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Si l’on suit le raisonnement de Ahmed Lahlimi, le PIB du Maroc gagnerait potentiellement trois points par an, simplement en corrigeant l’inadéquation existant entre la croissance et l’investissement.

La croissance économique du Maroc pourrait se situer globalement entre 7 et 8% en moyenne annuelle. Des chiffres qui, à en croire le Haut-commissaire au Plan, seraient réalisables. En effet, si l’on suit le raisonnement de Ahmed Lahlimi, le PIB du Maroc gagnerait potentiellement trois points par an, simplement en corrigeant l’inadéquation existant entre la croissance et l’investissement. Explications…

Une inadéquation évidente…

Lors d’une rencontre sur «Le rendement de l’investissement au Maroc», organisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) hier, mercredi 13 janvier à Rabat, M. Lahlimi a été, comme à son habitude, clair et concis. Selon lui, le pays est sujet à une inadéquation entre l’investissement et la croissance qui n’évoluent pas à la même vitesse. «Depuis le début des années 2000, l’investissement s’est accéléré au Maroc jusqu’à tripler, ce qui a permis au capital physique de s’accroître annuellement de 6,2%», a relevé M. Lahlimi. Et de poursuivre : «Cette évolution favorable on la retrouve également dans le capital disponible par personne active, et par conséquent, c’est une amélioration de la productivité globale de l’économie, à laquelle s’ajoutent toutes les réformes à caractère économique, sociétal et institutionnel qui ont été réalisées». Tout cela concourt à une amélioration très forte de la productivité de l’économie. «Cependant, malgré cela, quand on compare ce qui est investi et ce que donne la croissance, nous trouvons que nous sommes moins performants que d’autres pays en développement», déplore M. Lahlimi.

Plusieurs facteurs en jeu

«Le manque à gagner en matière d’investissement est dû au fait que nous sommes toujours dans la phase d’investissement en infrastructures, ce qui ne pourra être rentable qu’après un certain temps. A cela s’ajoute le fait que le facteur humain et le facteur institutionnel manquent au rendez-vous, doublés de problèmes de gouvernance», relève le haut-commissaire au Plan. Et d’ajouter qu’ «Il faut que les investissements soient inclus dans une vision globale et soient cohérents les uns avec les autres. En effet, les investissements sont concentrés sur les services, or il y a des secteurs importants qui concourent énormément à la valeur ajoutée nationale, mais, qui ne reçoivent pas les investissements au même niveau». Pour lui, c’est le cas de l’agriculture dont le taux d’investissement fléchit de 13% par an et celui de l’industrie est resté stationnaire alors que le taux d’investissement dans les services a gagné 10 points. «Nous sommes arrivés à un point où nous devons restructurer notre économie et revoir notre modèle de croissance. Il n’est pas normal que l’agriculture qui produit une grande part de la valeur ajoutée du pays ne réinvestisse pas une partie de cette valeur ajoutée», relève M. Lahlimi.

La recette de Lahlimi

«La transformation des structures économiques au Maroc, confortée par les intensifications capitalistiques dans l’agriculture et l’industrie, tout en étant accompagnée par la poursuite de l’accumulation du capital humain et l’amélioration de la gouvernance, permettraient, à terme, des gains de croissance de plus de 3 points», a précisé le haut-commissaire au Plan. Et de conclure : «Dans cette perspective, la croissance économique potentielle du Maroc devrait se situer globalement entre 7 et 8% en moyenne annuelle».

Ce que Ahmed Lahlimi recommande

Le Maroc est appelé à poursuivre le processus d’accumulation de son capital physique. C’est ce que revendique Ahmed Lahlimi en livrant l’étude sur le rendement du capital physique au Maroc. «Il ne faut jamais être tenté de résoudre les contraintes du financement de l’économie par la baisse de l’investissement au lieu d’une politique favorable à l’amélioration de l’épargne nationale», précise le haut-commissaire au Plan.

Et de poursuivre que «quel que soit le rendement de l’investissement, l’amélioration de l’intensité capitalistique accroît la productivité du travail et, partant, la richesse nationale, l’emploi et les revenus». En se basant sur les recommandations de M. Lahlimi, le Maroc est appelé à revisiter l’allocation sectorielle des investissements afin de valoriser les larges marges de croissance et d’emploi disponibles dans des secteurs où les taux d’investissement sont en deçà de leur contribution à la valeur ajoutée nationale.

«Ceci est de nature à engager le pays dans une réforme profonde de ses structures économiques et une ouverture sur un nouveau modèle de croissance donnant aujourd’hui des signes évidents d’essoufflement», explique M. Lahlimi. Notons qu’une analyse en benchmark du niveau d’accumulation du capital au Maroc montre que le Royaume n’a pas encore atteint le niveau observé dans d’autres pays comparables. A titre d’exemple, l’intensité capitalistique de la Turquie représente deux fois celle du Maroc. Celles de la Corée du Sud et de la Malaisie sont respectivement de 6,3 et 3,5 fois supérieures que l’intensité capitalistique du Maroc.

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