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- Publication : 31 mars 2016
L'Appel d’Amiens, issu de la rencontre du 19 mars 2016 sur « Marocains d’Europe, Européens d'origine marocaine, double nationalité et citoyenneté active » est le bienvenu.
La parole de la société civile MRE se fait plutôt rare en effet ces derniers temps, par rapport aux renoncements du gouvernement Benkirane à opérationnaliser les articles de la Constitution rénovée de 2011 concernant les citoyens marocains résidant à l’étranger, et à le faire avec une vision démocratique.
L'analyse sur les poches de résistance et blocages en la matière et de leurs diverses formes d’expression, entreprise par l’Appel, est très pertinente.
Un regret
On pourra regretter toutefois que pour les éléments alternatifs et les propositions d’action, l'agenda retenu comme prioritaire, n'est pas cohérent avec l'état des lieux mis en avant, qui insiste sur la nécessaire opérationnalisation des articles constitutionnels relatifs aux citoyen(ne)s marocain(e)s résidant à l’étranger. En effet, au niveau des priorités. La seule retenue en matière de mobilisation est celle liée au futur CCME, en marginalisant pratiquement la question de la députation des citoyens marocains à l'étranger à la Chambre des représentants. Espérons qu'à l'occasion de prises de positions plus « partisanes » de la très grande majorité des participants à la rencontre d’Amiens, cette dimension essentielle pour la pleine citoyenneté des MRE par rapport au Maroc, soit réellement prise en compte.
Voilà pourquoi, à nos yeux, le débat qui a été suggéré pour le proche avenir, ne peut se limiter à « la migration et les instances de bonne gouvernance » dont le CCME qui n'en est pas une en vérité, compte tenu des multiples dysfonctionnements qui caractérisent ce Conseil.
Par ailleurs, pour être efficace et constituer un véritable dialogue, le débat projeté avec les groupes parlementaires ne pourrait, selon nous, se limiter seulement à des groupes de l'opposition parlementaire, comme l'a déclaré à un média marocain, un des responsables de la rencontre d'Amiens. S'agissant des propositions de lois sur le CCME, il y'a non seulement celles présentées séparément par le PAM, l'USFP, l’Istiqlal, mais également la proposition de loi commune des quatre partis formant la coalition gouvernementale : PJD, RNI, MP, PPS.
Quant aux amendements à la loi organique de la Chambre des Représentants, qui permettraient la présence de députés MRE, ils ont été déposés séparément par trois groupes parlementaires : USFP, Istiqlal, PJD.
De plus, à l'heure où les discussions entre le gouvernement et les divers partis politiques risquent d'être clôturées dans un proche avenir, il urge que la question de la participation politique et de la représentation parlementaire des MRE soit débattue publiquement et en toute transparence, et que l'on sache quelle est la position de chacun des acteurs politiques en la matière, pour mettre fin notamment au double langage chez certains.
Pour un débat national
En fait, ce débat gagnerait selon nous à être organisé Par le Parlement dans son ensemble, les deux chambres réunies, avec la participation des divers groupes et groupements parlementaires, les partis et syndicats non représentés au parlement, les ministères et institutions nationales concernés, la société civile de l'intérieur du Maroc, mais surtout la société civile MRE, avec une approche ouverte et plurielle. Non seulement les ONG de Marocains en Europe avec leurs différentes sensibilités, mais également les ONG de Marocains de l'extérieur de l'Europe.
Enfin, il serait hautement souhaitable que les émissions de débat public, qui sont très rares sur les différentes chaînes de télévision marocaines, accordent toute l'importance et de manière plurielle en particulier à « 90 minutes pour comprendre » et à « Moubachratane Maâkoum », à la discussion sur cette thématique de la pleine citoyenneté par rapport au Maroc, des « Marocains du Monde ».
Rabat, le 28 mars 2016
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