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Après la télévision, Mustapha El Khalfi veut interdire la publicité des jeux de loterie dans les journaux et les sites d’information. Une mesure prévue dans le projet de Code de la presse, qui suscite l’ire des professionnels.

Comme pour les nouveaux cahiers des charges de l’audiovisuel en 2012, l’introduction de cette mesure a été faite «de manière unilatérale et sans aucune concertation avec les professionnels, notamment les médias, les annonceurs, les sociétés des jeux…», indique une source proche du dossier. Le projet de Code prévoit dans son article 63 l’application des dispositions de la loi sur l’audiovisuel au domaine de la presse. Ce qui revient à interdire la publicité des jeux de hasard dans la presse électronique, surtout dans ces composantes audio et vidéo. Les professionnels redoutent le pire. «Cette interdiction risque d’être élargie à la presse écrite à travers des amendements qui seront présentés en commission parlementaire», fait-on savoir. Résultat: si ce projet est adopté en l’état, les loteries marocaines seraient privées des principaux leviers de communication. Pour El Khalfi, «il s’agit d’un faux débat dans la mesure où cette mesure est connue depuis une année, et qu’elle s’inscrit dans le cadre des engagements du Maroc dans la protection des mineurs et des consommateurs des risques d’addiction».
Dans la version actuelle du texte, les sociétés gestionnaires des paris sportifs ne pourraient plus s’appuyer sur les médias ayant un grand impact, qui constituent un facteur de croissance considérable. Ce qui devrait se traduire par «un départ anticipé de l’opérateur face à ces nouvelles conditions réglementaires qui compromettent les objectifs contractuels», a expliqué une source proche du dossier. Cette interdiction risque d’avoir une série de conséquences sur les différentes professions liées au marché des jeux de hasard. Une menace que le ministre relativise «le nouveau dispositif aura un impact économique limité, surtout que seule une minorité des supports de presse est concernée par ce type de publicité». Difficile pour autant de rassurer si l’on tient compte des impacts pour l’ensemble de l’écosystème du secteur des jeux. Cette interdiction touche en effet en plein centre le modèle de développement mis en place depuis quelques années par la Marocaine des jeux et des sports (MDJS). A commencer par l’Etat qui pourrait être privé de ressources importantes. D’ailleurs, entre 2010 et 2014, la MDJS a versé au budget de l’Etat, à travers le Fonds national du développement du sport, un total de 877 millions de DH. Et rien que pour cette année, ce sont pas moins de 270 millions de DH qui sont en jeu. Le chiffre d’affaires a triplé depuis 2009 pour s’établir à 1,6 milliard de DH en 2014, grâce en grande partie aux actions de communication. Là aussi El Khalfi  récuse ces arguments estimant que «ces montants versés à l’Etat sont plutôt liés au développement de l’activité, qui reste libre, et n’ont aucun lien avec la publicité».
Globalement, les professionnels estiment que l’adoption du projet de Code de la presse dans sa version actuelle va fragiliser les opérateurs de jeu étatiques (la MDJS est détenue à 90% par l’Etat) dans l’accomplissement de leur mission essentielle, qui est d’être un rempart contre le jeu illégal. Le jeu clandestin est une réalité au Maroc, en dépit des efforts menés par les autorités pour le combattre. La forme la plus médiatisée reste ce qui est communément appelé «riyachates» (littéralement, les déplumeuses) qui sont des machines de jeux  virtuels trafiqués, généralement installées dans les cafés.

Le Maroc plus zélé que la Turquie…

Un benchmark international a permis de faire le point sur les réglementations relatives aux communications commerciales des sociétés de jeux de hasard. Un travail de «fact checking», ou vérification des faits, a été mené par des professionnels, «même pour des pays proches culturellement et cités en modèle par les initiateurs de cet arsenal juridique, à savoir la Turquie», a indiqué une source proche du dossier. Cela est également valable aux textes réglementant les publicités et actions promotionnelles des loteries en Grande Bretagne, aux Etats-Unis et en France. Il en ressort que les publicités, communications et actions promotionnelles ne sont pas interdites même sur les chaînes publiques. Elles sont néanmoins réglementées par une loi ou par un Conseil supérieur, qui veille au respect des obligations principales, auxquels les opérateurs marocains se sont déjà conformés. Il s’agit notamment de la protection des mineurs avec l’interdiction de diffuser des publicités pendant un programme qui leur est destiné. Cela concerne aussi la lutte contre l’addiction avec obligation pour toutes les publicités d’être assorties d’un message de mise en garde contre les risques liés au jeu excessif.

Leconomiste.com

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