Yawatani

L'APEBI tenait son Assemblée générale le 24 janvier 2019 à Bouskoura, en présence du secrétaire d'Etat à l'investissement Othman El Ferdaous. Au Palmeraie Country Club, on dresse un bilan plutôt positif, mais on craint l'avenir. 

 

Ce 24  janvier, la salle de réunion  du Palmeraie Country Club Bouskoura est bondée. Ils sont une cinquantaine d’entrepreneurs opérant dans les domaines de la tech et de l’offshoring  à prendre part à l’Assemblée générale ordinaire de l’APEBI (Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring).

L’occasion pour la présidente de la Fédération, Saloua Karkri Belkeziz, et son collisitier, Youssef El Alaoui, de dresser le bilan de l’année 2018 aux côtés de la guest-star du jour, le secrétaire d’Etat à l’investissement, Othman El Ferdaous.  Création de l’Agence du développement digital (ADD) avec 15 projets phares, lancement d’un pôle startup au sein de l’APEBI, et renforcement de la position numérique du Maroc à l’échelle africaine et mondiale sont autant de réalisations desquelles se félicitent les trois principaux intervenants lors de ce rassemblement.

Pourtant, lorsque vient l’heure de se projeter vers l’année 2019, le discours change radicalement. Manque de formation, fragilité des infrastructures, faiblesse de  l’investissement sont autant de maux qu’évoquent à l’unisson les acteurs du secteur.  Focus sur une activité qui pourrait être mise à mal par les différences entre décisionnaires et opérationnels.

Quand Rabat et Casablanca ne « parlent pas la même langue »

Premier grain de sable dans l’engrenage identifié par l’APEBI, le manque de programme de formation. Pour Amine Zerrouk, président du pôle offshoring au sein de la Fédération, l’urgence est de mise car « sur le plan de disponibilité des ressources et d’attrition, il existe de véritables problématiques. De nombreux projets doivent être stoppés en raison du manque de profils seniors expérimentés qui quittent le pays. C’est un véritable danger pour notre activité, » alerte-t-il. Pour remédier au problème, l’APEBI s’interroge sur la création d’un cadre légal pour accompagner les agences de chasseurs de tête ou mettre en place des mesures incitatives visant à conserver les talents sur le territoire.

Au problème de personnel, vient également s’ajouter celui de l’infrastructure. Une défaillance pointée par le secrétaire d’Etat à l’investissement lui-même : « Quand les chercheurs doivent tester leurs algorithmes pour des programmes informatiques et que le réseau et la connectivité disponible impliquent une attente de plusieurs heures pour obtenir les résultats, on comprend qu’ils veulent aller dans des pays qui leur offrent un meilleur cadre ».

Pour Othman El Ferdaous, la lenteur administrative et les difficultés relatives à l’instauration d’un cadre légal pour la numérisation des administrations et des entreprises constituent un autre frein au développement du secteur. « Les élites politico-administratives de Rabat ne parlent plus la même langue que les élites entrepreneuriales de Casablanca » constate le secrétaire d’Etat. « Pour des chantiers de cette envergureil faut adopter un organigramme, le faire valider, fixer des deadlines, recruter les gens… tout ça prend du temps. À Rabat, les choses prennent du temps, » poursuit-il.

« Franchement, on le vit mal. On galère, » nous confie un startuper présent sur place. « Quand on parle de startup, on parle de personnes jeunes, de nouveaux process et de leur mise en place rapide pour créer de la valeur. Ce n’est pas compris par tous. Avec mon entreprise, je travaillais sur un projet de biométrisation de la carte nationale au Maroc. L’Etat veut travailler sur le sujet et nous avons la technologie pour le faire depuis 2017… Mais pour présenter le concept, c’est déjà un combat pour le faire comprendre et accepter par les institutions, » déplore-t-il.

Deux mondes antagonistes

2019 sera pourtant l’année de mise en place du fameux « Startup Act  » par l’APEBI, visant à donner plus de place et de moyens aux jeunes pousses pour leur émergence sur la scène internationale et leur renforcement économique. A l’instar des 500.000 dirhams qui leur sont alloués pour les achats de biens et services à l’étranger. Mais au fond, « qui de mieux qu’une startup pour parler des problèmes des startups?  » disait un jeune chef d’entreprise lors de l’assemblée générale.

Une phrase qui résume à elle seule la principale difficulté sous-jacente du secteur : une dichotomie caractérisée par un écart de compréhension béant entre les preneurs de décisions et les principales entreprises concernées. « Il faut réduire le gap entre les institutions qui fixent les règles et les entreprises innovantes. Parfois, on sent que la sensibilisation aux nouvelles technologies est inexistante. On se retrouve sous le joug de gens qui ont les moyens de faire avancer les choses, mais qui ne sont pas technologiquement à jour, » nous confie un startuper présent sur place.

Le principal problème soulevé par les jeunes entrepreneurs lors de cette rencontre est le manque de formation de qualité pouvant amener à l’émergence d’une réelle scène technologique innovante dans le pays et apte à assurer une transition numérique à la hauteur des ambitions annoncées. « On parle régulièrement de fuite des cerveaux. Certes, mais majoritairement, ce sont des personnes qui sont spécialisées sur des technologies vieilles de 5 à 10 ans. Il faut surtout recadrer la formation actuelle pour qu’elle apporte de la valeur, car aujourd’hui, elle n’en apporte pas. Il n’y a pas de cursus sur l’intelligence artificielle, ni dans le traitement d’image par exemple. Commençons déjà par là » déplore notre interlocuteur.

 

Telquel

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