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- Publication : 12 juin 2020
Encore marqués par la pandémie, les Européens devraient majoritairement passer leurs vacances d'été dans leur pays et participer ainsi à la relance d'économies nationales exsangues, qui ne pourront compter que sur de maigres recettes touristiques étrangères.
Dès le 15 juin, les restrictions de circulation devraient être levées à l'intérieur de l'Union européenne par les trois quarts des Etats membres -qui se sont fait coiffer au poteau par l'Italie, rouverte aux visiteurs européens depuis le 3 juin, car pressée de relever son économie ravagée par la crise sanitaire.
En France, seules 20% des réservations pour l'été enregistrées dans les agences de voyage concernent l'étranger, contre 66% habituellement, a révélé lundi 8 juin le président des Entreprises du Voyage. Et le nombre de séjours intérieurs réservés sur la plateforme Airbnb sont en hausse de 40% par rapport à l'an dernier.
"Tout est à double sens: idéalement, si les pays le pouvaient, ils fermeraient leurs frontières pour retenir les nationaux, et ils les ouvriraient pour faire venir les touristes étrangers", résume à l'AFP Jean-Pierre Mas, qui représente les agences de voyage françaises.
Après un confinement financièrement dévastateur, la priorité pour chaque Etat est de relancer la consommation intérieure, en misant sur les dépenses touristiques de ses ressortissants. Ce qui correspond d'ailleurs à l'état d'esprit de nombre d'Européens, peu enclins à s'éloigner de chez eux.
"Mais si les Français ont des lieux de vacances naturels dans leur pays, le balnéaire en Allemagne, par exemple, c'est un peu plus compliqué que le balnéaire en France, Espagne ou Grèce. Les Européens ne vont pas forcément réagir de la même façon", souligne Jean-Pierre Mas.
Le gouvernement français prône un tourisme "tricolore" et va lancer la campagne #CetétéjevisitelaFrance pour vanter les richesses de l'Hexagone.
Même politique Outre-Rhin, avec "Découvre l'Allemagne" -campagne lancée par les 16 Etats régionaux et disponible uniquement en allemand.
En Espagne, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a appelé à la "réactivation du tourisme national". Mais pour un pays où le tourisme représente 12% du PIB, impossible d'envisager une saison sans visiteurs étrangers, d'où la campagne "L'Espagne vous attend".
"L'été grec, c'est plus que la mer et le soleil... C'est un état d'esprit", lance de son côté la Grèce aux touristes internationaux, pour lesquels elle a baissé de 24 à 13% la TVA sur les transports (avion, train, bateau) et les "packages" touristiques. Le gouvernement grec n'oublie toutefois pas sa population: il va plus que doubler le nombre de bénéficiaires du tourisme social, et a revu à la baisse le prix des billets de bateau pour inciter les locaux à partir sur les îles.
Si elle fait également de grands appels du pied aux étrangers, l'Italie veut favoriser ses ressortissants grâce à des "bonus vacances" de 500 euros maximum pour les familles (en fonction des revenus) à dépenser d'ici fin décembre - alors que 73% des Italiens passent habituellement les congés d'été dans la Péninsule.
Pareillement, chaque Slovène va recevoir un chèque vacances de 200 euros, plus 50 euros par enfant, à dépenser localement en hébergement ou en restauration.
Et alors que l'Autriche déconseille de franchir les frontières cet été, la ville de Vienne va envoyer par la poste aux 950.000 foyers de la capitale un bon d'une valeur de 25 à 50 euros: "Fréquentez les bars, aidez notre gastronomie à traverser la crise", a plaidé Walter Ruck, directeur de la Chambre de commerce de Vienne.
Mais en dépit de cette consommation intérieure, les nuitées touristiques perdues se compteront par dizaines de millions.
"On assiste à une augmentation de la demande nationale mais elle restera loin de compenser le manque de visiteurs étrangers", résume Cesar Gutierrez Calvo, président de la fédération espagnole d'agences de voyages Fetave.
Les Pays-Bas disent attendre entre 12 et 15 millions de touristes étrangers en moins en 2020. En France, les visiteurs internationaux représentent 135 millions de nuitées, et en Allemagne, près de 90 millions.
Les pertes ne se limiteront pas à la clientèle européenne: le Premier ministre russe Mikhail Michoustine a par exemple demandé aux ressortissants de ne pas quitter leur pays cet été, alors que 15 à 18 millions de visites touristiques de Russes à l'étranger sont enregistrées chaque année.
le360
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