Yawatani
Les élections législatives sont programmées pour le mois de septembre prochain. Les partis qui ont participé aux dernières élections de 2002 se préparent pour affronter les prochaines consultations électorales. Alors que d’autres partis politiques, des associations islamistes, une partie du mouvement amazighe... affichent leur volonté de boycotter les prochaines élections. Chacun de ces composantes met en avant ses arguments pour défendre ses positions. Qui sont alors ceux qui ne voteront pas lors des prochaines élections ? Photo illustrant l'Article Les partis qui avaient participé aux précédentes élections se préparent pour présenter leurs candidats en septembre prochain. Toutefois, la liste des partis devant participant aux élections du 7 septembre prochain n’est pas encore arrêtée. En septembre 2002 on avait compté 26 formations qui avaient participé à ces élections. Depuis lors, des fusions et des scissions ont eu lieu.

Aujourd’hui, le nombre des organisations politiques reconnues légalement, ou uniquement tolérées, dépasse la quarantaine même si le ministère de l’intérieur n’a pas encore précisé le nombre des partis reconnus légalement.

Les deux partis reconnus légalement, issus de la famille ittihadie, en l’occurrence l’UNFP (Union Nationale des Forces Populaire, duquel est issu l’USFP) et le PADS (Parti de l’Avant-garde démocratique et socialiste issu de l’USFP), qui avaient toujours annoncé leur boycott des élections (le PADS n’a participé depuis sa création en 1984 à aucune échéance électorale), changent de position.

Le PADS a annoncé lors de son dernier congrès national sa décision de participer pour la première fois aux élections législatives. Alors que, depuis sa création, il avait toujours estimé que les échéances électorales ne réunissent pas « les conditions nécessaires pour respecter le libre choix des électeurs ».

Aujourd’hui, le parti compte se présenter dans le cadre de candidatures commune avec deux autres partis de la gauche radicale : le Parti socialiste Unifié (PSU) et le Congrès National Ittihadi (CNI). Les trois partis avaient annoncé le 18 mars dernier leur union, conformément à la loi des partis politiques.

L’UNFP, quant à lui, reste divisé sur la question de la participation. En effet, après la mort de son leader, Abdellah Ibrahim, le parti se trouve divisé entre deux clans. Le premier s’active à Rabat et le second à Casablanca. Si ce dernier a décidé de rompre avec la politique de la chaise vide, le clan de Rabat semble s’en tenir encore à ses positions d’antan.

Annahj Addimocrati, dirigé par d’Abdellah Harif, campe aussi sur ses positions. Il a décidé, cette fois encore, de ne pas participer aux prochaines élections. Pour ce parti, la participation aux élections permettrait de légaliser le système en place. « Notre mouvement reste fidèle à ses positions de toujours parce que rien n’a changé. Les élections au Maroc ne constituent pas encore un enjeu signifiant.

Les grandes orientations du pays ne sont pas décidées par les élus de la nation. De même, les partis politiques qui participent aux élections n’aspirent pas au pouvoir car ils savent pertinemment que ce n’est pas le gouvernement qui gère véritablement la chose publique. Ce dernier se contente simplement d’exécuter... », explique Mustapha Brahma, membre du bureau politique d’Annahj Addimocrati.

Par ailleurs, le PADS, principal partenaire d’Annahj Addimocrati, a décidé de participer aux élections. C’est pourquoi le parti d’Abdellah Harif tempère ses ardeurs. Il bémolise : « le boycotte des élections est un droit que nous allons exercer en essayant de ne pas porter atteinte à nos partenaires du Groupement Démocratique (composé du Parti Socialiste Unifié, du Congrès National Ittihadi et du PADS) ».

Toutefois, il semble que les militants ne sont pas tous pour le boycott des prochaines élections. Certains membres de ce mouvement dans le Rif, notamment dans la ville d’Al Hoceima sont en train de coordonner avec d’autres militants de la gauche radicale pour barrer la route aux candidats islamistes. Ils sont en train de coordonner leurs actions dans ce sens pour choisir un candidat commun.

Par ailleurs, de nouveaux petits partis, qui avaient boycotté les élections de 2002 ne se sont pas encore exprimés sur la question. C’est le cas par exemple du PNGI (parti national de la génération indépendance) créé par Omar Benslimane. Ce parti avait justifié en 2002 sa position de boycott par le fait que « les élections au Maroc ressemblent à une foire ». Aujourd’hui, on n’entend plus parler de lui.

Boycott : Les islamistes divisés


Il existe aussi des formations islamistes une différence d’appréciation quant à la participation ou non aux élections. Chaque organisation, selon son « ijtihad » (interprétation) a pris une position propre qui cadre avec ses convictions. C’est ce qui détermine la décision des uns et des autres de participer ou de boycotter les élections.

Le Parti de la Justice et du Développement et sa continuité, Al Islah Wa Taouhid, sont, bien évidement, pour la participation aux prochaines élections. Ils sensibilisent déjà leurs sympathisants dans ce sens.

Les membres de l’association Al Islah Wa Taouhid qui agissent dans le cadre du PJD avancent plusieurs arguments pour expliquer les raisons de la participation. Ils estiment que cela permettra de ne pas laisser le terrain vide aux autres. « Et aussi, renchérissent-ils, parce que l’isolement permettra aux ennemis de l’Islam de profiter de ce vide ». Ils se disent décidés à se départir définitivement de la logique de confrontation avec les pouvoirs publics. E revanche, ils veulent introduire la confiance auprès des intellectuels, lutter contre le désespoir qui frappe les citoyens et communiquer avec le peuple...

« Cette expérience permettra de former les cadres pour l’avenir de l’Etat islamique », espèrent le think tank d’Al Islah Wa Taouhid. Lequel veut aussi éviter au pays d’entrer dans un cycle de violence et espère introduire du « sérieux dans la vie politique ».

Al Badil Al Hadari, qui s’est transformé en parti politique, opte également pour la participation.

Quant à Al Adl Wal Ihssane, cette association non encore reconnue légalement, campe sur ses positions. L’organisation refuse toujours de prendre part au jeu politique. « Les mêmes raisons qui empêchent le reste du peuple à participer aux élections sont également valables pour nous. La jamâa n’est pas une exception. Les dernières élections sont un thermomètre du grand taux d’abstention qu’il y a au Maroc », souligne Hassan Bennajah, secrétaire général de la jeunesse d’Al Adl Wal Ihssane et directeur du bureau du porte-parole du mouvement.

Selon lui, il y a d’abord des raisons d’ordre général qui déterminent la décision de boycott décidée par la jamaâ. « Les consultations électorales au Maroc ne sont pas de véritables élections car elles n’aboutissent pas au choix de ceux qui doivent gouverner. Celui qui gouverne effectivement c’est le Roi et les institutions qui lui sont rattachées.
Le parlement est le gouvernement sont de simple façades. Les véritables dossiers sont tous traités en dehors des attributions des institutions élues. Donc même en admettant que ces élections seront transparentes, elles ne serviront à rien », ajoute Hassan Bennajah.

Etant une composante des associations islamistes, Al Adl Wal Ihssane a été accusée, lors des dernières élections, d’avoir soutenu les candidats du PJD. Hassan Bennajah a rejeté cette accusation. « Nous considérons que même les plus intègres, s’ils participent aux élections sachant que leur participation ne pourra pas avoir d’effet sur le changement du système politique, ils ne feront que préserver le système actuel. Nous ne pouvons pas critiquer le système politique et en même temps l’avaliser en votant pour certains candidats aux élections. Les membres de la jamaâ n’ont pas voté auparavant et ne voteront pas dans l’avenir pour aucun candidat », insiste Hassan Bennajah.

Une autre composante islamiste, Al Haraka Min Ajli Al Ouma, quant à elle, avait décidé en 2002 de ne pas participer aux échéances électorales. Aujourd’hui, l’association veut participer aux prochaines élections. Pour ce faire, elle a même décidé de se transformer en parti politique. Mais elle n’arrive pas encore à obtenir sa légalisation.

Selon le président de l’association, Mohamed Marouani, si son « parti » n’arrivait pas à obtenir son récépissé, les membres de son association seront peut-être amenés à boycotter de nouveau la vie politique marocaine. Cela sera décidé lors du prochain conseil national avant la fin du mois de juin prochain. En attendant, épaulé par un comité de soutien, les membres du mouvement de Mohamed Marouani observeront dans les prochains jours un sit-in devant le siège du ministère de l’Intérieur.

Les intentions des amazighs

Une partie du mouvement amazighe a décidé de boycotter les prochaines élections. Le parti d’Ahmed Dgharni, Parti Démocratique Amazighe Marocain (PDAM), en a fait l’annonce officiellement. Il entend même mener une campagne avec le réseau d’associations proche de son parti.
Le « réseau amazigh pour la citoyenneté » (Azeetta), dirigé par Ahmed Arrehmouch a, quant à lui, rendu public un mémorandum où il sensibilise les partis politiques, les parlementaires et les simples citoyens à prendre en considération les revendications des amazighophones contenues dans ce document. Lequel sera tiré à quelque 200.000 exemplaires et servira de base pour mener une campagne pour la cause amazighe.

D’ici le mois de juin, Azeetta et les associations qui soutiennent ce réseau, décideront s’il faudra participer aux prochaines élections ou les boycotter de la même façon qu’ils le font lors des dernières élections législatives de 2002.

Par ailleurs, une seule association amazighe a manifesté sa volonté d’opter pour le « vote sanction ». Il s’agit de l’Association marocaine pour la recherche et l’Echange Culturel (AMREC). « Ce genre de vote est un instrument utilisé contre les partis qui ne prennent pas en considération les revendications du mouvement amazigh », révèle un membre d’AMREC.

Rétrospective : Taux de participation aux élections depuis 1963

Un aperçu sur le taux de participation aux précédentes opérations électorales montre que le taux de participation est en déclin. De 82% en 1977, il est passé à 58% en 1997 puis à 52% en 2002.

Élections de 1963
Taux de participation : 73%. Nombre d’inscrits : 4.784.629 Nombre de votants 3.494.629 Suffrages exprimés : 3.370.783

Élections de 1977
Taux de participation : 82%. Nombre d’inscrits : 6.519.301. Nombre de votants : 5.369.431. Suffrages exprimés : 5.045.363.

Élections de 1984
Taux de participants : 67.43% Nombre d’inscrits : 7.414. 846 Nombre de votants : 4.999.646 Suffrages exprimés : 4. 443.004

Élections de 1993
Taux de participation : 63,75% Nombre d’inscrits : 11.398.987 14.518.750 électeurs : 7. 153.211 Suffrages exprimés : 6.222.218

Élections de 1997
Taux de participation : 58,3005 % Nombre d’inscrits : 12.790.631 Nombre de votants : 7.456.996 Suffrages exprimés : 6.371.630 Bulletins nuls : 1.085.366

Élections de 2002
Taux de participation 52% Nombre d’inscrits : 14.518.750

Source : Le Reporter.ma

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