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- Mokhtar Larhzioui : Que se passe-t-il aujourd’hui dans le monde des médias au Maroc, et à 2M en particulier ?

Salim Cheikh : Il est important d’abord et en premier lieu de procéder à un diagnostic de la situation, ce qui nous conduira à parler de l’historique de la chaîne. 2M a eu un parcours unique depuis 23 ans qu’elle a vu le jour. D’abord privée, 2M est devenue ensuite publique, et toutes ces années, elle a joué un rôle déterminant dans l’édification de la société marocaine, une société attachée à son authenticité mais en même temps tolérante et ouverte sur l’extérieur. Tel est donc le rôle global de 2M et c’est cela qui a encouragé l’Etat à intervenir et à employer la chaîne dans la construction de la société.

Pendant ces années, 2M a accumulé un ensemble d’expériences qui lui ont permis d’être le miroir des Marocains, qui reflète leur diversité ; de fait, chacun se retrouve dans la chaîne, tant il est vrai qu’il n’y a pas un public monolithique, mais des publics qui ont chacun des attentes qui leur sont particulières.

Nous savons aussi que depuis 15 ans, avec le lancement des stations satellitaires, il existe une sorte de mondialisation de la télévision, et donc une concurrence entre les différentes chaînes. Au Maroc, ce sont environ 800 télévisions qui sont regardées par le public et 2M s’insère au milieu de ces centaines de stations et y tient un rôle particulier. Son audimétrie atteint 27%, mais pour comprendre ce chiffre, il nous faut revenir aux données de l’Eurodata qui ont été publiées en 2012 et qui font ressortir que sur 5.800 télévisions réparties sur 100 pays, 2M occupe la 29ème place et le pôle public, qui atteint un audimat de 40%, se positionne à la 16ème place. Pour le monde arabe, l’Egypte est seconde, avec 19%, et l’Algérie, 10%. Lorsqu’on parle d’audimétrie, il faut avoir ces données présentes à l’esprit : en France, le service public attire 31% des téléspectateurs, en Italie, c’est un taux proche du nôtre, et la BBC totalise 43% de parts d’audience.

J’ai voulu faire ce diagnostic pour établir que 2M a joué un rôle primordial dans le pôle public audiovisuel ; cela ne signifie bien entendu pas que nous sommes parfaits ; nous menons une autocritique permanente de notre action et nous sommes dans sa perpétuelle amélioration.

- Une petite précision concernant les chiffres… On dit aujourd’hui que les raisons du recul de 2M en termes d’audience reviennent au peu de cas que la chaîne a fait de ses cahiers des charges…

Techniquement et pratiquement, l’audience de 2M en 2008 était de 21%, et en 2012, elle est montée à 27%. Les données sont là et Marocmétrie, avec Eurodata, confirment ces chiffres. C’est cela, le point de départ et les acquis sur lesquels nous nous basons. Maintenant, vous me demandez ce qui est en train de se produire.

Ce qui arrive, c’est que nous sommes à une nouvelle étape, avec l’adoption d’une nouvelle constitution, l’arrivée au gouvernement d’une nouvelle équipe et un paysage médiatique qui évolue. De grands défis sont là, qui nous attendent. Et c’est dans cette conjoncture que les cahiers des charges sont tombés. Cela entre certes dans les attributions du gouvernement, mais la coutume veut que ces documents soient établis dans un cadre participationniste mais plus encore, un cadre collectif où il y aurait un débat entre ministère et professionnels, avec un diagnostic des différents articles des cahiers des charges afin d’arriver à un modus vivendi. Cela s’intègre donc dans ce que l’on peut qualifier de bonne gouvernance et implique une meilleure productivité, elle-même fondée sur un respect mutuel entre les intervenants.

Or, cette fois, ce qui s’est produit, c’est qu’il y a eu une phase d’écoute, d’auditions. Nous avons reçu les gens du ministère et nous avons présenté un bilan des anciens cahiers des charges, et le ministère de son côté a reçu les professionnels et a écouté ce que nous avions à dire. Mais le problème est que n’avons pu avoir accès au projet de cahier des charges, que nous avons demandé à consulter, avant de nous heurter à un refus.

- Vous avez demandé le projet ?

Oui, nous l’avons demandé. Je l’ai personnellement demandé.

- Et cela a été refusé ou alors vous n’avez pas eu de réponse ?

Non, notre demande de consulter les cahiers des charges a été clairement et explicitement rejetée.

- Et comment cela a été justifié ?

On nous a dit qu’il y avait une inquiétude quant à la possibilité de fuites ou d’indiscrétions, bien que nous ayons été impliqués dans les anciens cahiers du fait que nous sommes concernés au premier plan. Ensuite, nous avons pu faire une lecture partielle du texte, à hauteur d’environ 20%, quelques heures seulement avant son adoption par la HACA. Plus précisément, le 29 mars, vers 19 heures, nous avons commencé l’étude des cahiers, sachant qu’ils devaient être examinés par les Sages de la HACA le lendemain à 16 heures. Dans ces conditions, il est difficile de parler d’approche participative, et il est difficile aussi de comprendre un texte de cette nature dans un laps de temps aussi court, et donc, il semble impossible de présenter des propositions ou des amendements.

- Je voudrais comprendre quelque chose qui revêt une grande importance à mes yeux : Ce comportement a-t-il concerné la seule 2M ou l’ensemble du pôle public ?

Cela a été le lot de tout le monde. Il faut comprendre une chose importante : La loi confère au gouvernement le soin d’élaborer des cahiers des charges qui doivent être entérinés par la HACA, mais la bonne gouvernance et la logique la plus élémentaire que nous avons toujours adoptées dans notre travail devaient être maintenues.

- Très bien, vous avez donc reçu ces fameux cahiers dans ces conditions de forme, mais qui ont leur importance… Quel a alors été votre première réaction ?

Notre première réaction, qui est toujours d’actualité, est d’abord et avant tout professionnelle : nous sommes au service de la politique gouvernementale, de la mise en œuvre de la constitution, de l’application des lois sous l’autorité de la HACA. Le premier pas fut d’abord l’examen des cahiers des charges que nous avons reçus un dimanche ; et le lendemain, lundi, nous avons commencé le travail en tenant des réunions qui se sont poursuivies pendant 10 jours, 10 jours durant lesquels nous devions comprendre le contenu du document, évaluer son coût financier et son impact sur la programmation, ainsi que les ressources humaines nécessaires pour le mettre en pratique. Nous avons ensuite entamé la formulation de nos propositions, toujours dans le cadre de réunions ininterrompues. Alors, aujourd’hui, pourquoi disons-nous cela ? Nous ne refusons pas ces cahiers de charges mais en tant que professionnels, nous avons des observations importantes, fondamentales. A ce niveau, nous nous devons de faire part de nos idées, d’expliquer à l’opinion publique les conséquences des documents du ministère et, éventuellement, de tirer la sonnette d’alarme. Cela est mon rôle, mon job, mais il n’est absolument pas dans mes habitudes d’intervenir dans la politique du gouvernement ou d’exprimer mes idées et mes convictions sur les valeurs ou les orientations. Ce sont là des choses qui se discutent entre politiques, dans la cadre de la loi et de la constitution. Mon rôle professionnel se limite à donner mon avis sur la manière dans laquelle ont été élaborés les documents, sur leur contenu et sur la philosophie qui les sous-tend.

- Comment pouvez-vous expliquer, techniquement, mais simplement, la portée de ces cahiers des charges ?

D’abord, la philosophie. D’un point de vue formel, nous considérons, nous, professionnels, que la façon retenue pour travailler porte atteinte à nos attributions. Les documents entrent dans des détails et évoquent des points qui nous laissent penser que nous ne sommes pas devant de simples cahiers des charges, mais bel et bien une grille de programmes. Pourquoi dis-je cela ? Parce que les horaires des émissions sont précisés, ainsi que leurs natures, leurs durées et leurs formats, ce qui confère aux cahiers des charges une autre nature qui se rapproche plus d’une vision programmatique que de simples objectifs ou de stratégies auxquelles nous pourrions contribuer pour apporter de l’attractivité aux programmes et faire parvenir au public les messages souhaités.

- Des exemples ?

Commençons par les informations. Quand les cahiers des charges précisent que tel, ou tel autre, bulletin doit être diffusé à une heure donnée, que pourrons-nous faire alors en cas d’évolution de la concurrence ou des habitudes des téléspectateurs ? Il faudra retourner au ministère et demander un amendement aux cahiers des charges, nécessitant un parcours bureaucratique assez ardu, et je ne connais pas beaucoup de pays au monde qui travaillent de cette manière, même France Télévisions ou la BBC ne travaillant pas comme cela. En revanche, nous trouvons dans ces pays de grandes orientations, de larges visions, mais qui laissent les professionnels les concrétiser à leur façon, quittes à s’en expliquer par la suite. Prenons le cas des émissions de débats… les cahiers des charges prévoient ces débats dans le cadre de tables rondes faisant intervenir des sociologues et des hommes de religion. Alors, nous posons la question : discuter de société et de phénomènes et de problèmes sociaux se déroule-t-il de cette manière, de cette seule manière ? N’est-ce pas dépassé ? Est-il vraiment nécessaire d’entrer dans tous ces détails et d’identifier les participants à ces débats ? Il y a là une symbolique qui nous donne en tant que professionnels, et je parle ici en technicien qui a reçu l’avis de ses collègues lors de dizaines de réunions, l’impression d’une certaine forme de mise sous tutelle, de non-reconnaissance du métier des uns et des autres, et d’atteinte à la créativité. Cela va à l’encontre des us et coutumes en la matière. S’il s’était agi de cahiers des charges d’une compagnie aérienne, aurions-nous précisé les horaires des décollages ou les couleurs des tenues du personnel navigant ? L’exemple est un peu audacieux mais c’est exactement cela que nous ressentons, une sorte de perte d’autonomie des professionnels.

- Un grand débat est né aussi à propos des politiques linguistiques, avec en ligne de mire, comme principales visées, 2M, la langue française et la darija…

Je ne peux dire qui est visé de qui ne l’est pas, mais ce que je peux dire c’est que les télévisions publiques ne sont pas en charge de la politique des langues dans le pays. C’est la constitution qui pose les jalons en officialisant l’arabe et l’amazigh, en maintenant la diversité à travers les autres composantes de l’identité nationale, tout en assurant l’ouverture sur les autres cultures pour affirmer notre ancrage au monde extérieur. La constitution va plus loin en précisant que l’officialisation de l’arabe et de l’amazigh et leur emploi dans les lieux publics doivent faire l’objet d’une loi organique, et qui dit loi organique dit débat national. Et lorsqu’on parle d’espaces publics, on entend essentiellement les écoles et la télévision.

- Ne devrait-il pas y avoir un débat national sur ces sujets qui engageront le pays pour des dizaines d’années ?

Pour ma part, je considère que la constitution est extrêmement claire à ce sujet. Deuxième point, les parts de programmation linguistiques : 50% pour l’arabe, 30% pour l’amazigh et les autres expressions, et 20% pour les langues étrangères.

D’abord et avant tout, nous ne comprenons pas l’objectif des 50% pour l’arabe. Nous avons notre avis, le ministère a le sien, et la HACA a une troisième idée sur la question. Il faut préciser alors. Nous entendons dire qu’il s’agit d’arabe simple et simplifié mais quand nous entrons dans les détails, il apparaît donc que nous sommes face à de l’arabe soutenu, et on nous dit qu’il ne s’agit pas de classique, alors que nous pensons, à l’inverse, que c’est de l’arabe à caractère académique. Ainsi donc, l’arabe utilisé partout et par tout le monde n’est-il plus valable ? Et quand et comment programmer des fictions que nous produirions dans la langue commune aux Marocains ? Idem pour une émission de société, où la placer, quand la programmer ? Je ne peux décemment pas demander aux invités d’un plateau de s’exprimer dans « une langue arabe simple mais pure ». Nous nous posons donc des questions sur cette langue qu’évoquent les cahiers des charges. N’oublions pas les dangereuses conséquences de faire des programmations dans une langue autre que celle parlée dans les chaumières car nous risquons de perdre la proximité qui est la nôtre et donc de voir se contracter nos parts d’audience. Pour les langues étrangères, nous avions un bulletin d’informations diffusé en prime time, mais les cahiers des charges estiment que ces informations ne doivent plus passer aux moments des pics d’audience ; très bien, mais si vous les décalez du 12h45 et du 20h45, quand alors les programmer ? A 16 heures ? Il ne nous reste plus que le bulletin de fin de soirée, mais cela, s’il ne signifie pas la suppression de ces bulletins d’informations en français, porte à croire à une volonté de marginalisation. Nous ne donnons pas là un avis, mais nous faisons un simple constat sur cette marginalisation qui point à l’horizon.

- Le ministre justifie cela par la concurrence potentielle des télévisions étrangères dans ces tranches horaires, et qui s’exprime par une baisse d’audience sur les chaînes marocaines.

Le bulletin d’informations en français de 2M est complémentaire de celui, en arabe, de la Première. Les deux diffusent presque simultanément leurs informations, et on nous dit que les gens émigrent sur al Jazeera. Très bien, revenons encore une fois aux chiffres. Les audiences cumulées des deux chaînes nationales pendant les infos sont de 4,5 à 5 millions de personnes et à la même tranche, ce sont 500.000 personnes qui regardent al Jazeera, et ce chiffre a culminé à 600 ou 700.000 aux plus forts moments du printemps arabe. Je ne critique pas la concurrence d’al Jazeera, mais il faut savoir que cette chaîne est thématique et spécialisée dans les informations ; si nous voulons tenir la concurrence avec elle, alors il faudra définir une stratégie intégrée car al Jazeera n’est pas seule dans le paysage audiovisuel mondial. Il y a en effet 800 télévisions regardées par les Marocains et nous, en conséquence, nous devrons être présents sur tous les fronts, les informations, les loisirs et la fiction. Et puis n’oublions pas que le bulletin d’infos en français de 2M joue un rôle de liaison avec l’étranger, les Marocains du monde et nos amis dans les autres pays. Et voilà que nous avons la surprise de nous entendre qualifier de lobby francophone ; c’est faux et c’est contraire à la réalité car la programmation en français ne dépasse pas 20% de la diffusion, et aussi parce que depuis quatre ans, nous avons marocanisé la chaîne en baissant la part de nos productions étrangères qui représentaient 70 à 80 % des programmes. Par quoi cela a-t-il été remplacé ? Par des produits nationaux. La qualité de ces productions est certes perfectible mais c’est du 100% marocain. L’accusation de lobby est donc totalement infondée.

Ce que nous revendiquons aujourd’hui est un débat sérieux et effectif, qui prenne le temps qu’il faut, car nous sommes à une période charnière de l’histoire de notre pays.

- Le ministre soutient qu’il ne s’agit là que de grandes lignes, par exemple concernant les programmes… En d’autres termes il semble vous dire de programmer tant d’émissions et en telle quantité, mais leur contenu vous appartient…

Prenons les débats sociétaux que nous diffusons aujourd’hui ; sommes-nous obligés de leur garder le même format ? Evidemment non. Aujourd’hui, ce sont des débats, des enquêtes ou des reportages, quand ce ne sont pas des émissions de coaching. Cela signifie que nous privilégions les formats les plus attractifs pour parler des mêmes sujets. Par exemple, le sujet des boissons alcoolisées et de leurs conséquences négatives peut être abordé en faisant intervenir des gens qui parlent sur un plateau, et nous réaliserons 10% de parts d’audience, mais si nous entrons dans les foyers et que nous traitions du cas d’alcooliques chez eux, nous ferons 40%. C’est ce choix qui nous a été retiré aujourd’hui à 2M. On me rétorquera qu’on peut faire les deux, mais est-il sage, et possible, de répondre simultanément aux exigences des cahiers des charges du ministère et de 2M ? Il aurait été plus simple de tracer les stratégies et de nous laisser toute latitude de décider comment les mettre en œuvre; cela aurait été la logique et la maturité mêmes, quitte à nous en expliquer a posteriori ou à apporter les justifications nécessaires a priori.

- 2M diffusera les horaires de prière et les cérémonies des fêtes religieuses ?

C’est une décision que personnellement j’applaudis des deux mains. Nous sommes un pays musulman et donner les horaires des prières est en effet important.

- Est-ce vraiment nécessaire, sachant que d’autres chaînes diffusent les prières et les fêtes religieuses ?

C’est un service normal dans un pays musulman et je n’ai absolument aucun problème, ni aucune réserve, à faire cela.

- Et les publicités de jeux de hasard et de la loterie ?

D’abord, il faut préciser que nous sommes une chaîne qui travaille dans le cadre de la loi. Ces publicités étaient diffusées par le passé, conformément à la loi et rien ne s’est fait de manière illégale. Ensuite, 2M ne se donne pas le droit de s’exprimer sur une publicité à diffuser ou pas. Cela est le rôle des cahiers des charges, de la loi et du gouvernement. Tout ce que nous avons dit est que la suppression de ces publicités aura un impact économique important, surtout qu’il n’y a pas que ces publicités qui aient été interdites par les cahiers des charges, et tout cela intervient à une période de crise du secteur de la communication, au niveau mondial et chez nous aussi. Et cette crise est historiquement la plus importante qu’ait connu ce secteur.

- Que dire de la question de l’identité de la chaîne ?

Sur ce point en particulier, il me semble que les cahiers des charges ont défini de manière que je qualifierai d’unilatérale l’identité de 2M comme étant une chaîne régionale culturelle et de débats. Tout cela est bien et ces objectifs sont certainement nobles, mais voilà, peut-on décider de changer l’identité d’une chaîne sans prendre l’avis de ceux qui y travaillent ? Sans prendre en considération son histoire, les conséquences de la nouvelle identité sur le public et son impact sur les parts d’audience. Les cahiers des charges prennent comme exemple France 3, mais cette télévision est particulière, fonctionnelle et s’adresse à un certain type de public ; il est normal que l’intérêt soit moindre que pour une chaîne généraliste. J’ai parlé tantôt du rôle historique de 2M qui a de tous temps essayé d’établir un équilibre entre les différentes fonctions et missions d’un service public, culture, informations, loisirs et divertissement, émissions sociétales, enquêtes. Si on s’en tient aux nouvelles règles, le divertissement va être entièrement supprimé, bien qu’il soit très important pour n’importe quelle station généraliste ; il ne reste plus que les émissions de loisirs à destination des enfants. C’est un point de vue, et nous, nous sommes en droit de nous interroger : Voulons-nous faire de 2M une chaîne fonctionnelle où le divertissement n’a pas, ou plus, sa place ? Voulons-nous une chaîne triste, morne ? Pensons-nous réellement être la seule télé au monde ?

Lorsque nous parlons de stations généralistes, nous parlons en même temps d’équilibres précis, quotidiennement arbitrés en fonction des avis des téléspectateurs et des professionnels mais aussi en fonction des parts d’audience. Et le danger aujourd’hui est de ne plus prendre ces avis en compte; un autre danger est celui d’interdire des publicités et de réduire le volume des autres, en même temps que de changer la nature de la mission de 2M, réduisant d’autant son audience. La chaîne verra donc fondre ses ressources financières. Ainsi, si on considère que le modèle économique de 2M est fondé sur ses recettes publicitaires, alors nul doute que tout cela ébranlera sérieusement les équilibres de l’entreprise dans son ensemble, une entreprise qui connaît déjà de sérieuses difficultés. Notre équilibre est aujourd’hui dans une situation plus que précaire et il aurait été possible d’éviter cela avec un peu de retenue dans les décisions.

- Sommes-nous en train d’assister à la fin de 2M, telle que nous l’avons toujours connue ?

Je ne suis pas un défenseur de l’immobilisme ou un chantre de la stagnation. Le monde évolue et nous devons aussi évoluer, mais seulement après un diagnostic précis, effectué d’une façon collective, avec des objectifs communs. Afin d’évoluer sans rien casser.

- Un ministre, Nabil Benabdallah, a demandé une révision de ces cahiers de charges. Quel est votre avis ?

Honnêtement, je parle en tant que technicien. Je laisse donc les débats politiques aux politiciens.

- Concrètement, quelle est l’étape suivante après que vous ayez fait part des avis des professionnels ?

Pour moi, le problème de l’application des nouvelles règles ne se pose pas. Une fois les cahiers des charges publiés au bulletin officiel, nous serons tenus de les mettre en œuvre, en tout esprit professionnel, et avec l’enthousiasme et l’énergie nécessaires. Cela ne se discute même pas. Mais notre rôle est de livrer nos impressions, et au gouvernement d’agir par la suite comme il l’entend.

- Vous avez rencontré le ministre la semaine dernière. Lui avez-vous dit tout cela ?

Oui, dans le détail.

- Comment a-t-il réagi ?

Il a écouté.

- Et ?…

Rien, il n’a fait qu’écouter, et jusqu’à l’heure présente, je n’ai reçu aucune réponse à mes remarques, sachant que par ailleurs, je n’ai que respect pour le ministre et pour l’homme. Je ne personnalise pas car je parle d’une institution qui s’appelle 2M et qui est le bien commun de tous les Marocains.

- Dernière question : Vos propos ne vous coûteront-ils pas votre poste, à moins que vous n’accordiez aucune importance à cela ?

2M est plus grande que la personne de Salim Cheikh. 2M à une histoire, des acquis et 750 personnes qui y travaillent, un effectif que je considère comme le meilleur du monde arabe dans ce domaine. C’est une chose que les gens ne savent pas mais j’en suis intimement convaincu. Les fonctions ne sont pas importantes, pas tant que le fait d’exprimer son avis en tant que professionnel, dans le cadre de ses attributions, et en dehors de tout jugement de valeurs. Je parle métier, et rien d’autre que métier.

Propos recueillis par Mokhtar Larhzioui

AL Ahdath Al Maghribiya

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