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Difficile de savoir combien de combattants ont quitté leur pays pour rejoindre les rangs de l’organisation État Islamique, mais des estimations parlent de plus de 30.000 personnes.

Avec les récents revers militaires de Daech en Syrie, en Irak ou encore à Syrte en Libye, la question se pose de façon urgente: où vont aller ces combattants étrangers? Rentrer dans leur pays d’origine? Se réfugier dans d’autres zones comme le Sahel?

Ces questions sont parmi celles auxquelles ont réfléchi des spécialistes de sécurité venus du monde entier et réunis les 10 et 11 février à l'occasion du "Marrakech Security Forum". "Cette gestion des retours est capitale", explique Mohammed Benhammou, président du Centre marocain des études stratégiques (CMES), qui organisait ce forum sur la sécurité en Afrique. "Ce sont des personnes qui ont été en contact avec des groupes terroristes, qui directement ou indirectement, ont certainement été impliquées dans des activités terroristes et qui présentent un danger pour la sécurité des sociétés et des États, poursuit Mohammed Benhammou. 

Une problématique endémique

De nombreux pays sont concernés, a rappelé Ellen Laipson du Stimson Center, un institut de recherche basé à Washington, puisqu'une centaine de pays ont vu leurs ressortissants partir combattre aux côtés de Daech. La Tunisie, l'Arabie Saoudite et la Russie sont ceux d'où sont partis le plus de combattants, a précisé la spécialiste américaine. Moins touché, le Maroc n'est pas pour autant épargné: selon le CMES, 1.634 Marocains sont partis en Irak et en Syrie, 504 ont été tués et 284 sont rentrés et ont été arrêtés.

"Plus la défaite annoncée de Daech deviendra une réalité, et plus la dissémination de ces combattants deviendra un danger. Il faut donc s’y préparer dès maintenant", estime Kader Abderrahim, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Son collègue Olivier Kempf, directeur de publication de la lettre d'analyse stratégique La Vigie, s'inquiète d'un possible "effet mercure": "L’État islamique a attiré des combattants du monde entier. Là, on est en train de le réduire, donc d’éclater cette masse de mercure qui va se disperser en plusieurs gouttelettes dans le monde entier, probablement dans les pays d’origine de ces combattants. L’inquiétude, c’est que comme le mercure, les gouttelettes ne restent jamais seules, elles ne restent jamais éparses. Elles risquent toujours de se ré-agglutiner, de reformer masse. Et on risque de voir un réamalgame et donc la constitution d’un nouveau foyer, d’un nouveau sanctuaire".

Olivier Kempf précise que les trois-quarts des combattants étrangers venant de pays arabo-musulmans, on peut imaginer que ces pays vont devoir composer avec ces "revenants", qui "pourraient décider de reprendre la lutte là où ils sont".

Que faire?

L'une des premières difficultés est de repérer ces combattants. "Il y a aujourd’hui un grand travail qui doit être mené en terme d’identification", explique Mohammed Benhammou. Cela implique notamment de savoir qui a été tué et qui est encore actif, ou encore de démasquer les usurpations d'identités de personnes tuées. Or "tous les pays n'ont pas une idée claire de qui est parti", ajoute le président du CMES, qui insiste sur un autre défi: la traçabilité de ces individus. Le renseignement est donc une arme essentielle.

"Une bonne coopération entre les services à l'échelle internationale est nécessaire", conclut Mohammed Benhammou, qui constate "encore une difficulté à mettre en place une coopération internationale profonde dans un contexte où le renseignement garde une grande dimension de souveraineté, teinté d'un secret qui malheureusement risque parfois d'être nuisible à la sécurité des autres". Il faut donc "renforcer la coopération inter-services et sortir de certaines guerres de services", estime-t-il. 

Cette coopération progresse pourtant, à en croire Frank Hoppenheit d"Interpol: l’Organisation internationale de police criminelle, qui regroupe 190 pays, a aujourd’hui pu lister 14.000 combattants étrangers partis rejoindre les rangs de Daech.

Que faire ensuite des combattants repérés et arrêtés? "Les deux mécanismes sur lesquels il faut impérativement s’appuyer pour lutter contre cette menace éventuelle, c’est le recours au droit et à la justice", estime Kader Abderrahim de l'IRIS. "Si des gens reviennent de zones de guerre, explicite le chercheur, et que l'on a des preuves à avancer, alors évidemment, la justice entre en oeuvre. Mais c'est une question très nouvelle, y compris pour les juristes. Il n'y a pas de loi qui interdise d’aller se battre à l’extérieur de son pays pour défendre des idées qu'on estime légitimes". Au Droit de s'adapter, face à une situation qui a évolué. 

Kader Abderrahim donne l'exemple de la France qui n'a jamais été confrontée auparavant aux cas de "jeunes Français qui partent à l'étranger et qui sont susceptibles de tuer d'autres Français". Il a ainsi fallu introduire dans le Droit cette nouvelle notion afin qu'une fois de retour, ces gens tombent sous le coup de la loi. 

"Au Maroc, il y avait des vides juridiques mais qui ont été comblés et l'arsenal juridique permet aujourd'hui de gérer ces retours par la voie légale", indique pour sa part Mohammed Benhammou.

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