Yawatani
Suite à l'entretien qu'ont réalisé nos confrères de l'économiste avec M. Mourad Wahba, il en ressort quelques éclaircissements sur le rapport du PNUD 2007/2008 et du classement lié à l'IDH.

· La défaillance de l’enseignement est liée aux précédentes politiques - L’Economiste: La publication du rapport du Pnud 2007/2008 pour le développement humain est assez humiliante pour le Maroc. Qu’en pensez-vous?
- Mourad Wahba: Humiliante par rapport à quoi? Il faut tenir compte des conditions du pays dans les domaines économique, social et politique. Ces données diffèrent d’un pays à l’autre. En clair, il est inutile de comparer l’incomparable. En classant les pays en fonction de l’indice de développement humain (IDH), le Pnud mesure la capacité des pays en matière de croissance économique et l’évolution de son PIB dans l’amélioration des conditions de vie de sa population.
C’est ce qui ressort de la différence entre le classement en fonction du PIB par habitant et celui lié à l’IDH.

- Mais en l’absence de cette comparaison on ne peut mesurer l’efficacité des politiques menées par le pays…
- L’IDH ne mesure que les résultats. Il ne s’intéresse ni de près ni de loin aux politiques des pays membres de l’ONU. Les statistiques sur lesquelles se base le Pnud sont d’ailleurs fournies par les administrations locales concernées. Il n’y a pas d’évaluation préalable des actions menées en amont.

- A quoi sert l’IDH, si la comparaison entre les pays n’est pas valable?
- Il ne s’agit pas de comparer. Ce qui serait humiliant, c’est de ne pas réagir suite à leur publication. Le classement lié à l’IDH et le rapport du Pnud dans sa globalité doivent servir de base pour l’élaboration d’un rapport spécifique pour chaque pays membre. Ce document véhicule la vision locale du développement humain. Il sert aussi pour mesurer les inégalités régionales en termes de qualité de vie au sein du même pays.

- Cette démarche donne l’occasion aux pays membres de contredire vos résultats…
- En établissant ce document, les autorités locales dressent un bilan de la situation sociale locale. Sur la base de ces données, il est facile d’élaborer une stratégie d’amélioration des conditions sociales. C’est là où nous pourrons intervenir en accompagnant ces stratégies.

- Vous ne pouvez donc pas recommander directement des actions, sur la base du rapport?
- Nous ne pouvons pas nous substituer aux autorités locales pour l’élaboration des politiques sociales. C’est à eux de déterminer leurs propres stratégies sociales. De plus, notre intervention ne peut se faire qu’en concertation avec eux. Ils peuvent nous demander un apport de savoir-faire dans les dossiers qu’ils jugent prioritaires pour le développement social et régional. Mais cela ne peut se faire que si le climat de confiance s’installe entre les deux parties. C’est ce qui fait la différence entre les représentations de l’ONU de par le monde. Chacune agit en fonction des politiques locales.

- Alors en matière d’IDH, le Maroc est-il bon élève?
- Je ne suis pas en mesure de commenter la situation en l’absence de rapport national. Le rapport du Pnud n’est qu’un constat de la réalité. Il ne peut servir à analyser la situation.

- Il suffit de lire la prestation marocaine au niveau de l’IDH pour constater son énorme retard au niveau de l’enseignement. Comment expliquez-vous cette situation?
- Parfois de simples critères sont responsables de la baisse du taux de scolarisation. A titre d’exemple, la séparation des toilettes dans les collèges joue un rôle déterminant pour éviter la déperdition scolaire des filles. Ceci dit, les réformes de l’enseignement ne donnent pas leurs fruits instantanément. Les résultats constatés dans le dernier rapport émanent de politiques menées dans le passé. Ce n’est pas le cas des politiques sanitaires ou fiscales, par exemple, dont les impacts peuvent être mesurés à court terme.

- Qu’en est-il des inégalités sociales flagrantes qui sont aussi responsables de la mauvaise prestation du Maroc?
- C’est un phénomène complexe qui résulte de plusieurs problèmes économiques et sociaux. Il s’agit entre autres de la sécheresse, du chômage, de la structure du marché du logement et même de la pression fiscale sur les ménages. Encore une fois, il nous faut une étude locale pour cerner le problème et lui trouver les solutions adéquates.
- La classification du Pnud se limite à l’espérance de vie à la naissance, l’alphabétisation et la scolarité, ainsi que le PIB par habitant. Pourquoi vous n’intégrez pas d’autres critères qui peuvent être significatifs?
- Ce sont les trois critères indispensables pour garantir un niveau de vie décent à l’ensemble de la population. Chacun d’eux compte pour le tiers dans le calcul de l’indice global du développement humain. Ce dernier n’est pas le seul critère analysé dans le rapport du Pnud. Le document classe les pays membres de l’ONU en fonction de 35 autres critères, sociaux, économiques et politiques. Cette analyse donne une vision globale sur la qualité de vie dans tous les pays du monde.

- En dehors du classement, le rapport s’attarde trop sur les questions environnementales. Qu’est-ce qui explique la focalisation sur ce problème?
- L’idée n’est pas de faire un document généraliste. Le Pnud choisit chaque année un sujet précis et le détaille dans son rapport du développement humain. Le thème doit correspondre au contexte socioéconomique mondial. A noter que le dernier rapport couvre deux années, 2007 et 2008. On ne sait pas encore si on produira un autre pour l’année prochaine.

Source leconomiste.com

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