Yawatani

Dans le rapport annuel 2014 de l'autorité monétaire du royaume, Bank Al-Maghrib, présenté vendredi dernier au souverain par le wali de cette institution, Abdellatif Jouahri, la qualité de la croissance économique du Royaume est à revoir car Le Maroc s’éloigne de la trajectoire vers l’émergence qui a été tracée: «Elle continue d’être rythmée par les conditions climatiques; et les progrès réalisés sur le plan des équilibres sont attribuables dans une grande mesure à des facteurs conjoncturels».

Jouahri, dans son rapport, a mis en évidence le développement inquiétant du chômage, qui a atteint, en 2014, le seuil de 9,9%, en hausse de 0,7 point par rapport à l'année d'avant. Jouahri a, par ailleurs, félicité le développement des exportations marocaines et la maîtrise du déficit public, avant de se focaliser sur l'écart majeur entre les objectifs et les réalisations, en terme de formation et d'éducation. Selon le wali de BAM, c'est le secteur qui affiche les plus grands déficits, et à l'égard duquel il faudrait opter pour une approche plus radicale.

Les mots sont durs mais reflètent bien la réalité.

Crédité d’une croissance de 4,5% au moins cette année, le Maroc doit ce regain essentiellement à la performance du secteur agricole. Les autres branches d’activité sont un soutien moins fort. La croissance non agricole s’est établie en moyenne à 3,1% les deux dernières années et 3,6% entre 2009 et 2012. Le rythme était plus soutenu sur la période 2000 à 2008, soit 4,8% en moyenne. L’économie a encore du mal à se remettre de la crise de 2008 en partie en raison de son fort ancrage au marché européen où la reprise est lente. Pour le banquier central, une évaluation des politiques sectorielles et la mesure de leur efficacité s’imposent, en tout cas par rapport aux importantes ressources qu’elles engloutissent. «Le pays enregistre l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, mais les résultats restent bien en dessous des espérances aussi bien en termes de croissance que de création d’emplois», s’étonne le gouverneur de la banque centrale. Il doit y avoir un caillot dans le sang du PIB qu’il va falloir traiter.
 
Coface avait aussi relevé dans son dernier panorama sur le Maroc la faible efficacité des investissements. Les métiers mondiaux du Maroc, notamment l’automobile et l’aéronautique, commencent à donner des résultats mais pas encore consistants pour doper le PIB industriel. Ces secteurs sont en grande partie à l’origine du redressement des exportations. L’année dernière, l’export a contribué positivement à la croissance, ce qui n’était plus arrivé depuis 2010. Mais Bank Al-Maghrib et d’autres observateurs s’interrogent sur la capacité de ces secteurs à s’ériger en véritable moteur de croissance. Pour l’instant, l’économie profite peu des investissements étrangers dans l’automobile par exemple compte tenu du faible taux d’intégration, juge BAM. Les engagements pris par PSA Peugeot-Citroën, le nouvel arrivant, contribueront à relever le niveau. Mais le problème tient, pour une partie, au déficit en ressources humaines qualifiées et à la faiblesse des investissements en recherche et développement des entreprises locales. Des déficits qui limitent leur capacité à accompagner le bond technologique. L’investissement dans l’éducation et la formation constitue, selon les experts, l’un des grands défis à relever sur les prochaines années. «C’est le domaine où l’écart entre les ambitions et les réalisations tangibles est inquiétant. Sa dégradation continue nous éloigne de la trajectoire vers l’émergence», note Jouahri. «Il faut une thérapie de choc», poursuit le wali. Pour le FMI comme pour l’agence de notation financière Standard & Poor’s, l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle est une réforme urgente. Les atermoiements sur les réformes (lire également article en pages 5 et 6) dont celle de l’éducation pénalisent la compétitivité internationale du Royaume. En même temps, le saut qualitatif doit provenir de la gouvernance des entreprises en investissant dans les ressources adéquates. Or, le constat aujourd’hui est qu’une personne non qualifiée a plus de chance de décrocher un job qu’un diplômé. La main-d’œuvre est concentrée dans des secteurs faiblement capitalistiques et à faible valeur ajoutée. Ce qui ne sert pas beaucoup la croissance économique.                                                         

Les autres messages de Jouahri

• La bombe du chômage en ville Le chômage est un danger qui guette les économies de la région. Le Maroc s’en tire mieux, mais la situation n’est franchement pas réjouissante. Environ 10% de la population active est au chômage. La situation est très critique en zone urbaine. Près de quatre jeunes sur dix y sont sans emploi. Des efforts sont à fournir au niveau de la formation pour converger l’offre et la demande. Dans le même temps, il faudra travailler sur l’efficience du marché du travail (voir aussi page 16). La rigidité de la réglementation décourage l’embauche, regrette BAM.  

• Rendement des IDE 15 milliards de DH de dividendes seront transférés à l’étranger. Une masse qui pèse sur la balance des paiements, selon la banque centrale. Pour l’institution, il faut certes continuer à promouvoir les investissements directs étrangers mais s’assurer aussi que les incitations y afférentes respectent le couple coût/bénéfice pour le pays.

• Bourse, maillon faible de Casablanca Finance City Le Masi, principal indice de la Bourse de Casablanca, peine à confirmer son rebond de 2014. Il a terminé le premier semestre sur une contre-performance annuelle de 0,43%. En l’état actuel, la Bourse constitue un véritable handicap pour Casablanca Finance City. «La persistance de l’atonie avec notamment un niveau de liquidité et une contribution très faible au financement de l’économie reste préoccupante», s’inquiète Abdellatif Jouahri. Il y a urgence!

 

Yawatani et L'economiste.com

 

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