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Bénéfices en baisse, suppressions d’emplois, programmes d’économies: l’électrification des voitures, nécessaire pour respecter les normes environnementales européennes, malmène d’ores et déjà un secteur automobile allemand divisé sur la meilleure stratégie pour engager sa mue.

 
A Wolfsburg, Stuttgart et Munich, sièges respectifs de Volkswagen, Daimler et BMW, les messages diffèrent peu: les investissements requis pour développer les véhicules électriques et autonomes sont très lourds et le contexte peu favorable, entre stagnation du marché, conflits commerciaux et Brexit.
 Après une année 2018 déjà difficile pour la branche — secouée par les nouvelles normes antipollution WLTP et dont l’image demeure ternie par les fraudes — l’heure est donc aux économies.
Dernier en date, BMW a annoncé mercredi vouloir économiser 12 milliards d’euros d’ici 2022, et s’attend en 2019 à un « net recul » de son bénéfice imposable, soit une baisse d' »au moins 10% ».Et si le titre a violemment réagi en Bourse, lâchant 4,94%, Volkswagen a également cédé 2,69%, Daimler 2,16% et l’équipementier Continental 2,89%, signe que les investisseurs se méfient désormais du secteur.
 Chez Volkswagen, entre 3.000 et 5.000 suppressions nettes d’emplois doivent permettre de faire remonter les marges en berne de la marque principale du constructeur, VW. Daimler, après une « année difficile » selon son patron Dieter Zetsche, prévoit également une série de « contre-mesures » pour doper la rentabilité, qui devraient être précisées au printemps.
 S’y ajoutent des coupes chez Ford, Opel et les équipementiers, dont les 2.000 suppressions de postes annoncées lundi chez l’allemand Leoni, alors que l’industrie menace depuis des mois de devoir sacrifier des dizaines de milliers de postes sur l’autel de la transition électrique, sur les 800.000 du secteur en Allemagne.

– Diess a ‘peur’ –

 Cette branche reine de l’industrie allemande s’engage à marche forcée dans l’électrification des motorisations, contrainte de réduire rapidement ses émissions de CO2 pour respecter des limites imposées par l’Union européenne à partir de 2020 et encore durcies à l’horizon 2030, sous peine de pénalités financières. Pour échapper aux amendes, les ventes de voitures électriques doivent décoller sur les principaux marchés européens, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Chez VW, qui a admis en 2015 avoir truqué les moteurs de millions de véhicules, cela signifie passer à une part de l’électrique de 40% des ventes. Mais les constructeurs allemands sont en retard — notamment sur l’américain Tesla, qui domine le premium électrique. D’autant plus que « les subventions actuelles, les plans de développement des infrastructures de recharge et le cadre réglementaire actuel ne suffisent pas pour atteindre les objectifs environnementaux européens et allemands », selon un document interne de Volkswagen, que l’AFP a pu consulter. « Les nouveaux concurrents aux Etats-Unis et en Chine accélèrent énormément », a concédé mercredi le patron du groupe, Herbert Diess, devant des employés à Wolfsburg. « Quand je reviens en Allemagne, je sais que nous ne sommes pas encore assez préparés », a-t-il lancé. « Ca me fait peur. »

– Divisions –

C’est justement la fuite en début de semaine du document interne de VW qui a ouvert un conflit, inhabituellement public, entre constructeurs et équipementiers. Diess y réclame un changement de position du puissant lobby de l’auto, la fédération des constructeurs VDA qui se dit pour l’heure ouverte à toutes les technologies: électrique, hybride, gaz naturel, hydrogène, mais aussi les moteurs diesel… tout est bon tant que baissent les émissions de CO2. Mais pour Volkswagen, tous les efforts doivent se focaliser sur la voiture électrique. « Il ne faut pas confondre la stratégie d’un seul groupe avec celle de toute la branche », a rapidement répondu le patron de l’équipementier ZF dans une interview au quotidien Tagesspiegel. Le premier groupe automobile mondial propose plus précisément de concentrer les subventions sur les plus petites voitures électriques. Ce qui reviendrait à subventionner la gamme VW, peste une source munichoise. De manière générale, la concentration sur les voitures électriques au détriment des autres solutions n’est pas la bonne, a riposté de son côté le patron de BMW. Les constructeurs qui ne poursuivent pas la piste de l’hydrogène, par exemple, prennent le risque de se voir exclus de certains marchés, a-t-il expliqué. Pour tenter de désamorcer le conflit, les trois patrons et le président de la VDA ont prévu une conférence téléphonique mercredi après-midi.

LNT avec Afp

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