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 Le Festival international du film de Marrakech à l’heure du bilan. Alors qu’il souffle sa 15e bougie, le FIFM a-t-il enfin atteint le stade de la maturité? Quel est son positionnement et pourquoi ne présente-t-il pas de marché du film, à l’instar des grands festivals internationaux? Eléments de réponse avec Mélita Toscan du Plantier, directrice du Festival international du film de Marrakech.

HuffPost Maroc: Quel regard portez-vous sur cette 15e édition du FIFM? Est-ce celle de la maturité pour vous?

Mélita Toscan du Plantier: Plus on avance, plus les choses se précisent. C’est vrai que le festival a atteint une maturité assez vite. Quand je parle avec Thierry Frémaux (délégué général du Festival de Cannes, ndlr), il me dit que son festival a mis un certain nombre d’années à avoir de grandes personnalités. Nous, il faut reconnaître que dès la 2e année, on a reçu Francis Ford Coppola, David Lynch et d'autres grands noms du cinéma. Mais la première année, on aurait pu démarrer encore plus fort s’il n’y avait pas eu les attentats du 11 septembre, 15 jours avant. Comme vous pouvez l’imaginer, beaucoup d’invités ont annulé, tout simplement parce qu’ils avaient peur de prendre l’avion. Youssef Chahine, Omar Sharif, Jeremy Irons sont venus malgré tout. Evidemment, on a dû rattraper les choses et on a quand même fait un très beau festival. Dès 2002, nous avons eu de grands noms américains et beaucoup de personnalités qui sont venues, entre les réalisateurs, les acteurs et les producteurs.

Toujours est-il que certains reprochent au FIFM de ne pas avoir d’identité. Est-ce un festival qui privilégie le cinéma dans sa seule dimension artistique, ou est-ce que les paillettes passent avant?

On ne cherche pas un positionnement particulier. Le festival est à l’image de tous les grands festivals internationaux, c’est-à-dire que vous avez une compétition faite de films artistiques pointus, vous avez des avant-premières un peu plus "grand public", et des hommages. Il y a donc plusieurs sections.

Pourquoi n’y a-t-il pas de marché qui accompagne le FIFM à l’instar des grands festivals comme ceux de Cannes ou de Toronto?

Pour avoir un marché du film, il faut de l’offre. Il y a déjà beaucoup de grands marchés internationaux, comme récemment l’AFM (American Film Market) à Los Angeles. Comment voulez-vous avoir un autre marché trois semaines après celui-ci? Il n’y a plus de films à vendre. Il y a aussi le problème du piratage au Maroc. Pour avoir un marché, il faut avoir des films à vendre, et donc quand vous arrivez en fin d’année après le festival de Cannes, de Berlin et de Toronto, il faut proposer des films inédits pour que les plus grands acheteurs et vendeurs du monde viennent. Pour l’instant, c’est presque impossible aujourd’hui d’inventer un marché du cinéma ailleurs.

Quel impact une Étoile d’or a-t-elle sur la distribution d'un film?

Quand un film sort, et qu’il a eu le grand prix à Marrakech, c’est écrit sur l’affiche du film. Cela devient donc une marque. Il y a aussi des gens qui voient des films à Marrakech et qui ont envie de les acheter. Le film sud-coréen qui a été primé par le beau jury de Martin Scorsese a reçu beaucoup de demandes d’achat. Les distributeurs s’intéressent automatiquement à un film quand ils voient qu’il a reçu un prix d’un tel jury. Ça a donc un impact. Pas autant qu’une Palme d’or, évidemment, mais on avance en tout cas vers cela.

Le but du festival, c’est aussi de participer au rayonnement de la ville?

Le festival est né avec des gens passionnés de cinéma. Marrakech est la seule ville du Maroc qui a les infrastructures suffisantes pour organiser un tel événement, aussi bien en salles de cinéma, en projections qu’en hôtellerie. A travers ce festival, on montre l’image du Maroc, qui n’est pas un cliché. C’est vraiment une terre d’accueil. Vu qu’on a vécu récemment des évènements tragiques un peu partout dans le monde, c’est magnifique de voir 36 nationalités présentes en terre musulmane, et voir toutes ces nationalités ensemble échanger sur la culture. Les gens ont aussi envie de rêver, de vivre simplement.

Pourquoi avoir choisi de rendre hommage au cinéma canadien?

On rend hommage à un pays depuis déjà une dizaine d’années. On a rendu hommage aux grands pays du cinéma. On avait évidemment commencé par le Maroc, après il y a eu l’Egypte, la France, l’Inde, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre. Le Canada est immense sur le plan cinématographique, et dispose de très grands metteurs en scène, aussi bien francophones qu’anglo-saxons. C'était donc important de rendre hommage à ce cinéma. Et puis nous avons un immense metteur en scène qui préside la délégation canadienne, Atom Egoyan, qui nous montre en plus son dernier film, un vrai chef-d’œuvre.

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