Yawatani

Les 22 et 23 septembre, artistes, critiques, commissaires d’exposition, journalistes ou encore universitaires se réuniront à Rabat afin de débattre de la place des femmes dans l’art au Maghreb, au cours d’un colloque.

Organisé par l’Association internationale des Critiques d’art, l’AICA International, et  sa section marocaine, dans le cadre du Programme de Participation UNESCO 2020-2021 et en partenariat avec la Faculté des Sciences de l’Education –Université Mohammed V de Rabat, ce colloque ambitionne de réunir pendant deux jours, artistes, critiques, commissaires d’expositions, directrices de centres d’art et de musées, journalistes ou encore universitaires afin de débattre de la place des femmes dans le monde de l’art au Maghreb.

Cette rencontre sera plus précisément l’occasion de valoriser l’apport des femmes dans le processus de dynamisation de la création au Maghreb,  par leur engagement et leur innovation dans tous les  domaines des activités artistiques ou encore par la gestion des institutions et lieux d’art. Et pour cause, explique, interrogée par Le360 Nadia Sabri, présidente de l’AICA Maroc, «la question de la visibilité des femmes ne se situe pas qu’à l’échelle des artistes, elle intervient dans tous les métiers qui se greffent autour de l’écosystème artistique: les galeries, les musées, le commissariat, le journalisme… ». 

A quel moment cette visibilité des femmes devient-elle active et comment prendre part à la scène artistique dans la plus grande des parités? Des questions qui se posent et pas qu’au Maghreb. «Même en Europe, la présence féminine reste  infime que ce soit en tant qu’artiste dans les grandes expositions, dans les collections, les musées, les structures qui collectionnent, mais aussi en terme de postes dans les grands musées. Par exemple en France, ce n’est qu’en 2021 qu’une femme a pris la direction du Louvre (Laurence des Cars a succédé à Jean-Luc Martinez, Ndlr) et même dans les années 1980 et 1990, quand on octroyait des postes à des femmes, c’était beaucoup plus à des postes administratifs sans grandes conséquences décisionnelle sur le plan économique », explique ainsi Nadia Sabri.

«En avril 2020, j’ai été contactée par la présidence de l’AICA International, Mme Lisbeth Rebollo Gonçalves, qui m’a informée du fait que l’AICA International souhaitait mettre en place un projet dédié à l’Afrique. J’ai donc été invitée, au même titre que la présidence de l’AICA Côte d’Ivoire, à monter un projet auprès de l’UNESCO pour pouvoir bénéficier du programme de participation 2020-2021 de cet organisme», explique Nadia Sabri, dont la section marocaine qu’elle préside depuis 2019 a fait le choix de se concentrer sur les pays du nord ouest de l’Afrique, à savoir le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. 

Outre le support de l’UNESCO, ce beau projet porté par l’AICA Maroc a également pu compter sur la collaboration, pour sa mise en œuvre, de l’université Mohammed V et de la faculté des sciences de l’éducation, où enseigne Nadia Sabri. «J’ai proposé de façon très naturelle ce projet à la Faculté car l’université  est  l’espace par excellence de l’élaboration de la pensée critique, et notre doyen M. Abdellatif Kidai a été enthousiaste et engagé», explique la critique d’art et universitaire.

Commence dès lors un travail d’un an et demi qui verra notamment la naissance d’un comité scientifique composé de figures majeures de la scène artistique maghrébine comme Rachida Triki en Tunisie et Nadira Laggoune-Aklouche en Algérie, lequel a réalisé la constitution du programme ainsi que la sélection des intervenants. Un comité de soutien a également joué le rôle crucial de conseil, avec, parmi ses membres, Jacques Leenhardt, président honorifique de l’AICA International, et Brahim Alaoui, membre du bureau de l’AICA Maroc chargé des relations internationales et de la coopération.  



Pleins feux sur la scène culturelle locale

«Le programme de participation à ce colloque s’adresse véritablement aux actrices culturelles et artistiques locales, beaucoup plus qu’à celles de la diaspora marocaine, algérienne et tunisienne qui sont certes très présentes et qui enrichissent la scène artistique maghrébine. En choisissant de mettre la lumière sur les directrices de centres d’art au Maghreb, les commissaires, les artistes locales, nous poursuivons deux objectifs principaux », explique ainsi Nadia Sabri.

Tout d’abord, poursuit-elle, il s'agit de «permettre de faire une espèce de topographie de la présence féminine dans le milieu de l’art au Maghreb au-delà de toute ségrégation genrée. L’idée est de recenser les difficultés ou les avantages que ces femmes rencontrent dans la pratique de leur métier. Il s’agit ainsi de voir ce qui rassemble, de visualiser les passerelles qui existent entre ces trois pays du Maghreb».

Enfin, deuxième objectif de taille de ce projet, «permettre les rencontres et les perspectives collaboratives entre ces professionnelles», car explique Nadia Sabri, «très souvent on travaille de façon cloisonnée, chacune dans son coin et on ne sait pas comment réfléchir ensemble à des projets, créer une synergie, une dynamique entre structures, artistes, projets d’expositions… C’est le rôle des AICA de participer à créer une visibilité de discours sur la pratique artistique de façon globale et dans le cas présent, à travers le prisme de la pratique féminine au Maghreb».



Au programme…

A travers ses contenus, ses objectifs, sa richesse d’intervenantes et d’intervenants, ce colloque est par ailleurs une occasion de répondre aux impératifs dictés par l’UNESCO, consistant à analyser et à étudier au mieux les prérogatives accordées aux femmes dans le continent africain à travers leur multiplicité, leur spécificité et leur exemplarité.

La grande diversité de modalités d’action dans le domaine des arts a conduit à prévoir quatre panels réunissant d’éminentes personnalités du monde des arts et de la culture au Maghreb. Rachida Triki, Professeure en Esthétique à l’Université de Tunis, interviendra notamment le 22 septembre sur les problèmes posés par l’écriture de l’histoire de l’art tandis qu’un premier panel se focalisera notamment sur la critique au sens large, laquelle couvre aussi bien l’écriture et la rédaction de textes monographiques, d’essais, d’articles journalistiques, que la médiatisation via tous les moyens techniques actuels, les politiques d’édition et le commissariat d’exposition.

Animé par Nadia Sabri, le deuxième panel verra l’intervention de Rajae Benchemsi, présidente de la Fondation Farid Belkhia à Marrakech, de Nadira Laggoune-Aklouche, directrice  du Musée d’Art Moderne et contemporain d’Alger–MAMA, (2016-2020) ou encore de Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI à Rabat, et se focalisera sur les institutions telles que les musées ou les fondations qui concrétisent les écritures de l’histoire de l’art nationale.

Le 23 septembre, deux autres rencontres sont prévues au programme avec en premier lieu un panel dédié aux artistes, parmi lesquelles Safaa Erruas ou encore Amina Benbouchta qui témoigneront de  leur engagement par leurs créations; et enfin, pour clore le colloque, un débat autour des lieux et des espaces qui contribuent à la promotion et à la production d’œuvres comme les centres d’arts, les associations et les galeries d’art.




A propos de l’AICA

L’Association internationale des critiques d’art, l’AICA, est née au lendemain de la seconde guerre mondiale sous le patronage de l’UNESCO afin de favoriser la critique d’art, et ne compte pas moins de 63 sections nationales de par le monde. Cette grande association, qui a des ramifications en Amérique du Nord, en Amérique latine, au Canada, en Asie, et dans le monde arabe, compte actuellement trois sections en Afrique : au Maroc, en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

L’AICA Maroc a vu le jour en 2018 et a été fondée par le critique d’art Farid Zahi avec d’autres  membres fondateurs et comme l’historien de l’art Brahim Alaoui et Nadia Sabri qui en a pris la présidence dès 2019. Au-delà de sa visibilité sur la scène artistique marocaine, l’objectif poursuivi par cette jeune association est d’ouvrir l’adhésion à l’ensemble des professionnels  qui souhaitent intégrer cette structure, des critiques d’art, aux commissaires d’exposition, en passant par les journalistes et les universitaires, moyennant une candidature conformément aux réglementations internationales et spécifiques à chaque pays. 

le360

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