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Le système déserté par la classe moyenne à aisée. Des univers scolaires parallèles se développent et seulement 8% des élèves sont dans des écoles en équilibre social
 

 

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En matière de mixité sociale, le Maroc fait figure du plus mauvais élève. Sur 50 pays couverts par l’enquête internationale Pirls 2016, il enregistre la plus grosse part d’enfants fréquentant une école où les couches défavorisées sont dominantes. Le pays compte, aussi, le taux le plus faible d’enfants dans des écoles en équilibre social, ou dans des établissements où les classes aisées sont majoritaires

Une école pour les riches et la classe moyenne, et une deuxième pour les pauvres. La première, payante, forme en majorité les futurs cadres et élites, tandis que la deuxième, publique, en faillite et peu attractive, perd près de 70% de ses élèves avant le bac.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles environ 27,5% des jeunes de 15 à 24 ans sont lâchés dans la nature (HCP, 2016). On ne les retrouve ni à l’école, ni dans une formation, ni en entreprise. Ces «nini» représentent une population de près de 1,7 million de personnes, mal cernée et peu connue.

D’année en année, cette triste réalité devient encore plus vraie. Tous les parents possédant un minimum de moyens leur permettant de se payer une meilleure scolarité pour leurs enfants n’hésitent pas à abandonner le système public. Non par choix, mais par obligation. En dix ans, la part du secteur privé dans le primaire et secondaire a pratiquement doublé. Elle est passée de 7,4% des effectifs en 2007-2008 à 13,7% en 2017-2018. A Casablanca, un enfant sur trois du primaire est inscrit dans une école privée.

Nous nous retrouvons donc avec deux catégories sociales évoluant dans des univers cloisonnés. «Les jeunes Marocains vivent désormais dans des mondes éducatifs parallèles, délimités par la capacité financière de leur famille», fustige la Banque mondiale dans son mémorandum économique 2017 sur le Maroc.

L’organisation y dénonce une «véritable fracture scolaire», l’école, au lieu d’être un ascenseur social, tend à «reproduire les inégalités, en fonction de l’origine socioéconomique des parents». Pour l’institution, le système éducatif marocain fait partie des plus inégalitaires au monde. «Or, tous les pays ayant réussi à relever le niveau de leur capital humain, tels que la Corée du Sud, Singapour ou la Finlande, se sont appuyés sur un primaire de qualité pour tous, presque à 100% public», souligne le rapport.  

Les dernières enquêtes internationales ont permis d’établir ce recul impressionnant de la mixité sociale dans l’école marocaine (voir illustrations). Pirls, la célèbre enquête évaluant le niveau des élèves de 4e année du primaire en lecture et compréhension, menée tous les cinq ans, en fait partie. L’édition 2016 a couvert 319.000 élèves de 50 pays, dont 11.000 écoliers marocains, scolarisés dans 360 écoles.

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Le Maroc compte 84% d’enfants scolarisés dans des écoles où les couches défavorisées sont dominantes, selon l’enquête Pirls 2016, menée auprès de 50 pays. La moyenne internationale est trois fois inférieure (29%). Uniquement 8% sont dans des établissements en équilibre social, alors que la moyenne internationale est de 33%

Le Maroc y participe depuis 2001. Selon Pirls, 84% des élèves marocains sondés sont scolarisés dans des écoles où les couches défavorisées sont dominantes. C’est le taux le plus élevé de l’échantillon. Le Maroc enregistre, en outre, la plus faible part d’enfants inscrits dans des établissements en équilibre social (8%), ou dans une école où les couches aisées sont majoritaires (8%).

Selon l’enquête internationale Timss 2016, évaluant les performances des élèves en maths et sciences, les enfants de 4e année du primaire fréquentant des écoles où la classe aisée est dominante enregistrent un score supérieur de 77 points en maths, et de 100 points en sciences. Par ailleurs, l’origine sociale influence les performances scolaires.

Plus le grade professionnel du père ou du tuteur de l’élève est important, plus son score s’améliore. En mathématiques, par exemple, il passe de 373 pour un élève de 4e année du primaire, dont le père n’a jamais travaillé, à 418 pour un élève dont le père est directeur d’une entreprise ou haut cadre.

En attendant la réforme, un statu quo s’est installé. Mais à terme, cette situation risque d’être très lourde de conséquences sur le plan social (voir articlepage suivante).

L'économiste

 

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