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Le parti islamiste a obtenu une victoire écrasante dans les grandes villes du Maroc à l'issue des élections communales et régionales du 4 septembre. Et il se positionne en force pour les législatives de 2016.

« Ceux qui redoutent un raz-de-marée islamiste doivent se calmer. Nous n’allons pas islamiser les villes où nous avons remporté la majorité. Nos priorités sont : éducation, santé et lutte contre le chômage », lance d’emblée Mustapha El Khalfi, membre du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), également ministre de la communication.

Au lendemain de la victoire écrasante de la formation dirigée par Abdelilah Benkirane dans les grands centres urbains à l’issue des élections du 4 septembre, les responsables du parti assurent que leurs objectifs resteront toujours sociaux. Pas d’atteinte aux libertés individuelles. Pas de recul sur les acquis des citoyens. « Mais il faudra respecter les lois en vigueur ! », préviennent-ils. Selon les statistiques provisoires du ministère de l’Intérieur, le PJD a remporté 174 sièges sur 678 dans les conseils régionaux (25,6 %), suivi du PArti authenticité et modernité (PAM) qui obtient 132 sièges (19,4 %) et de l’Istiqlal, en 3e position avec 119 sièges (17,5 %). Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a obtenu 90 sièges (13,27%), le Mouvement populaire 58 sièges (8,55%) et l’USFP 48 sièges (7,08%).

Le PJD, qui dirige la majorité gouvernementale depuis 2011, a ainsi réussi à déjouer tous les pronostics qui prédisaient son usure au pouvoir. À l’issue de ces élections du 4 septembre, et à la grande surprise des observateurs, il a triplé son score de 2009 (5,4 % des sièges, 6e place), et se place, de fait, comme le favori des élections législatives qui seront organisées l’année prochaine au Maroc.

Percée du PJD dans les grandes villes

Le scrutin communal du 4 septembre annonce « une normalisation » de l’image des islamistes dans le royaume chérifien, quatre ans après le mouvement de contestation populaire de 2011 qui avait amené le roi du Maroc à réformer la Constitution. « Au moment du printemps arabe, les gens ont voté pour nous par souci de stabilité et pour lutter contre la corruption. Aujourd’hui, les votes massifs que nous avons récoltés dans les grands villes répondent au succès de notre politique de réforme menée au niveau du gouvernement et qui a le plus bénéficié aux populations des villes : réforme de la caisse de compensation, les services de proximité, les marchés publics…», commente El Khalfi.

La percée du PJD dans les grandes villes montre que le parti s’est engagé sur la voie d’un islamisme urbain, tourné vers les classes moyennes, tout en gardant un prisme conservateur. D’un point de vue arithmétique, il peut diriger des villes comme Casablanca, Tanger, Fès, Kénitra, Meknès, où il a eu la majorité absolue. Mais il faudra attendre la première réunion des nouveaux bureaux pour savoir quels présidents seront élus. Dans les villes où il est arrivé premier comme Marrakech ou Rabat, le PJD mène actuellement des tractations avec ses alliés au gouvernement pour décider du nouveau maire (les partis d’opposition ayant rejeté toute alliance avec le PJD).

Le PAM, roi du monde rural

Si le parti islamiste a fait une razzia dans les villes, réussissant au passage à dégommer certains maires « indéboulonnables », comme l’Istiqlalien Hamid Chabat à Fès, ou le patron de l’Union Constitutionnelle (UC) Mohamed Sajid de Casablanca, il est en retrait dans le monde rural, largement dominé par son ennemi juré, le Parti Authenticité et Modernité (PAM). Ce dernier est le grand vainqueur des échéances communales, avec 21,1% du total des 31 503 sièges à pourvoir, suivi de l’Istiqlal avec 16,2 %. Le PJD n’arrive qu’en troisième position, avec 15,9 %.

Le PJD et le PAM sont désormais les deux formations-phares du paysage politique marocain, incarnant une bipolaristaion à la fois territoriale (villes ou campagnes) et idéologique (conservateurs ou libéraux). Dans le rang des partis historiques, seul l’Istiqlal arrive à tirer son épingle du jeu en se plaçant deuxième dans les communales grâce, entre autres, à sa large couverture nationale. Quant à l’Union socialiste des forces populaires (USFP) de Driss Lachgar, son recul est saisissant. Le parti a ainsi perdu ses fiefs historiques de Rabat et d’Agadir, où il parvient seulement à subsister dans quelques arrondissements. La Fédération de la gauche démocratique (FGD) s’en sort honorablement pour un début d’expérience électorale avec une petite percée dans l’arrondissement Agdal-Ryad (Rabat) et ce, grâce à un travail de terrain de Omar Balafrej et son équipe. Un travail qui paiera certainement dans l’avenir.

Jeuneafrique

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