Yawatani

Une des originalités de ce gouvernement sans limousine et sans chauffeur est d’avoir créé un «ministère de l’espoir». Quel est son rôle: redonner confiance aux jeunes à travers des programmes intersectoriels.

 

Enfin une bonne nouvelle. Non, la corruption n’a pas disparu avec une baguette magique. Non, les hôpitaux publics ne fonctionnent pas avec sérieux et efficacité. Non, l’éducation nationale n’a pas réussi à réaliser un miracle. Non, la bonne nouvelle est ailleurs. Elle est du côté de la société civile.

Des Marocains formidables. Des jeunes gens, bien éduqués, cultivés, lucides, ayant fait de hautes études ont eu une idée géniale, pas une de ces idées gadget faite pour épater les médias, non, une vraie idée avec une pensée structurée, réfléchie. L’âge moyen est de l’ordre d’une trentaine d’années. Il y a trois ans, ils ont mis sur pied un gouvernement parallèle, non pas un gouvernement de l’ombre ou un mouvement d’opposition qui tente d’éjecter les ministres officiels pour prendre leur place, non, mais un gouvernement virtuel en dehors des idéologies, quelles soient islamique ou socialiste.

Pour la deuxième année constitutive, ses membres ont élu à leur tête Ismaïl El Hamraoui qui dirige ce petit groupe avec le sérieux et la compétence nécessaires. Auto financés, ces ministres du troisième type, payent une cotisation de 300 Dh. Leur objectif: contribuer au changement dans un sens positif, constructif et désintéressé. Ils n’ont pas la prétention de résoudre tous les problèmes du pays mais discutent et analysent les solutions réalistes afin de réparer les failles économiques structurelles. «Nous avons lancé un appel à candidature il y a une année et après plusieurs mois et des travaux de sélection, le troisième gouvernement parallèle des jeunes est enfin constitué pour un mandat qui connaîtra la participation de jeunes femmes et hommes parmi les meilleurs profils du Royaume, tant par leur formation que par leur parcours honorable», a indiqué le chef de ce gouvernement parallèle dans une déclaration à la presse. Huit femmes et onze hommes. Presque la parité.

Le GP doit présenter en principe un livre blanc d’ici la fin de l’année avec une vingtaine de mesures urgentes. Une des originalités de ce gouvernement sans limousine et sans chauffeur est d’avoir créé un «ministère de l’espoir». Quel est son rôle : redonner confiance aux jeunes à travers des programmes intersectoriels. Comme dit Samya Idrissi Salam, ministre de l’Economie et des finances, «nous voulons rendre hommage à toute la jeunesse». Le chef du GP dit de son côté : «Nous sommes là pour aider les vrais ministres», encore faut-il qu’ils les écoutent et prennent au sérieux leurs propositions. Pour le moment, il n’y a pas de réaction négative. C’est tout de même une chance pour ce gouvernement de coalition qui ne jouit pas d’une immense popularité et qui n’arrive pas à vraiment répondre aux attentes de la population, une chance d’avoir en face de lui un groupe de jeunes gens qui agissent par amour de leur pays et qui font un travail formidable pour une alternative sérieuse à une politique conformiste, trop prudente et sans grande efficacité.

On sait de plus en plus que le temps des partis politiques traditionnels est arrivé à son terme. Ils ont pour la plupart failli et pas uniquement au Maroc. Les solutions viendraient d’une nouvelle imagination, de nouvelles audaces. Le GP est une preuve vivante de la nécessité de sortir des sentiers battus et de laisser les idéologies dans les tiroirs des ministères. L’islam est une religion apaisante et nécessaire, mais en aucun cas elle ne peut se substituer à un programme politique scientifique et objectif. D’ailleurs les partis religieux sont interdits. Mais les religieux trouvent toujours les moyens de détourner l’interdiction pour agir sur la scène politique.

Les tentatives socialistes ou socialisantes n’ont rien ou presque rien donné. Alors, place aux jeunes !  Grâce à leur volonté d’un vrai changement avec de nouveaux outils, de nouvelles démarches, avec une vision neuve, débarrassée des discours démagogiques et/ou religieux, ces Marocains venus de toutes les couches sociales du pays sont en train de bouleverser le champ du politique. Il faut les suivre et les écouter. Cela nous change tellement des jérémiades qu’on entend à longueur d’année dans les cafés. Il faut arrêter de se plaindre et décider d’agir ou du moins d’apporter son soutien à ce GP qui, si on lui fait confiance sera très utile au pays.

Le GP donne un coup de vieux aussi bien au gouvernement officiel qu’au parlement, lequel peine à être représentatif tant l’abstention aux élections a été énorme. Le Maroc a besoin d’aller de l’avant et de lutter contre les pesanteurs administratives, contre les lourdeurs du secteur public, contre la corruption qui sévit dans tous les domaines en prenant des sentiers insoupçonnés. Les vrais ministres devraient prendre au sérieux ces initiatives originales et sincères ; s’en inspirer en reconnaissant que cette nouvelle façon de servir le pays est peut-être la meilleure, la plus efficace. Pour cela, les «vieux turbans» devraient avoir beaucoup de courage et d’humilité, deux qualités assez rare dans le paysage politique actuel.

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