Yawatani

Entretien avec Najat Bensalem

«Pour gagner ma vie, je continue de vendre des cigarettes à l’unité»

 

ALM : Que représente pour vous le fait que «Rajae Bent El Mellah», qui retrace votre propre histoire, soit présente parmi les films présentés lors de cette édition?

Najat Bensalem : Le film continue d’impressionner là où il est projeté, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. Abdelilah Eljaouhari et moi-même étions très fiers de l’accueil chaleureux qui lui a été réservé au vingt-troisième FICMT. Ceci bien que le film n’ait pas été programmé en compétition officielle de cette édition. J’étais aussi très touchée par l’élan de sympathie et d’encouragement du public tétouanais envers ma personne. «Rajae Bent El Mellah» m’a également donné l’occasion de découvrir Tétouan. Sa programmation précédemment dans d’autres festivals m’a permis de voir d’autres villes qui en raison de mon appartenance à un milieu très défavorisé je n’aurais jamais pu visiter. 

Qu’est-ce que vous devenez après le succès de «Rajae Bent El Mellah» ?

C’est vrai que ce film m’a permis de renouer un petit moment avec le monde du cinéma et continuer de bénéficier du soutien et de l’amitié de son réalisateur Abdelilah Eljaouhari. J’ai eu depuis mon apparition dans «Rajae Bent El Mellah» plusieurs promesses des cinéastes de participer dans leurs films. Je n’ai jusqu’à présent reçu aucune proposition pour me relancer dans le cinéma. J’ai plein de talent et je reste confiante en mes capacités d’interpréter n’importe quel personnage qu’on me propose de jouer. La preuve que mon premier rôle au cinéma, à travers «Raja» réalisé en 2003 par Jacques Doillon, m’a permis à l’époque de décrocher le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Marrakech et être distinguée la même année au Festival de Venise. Mais pour gagner ma vie, je continue de vendre des cigarettes à l’unité dans les rues de Marrakech. Et quand mon budget le permet, j’achète des légumes pour les revendre au marché de Marrakech.

Ne pensez-vous pas que le film «Raja» a été un porte-malheur pour vous ?

Personnellement, je pense que le film a eu beaucoup de messages à passer à travers le personnage de Raja, employée chez un riche étranger. «Raja» m’a montrée au public et m’a permis aussi de dévoiler mes talents au cinéma. Sans parler bien sûr des deux grandes distinctions que j’ai obtenues grâce à ce film à Marrakech et Venise. Et les scènes osées que comporte «Raja» et que les gens continuent par ignorance de me reprocher ne sont pas réelles, mais des trucages faits pour les besoins du film.

Y a-t-il, à votre avis, moyen d’améliorer vos conditions de vie loin du cinéma ?

C’est vrai que je mène une vie difficile. Mais rien ne peut m’empêcher de continuer à aimer le cinéma. J’avais l’habitude d’aller pendant mon enfance à la Maison des jeunes à Bab Doukkala de Marrakech. Je me rends souvent, et malgré les réprimandes de mes parents, pour y pratiquer le théâtre et le chant. Je sens cette passion grandir en moi d’année en année en dépit de la vie difficile que je continue de mener. Mon cas  n’est pas unique. Certains artistes vivent dans la misère et n’arrivent pas à rompre avec la scène artistique. Pour mon cas et comme jeune Marrakchie, j’appelle à travers votre publication les autorités locales à m’aider à ouvrir un kiosque pour pouvoir gagner ma vie dignement.

 

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