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Le Big Data est perçu aujourd’hui comme la révolution numérique que connaît le monde depuis deux décennies, avec une technologie de valorisation des données massives. C’est en réalité avant tout une révolution plus globale incluant une véritable révolution industrielle dont la technologie ne représente que l’arme qui permet de se positionner sur l’échiquier de la stabilité.

Nombreux sont les pays qui envisagent ce phénomène dans une posture d’analyse des tendances technologiques et de potentialité du marché. Pourtant, ce sont tous les acteurs qui doivent se mobiliser autour de ce grand sujet, y compris l’Etat lui-même, afin que les risques liés au Big Data se transforment en opportunités. Ce dernier doit se montrer exemplaire en la matière, et les conditions tant académiques que juridiques doivent être remplies.

En France, Le gouvernement a pris conscience de cet enjeu en inscrivant le pays dans un cadre visionnaire.  « Le plan Big Data de la Nouvelle France industrielle » – lancé par Arnaud Montebourg en 2013 – permettra à la France de garantir à ses tissus économiques et industriels des dispositifs d’accompagnement et de valorisation tout en assurant des cadres juridiques favorisant et protégeant le pays.

Le Maroc a subi la plus grande révolution numérique du monde, avec une population civile comme premier acteur des usages de l'Internet grand public, des réseaux sociaux et dernièrement du mobile, dont la révolution a bouleversé les modèles et les hiérarchies.  Le Maroc a « subi » dans le sens où les modèles économiques sont arrivés après coup, avec plus ou moins de succès, notamment dans la téléphonie et ses applications économiques telles que l’off-shore et le Near-shore. Ces succès ont aussi permis l’entrée du Maroc dans une diversification plus large de ses marchés industriels, qui en ont fait un modèle dans le rapport à l’écologie ou à la gestion efficiente des stratégies portuaires entre autres, en subissant les contrecoups de l’uberisation des acteurs mondiaux, comme dans les secteurs du tourisme, avec les agences de voyages devant des plateformes telles que Booking.com ou Expedia, tandis que les opérateurs télécoms ont vu la valeur économique de leurs infrastructures être captée par les géants du numérique.

DE MULTIPLES ECOSYSTEMES DYNAMIQUES HYBRIDES

Le Big Data permet aux grands groupes des avancées fulgurantes, ils révolutionnent totalement leurs relations avec les consommateurs, le paysage concurrentiel ainsi que leur position dans la chaîne de valeur des industries, en exploitant les millions de données dont ils disposent à présent. 

Ils deviennent également capables de mobiliser des financements colossaux : 1 milliard de dollars investis par Apple encore récemment dans le « Uber chinois » ! Ces capitaux leur permettent d'attaquer ces nouveaux marchés avec des taux de croissance dignes de startups internet, en réinventant les modèles économiques, comme prétendent le faire Tesla dans l'automobile ou SpaceX dans le spatial.

Au Maroc, la prise de conscience est urgente. Sans cela, des secteurs entiers comme l'assurance, la banque, la distribution, l'automobile, l'énergie, l’artisanat et d'autres encore risquent d’être réduits au rôle de sous-traitant « technique », incluant une pression sur les marges beaucoup trop forte et par conséquent un risque potentiellement fatal pour les plus faibles.

Demain, le monde sera constitué essentiellement d’ensembles d’écosystèmes hybrides et de plateformes dynamiques, remplaçant les tissus et modèles industriels actuels. Les objets connectés réuniront à eux seuls un ensemble de services aujourd’hui assurés par des industries indépendantes, et les géants du numérique comme Google, Apple ou Amazon y occuperont une place de choix. Sans compter les start-ups de plus en plus nombreuses qui se positionnent sur le marché.

LE BIG DATA, PRINCIPAL LEVIER DE CROISSANCE DE DEMAIN

Quels leaders émergeront de ces nouveaux écosystèmes ? D’aucuns auraient tendance à vouloir bloquer au Maroc l’essor des géants externes, ce qui semble vain et quelque peu naïf. Il conviendrait plutôt, dans l’optique de mesurer l’ampleur des défis à relever, d’observer ces leaders et d’en tirer les enseignements nécessaires et bénéfiques au développement du pays dans le domaine.

Dans les années à venir, des professions et des spécialités vont être amenées à disparaître, laissant place à de nouveaux métiers plus nombreux encore, faisant du Big Data un levier de croissance essentiel pour le Maroc.

Notre pays, à la pointe de l’Afrique, peut servir de pont, d’intermédiaire et de leader pour construire un avantage concurrentiel permettant en particulier de développer de nouvelles start-ups, dans une démarche d’ubérisation de son économie et en Afrique.

Deux enjeux majeurs doivent être relevés par ‎le Maroc, s’il souhaite gagner cette bataille : développer un large panel de formation autour des nouveaux besoins (exemple : data-scientist) et à défaut de posséder des données en interne comme celles des réseaux sociaux, permettant le croisement de données, s’investir dans l’open Data sur les plans local, régional et international.

Le Big Data, alliance de deux disciplines clés dont les spécialistes marocains sont plébiscités à travers le monde, l’informatique et les mathématiques, est le domaine par excellence dans lequel le Maroc peut percer, son système éducatif étant parfaitement adapté aux enjeux impliqués.

UN CADRE JURIDIQUE ACTUALISE

Le développement du Big Data au Maroc risque d’être rapidement confronté au principe juridique de respect de la finalité initiale de la collecte des données. Il est donc impératif que l’Etat fasse en sorte de faciliter l’évolution et l’actualisation du cadre juridique afin d’encourager l’innovation autour des nouveaux usages, sous peine de prendre du retard.

C’est pourquoi le cadre du plan Big Data doit inclure tous les aspects d'utilisation des données, dans le but « d'industrialiser » et d'accélérer le processus d'agrément secteur par secteur – de sorte qu'ils ne puissent plus constituer un frein, notamment concernant toutes les questions relatives au stockage de la donnée : données du marché, données souveraines, données de relais…   Sans ouvrir les données à tous vents, il s'agit d'adopter une démarche d'expérimentation et d'innovation.

Ce cadre installera une notion forte de réciprocité, pour permettre à nos entreprises et à celles de l’Afrique toute entière d'atteindre un niveau de performance au moins égal à celui de leurs concurrents internationaux.

Un puissant vivier de « data-scientists », un cadre règlementaire adapté, des infrastructures souveraines seront les conditions préalables, tout à fait à notre portée, qui permettront à l'économie Marocaine de profiter pleinement de la révolution du Big Data et d’envisager une avancée stratégique dans l’uberisation de l’Afrique de demain et du monde qui l’entoure.

Rachid Oukhai

Pour yawatani.com

 

Commentaires   

0 #1 Mohamed 27-05-2016 13:25
Excellent article.
Ou et comment pouvons nous joindre Mr Oukhai ? Des conférences? Publications ?
Merci
Mohammed
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