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Daniel Picard, patron du projet Dalia de Total, se souvient encore de ses tribulations en Corée du Sud. Sur le chantier de construction de cette énorme barge flottante, qui pompe aujourd'hui le brut par 1 400 mètres de fond au large de l'Angola, il a vu débarquer des concurrents "avec de gros chèques" pour débaucher ses ouvriers. En 2004, Shell, ExxonMobil, BP et d'autres majors développaient des projets pharaoniques en Extrême-Orient russe, au Nigéria ou au Qatar. Le manque de main d'oeuvre qualifiée et d'équipements était une menace permanente alors que "tout le monde voulait que son projet soit à l'heure". Photo illustrant l'Article Les tensions vont s'aggraver dans les prochaines années. D'autant que les projets se multiplient (Arabie saoudite, Qatar, Libye, Yémen...) et deviennent plus complexes : eaux profondes du golfe du Mexique et du golfe de Guinée, sables bitumineux du Canada, pétrole et gaz des zones arctiques. Or les compagnies pétrolières comptent de nombreux salariés embauchés dans les années 1970 et désormais proches de la retraite.

A l'horizon 2010, elles risquent de manquer de 5 000 à 6 000 ingénieurs sur les 55 000 dont elles auront besoin, prévient le Cambrigde Energy Research Associates (CERA) dans une étude réalisée sur 400 projets. "De grands projets pétroliers et gaziers subiront probablement des retards" par manque de capacité d'ingénierie et de gestion de projet. "La pression sur l'industrie continuera d'augmenter alors que les compagnies se disputent un nombre réduit de personnel qualifié. Les frais de personnel vont s'accroître alors que les compagnies recrutent les unes chez les autres", résume Pritesh Patel, coauteur de l'étude.

Le CERA s'inquiète notamment pour les études préliminaires aux grands projets, qui fournissent aux compagnies des données nécessaires avant d'investir des milliards de dollars. La pénurie de main d'oeuvre qualifiée n'est pas seule en cause dans le retard de ces chantiers, souvent dus aux difficultés techniques mal évaluées ou aux goulets d'étranglement dans la fourniture de matériels.


"DÉGRADATION DE LA RENTABILITÉ"


Si les investissements en exploration-production ont progressé de 29 % en 2006 dans le monde (275 milliards de dollars), 2007-2008 sera marquée par la "modération", prévoit l'Institut français du pétrole (IFP). Prix des matières premières, inflation des coûts des services, disponibilité insuffisante en équipements (forage...), manque de personnel qualifié et inflation des salaires entraînent, selon les économistes de l'IFP, "une dégradation de la rentabilité des projets et une certaine méfiance des opérateurs".

Mais aussi une riposte des pays producteurs, très pénalisés par des délais qui retardent l'encaissement de la rente pétrolière. La Sonatrach (Algérie) a résilié le contrat signé en 2004 avec les espagnols Repsol et Gas Natural pour l'exploitation du gaz de Gassi Touil (Sahara), un projet dont le coût est passé de 3 à 6,8 milliards de dollars (2,1 à 4,9 milliards d'euros). "Il devait être achevé en 2009, il ne verra pas le jour avant 2012" car "ils n'ont pas rempli leurs engagements", a dénoncé le ministre algérien de l'énergie, qui va réclamer des "réparations substantielles".

Le Kazakhstan, qui dénonce la faramineuse dérive des coûts de développement de Kashagan passés en quelques années de 30 à 136 milliards de dollars, exige des compensations au consortium dirigé par la major italienne ENI pour avoir reporté de 2005 à 2010 l'extraction du premier baril. BP a renoncé à des projets dans le golfe du Mexique où il faut désormais investir lourdement dans l'off-shore profond. En Iran, l'explosion des coûts de Pars LNG (gaz naturel liquéfié) a poussé Total à différer 3 milliards de dollars d'investissement et à remettre à plat le dossier avec Téhéran. Cette nouvelle donne doit, selon le CERA, pousser les compagnies et les parapétroliers à répartir différemment les risques.

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