions d'assainissement, de distribution d'eau, de transports publics, d'agriculture, de développement local, sur l'intercommunalité, etc. La formation des agents et la mise en place d'une fonction publique territoriale sont aussi d'importants chantiers.

 Concrètement, en Champagne-Ardenne, comment se traduit cet accompagnement ?

Les accords de partenariats prévoient généralement des stages, des séjours. En Champagne-Ardenne, nous avons reçu il y a quatre mois une délégation de quinze cadres et élus des régions de Fès Boulemane et de Meknès conduite par le président de cette dernière région. Avec l'Oriental, nous menons des actions de formation des femmes des quartiers populaires d'Oujda sur les métiers de l'artisanat traditionnel, du tissage, de la couture, de la marqueterie, etc. Au-delà de la formation technique, nous aidons ces personnes à créer leur propre entreprise.
Par ailleurs, l'Ecole d'ingénieurs de Reims a travaillé avec le secteur des agrumes de Berkane dans l'Oriental. On a organisé des formations décentralisées de niveau bac+2 pour donner aux jeunes une qualification suffisante en matière d'emballages et de conditionnement pour faciliter les exportations de leurs produits. Nous avons des échanges plus classiques d'étudiants entre l'université Mohamed-1er d'Oujda de l'université de Reims.
Plus récemment encore, nous avons travaillé sur un dossier agricole pour suivre les exploitants sur place sur un système de labellisation des produits du terroir.

 Le Maroc est aussi un pays en pleine croissance. Quelles sont les opportunités pour les entreprises locales ?

Le but est bien que ces échanges ne soient pas unilatéraux et soient accompagnés d'un retour d'ascenseur. Les collectivités, avec leur proximité, sont tout à fait pertinentes pour trouver des partenaires sur place et réaliser des investissements d'intérêt commun. Dans un pays qui connaît une croissance annuelle de 5 à 6%, les possibilités de partenariats sont nombreuses. L'un des problèmes essentiels de nos échanges commerciaux, et cela ne vaut pas uniquement pour le Maroc, c'est que notre présence économique passe par le biais des grands groupes avec toujours aussi peu de PME. L'apport le plus intéressant des régions et de la coopération décentralisée est cette capacité à mobiliser beaucoup plus le réseau des PME/PMI.

Est-ce que l'Union pour la Méditerranée peut aider à la mise en oeuvre de nouveaux projets avec le Maroc ?

Il est évident que les Marocains ont un rôle extrêmement important à jouer dans cette Union. De plus, le Maroc est un pays très ouvert sur l'Afrique noire, un territoire où l'influence française est loin d'être négligeable même si elle est en recul. Le Maroc et l'Afrique noire positionnent la France dans une situation géostratégique. Les collectivités locales peuvent jouer un rôle. Chaque année en décembre, se tient un grand forum africain à Marrakech avec 5.000 élus locaux venus de toute l'Afrique. Il est fondamental que les Français, via les collectivités et les entreprises, y soient bien représentés, d'autant qu'ils ne sont pas seuls, les Espagnols pour ne citer qu'eux, sont très actifs.

 Quels sont les fonds mobilisables pour aider les collectivités à financer leur projet ?

Le projet d'accompagnement du processus de décentralisation (PAD) consiste à soutenir financièrement les opérations d'échanges et la mise en oeuvre de projets communs. Cet outil fort utile s'inscrit dans une logique globale et parallèle dans les deux pays. Il existe d'autres sources de financements strictement économiques : ceux mobilisés par Ubifrance ou l'Agence française de développement pour accompagner les entreprises dans des salons par exemple. Enfin, les crédits européens peuvent êtres sollicités sous formes d'appels à projets.

 Est-ce que la crise va influer sur l'ordre du jour de la rencontre ?

Bien sûr, la crise est dans l'esprit de tout le monde. Elle a un impact sur l'économie marocaine. Il n'empêche qu'aujourd'hui le Maroc est en plein développement et reste une terre de croissance. Les entreprises françaises y sont particulièrement bien reçues. Ces assises sont aussi un moyen de faire passer un message, d'attirer l'attention des collectivités sur ce marché qui s'ouvre.

 

 

Propos recueillis par Michel Tendil pour Localtis

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