Yawatani

 

Le dernier rapport du SG de l’ONU Ban kimoon montre une sorte de pessimisme quant à la résolution du conflit du Sahara. 

Entretien : l’autonomie proposée par le Maroc mettra fin au calvaire vécu par les Sahraouis dans les camps de Tindouf

A quoi est dû ce pessimisme ?

Lahcen Mahraoui :Alors que le Maroc présente un projet historique et révolutionnaire car l’autonomie renforce la démocratie locale, garantit aux Sahraouis leurs droits politiques, économiques, sociaux et culturels et met fin au calvaire vécu par les populations de Tindouf, les autres parties (Algérie et Polisario) campent sur leurs positions et cherchent à conduire le processus de nouveau vers l’impasse et à faire perdurer indéfiniment le conflit.

Cette situation de blocage voulue par les autres parties nous rappelle celle qui prévalait en 2006. Dans son rapport au Conseil de Sécurité N° S/2006/249 du 18 janvier 2006, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, disait dans le chapitre Observations et Recommandations :

«Une fois que le Conseil de sécurité aurait reconnu la réalité politique selon laquelle personne n’allait obliger le Maroc à abandonner sa revendication de souveraineté sur le Sahara occidental, il se rendrait compte qu’il n’existait plus que deux solutions : la prolongation pour une durée indéfinie de l’impasse actuelle dans la perspective d’une réalité politique différente ou la tenue de négociations directes entre les parties. La première option a été rejetée par mon Envoyé personnel qui a estimé que la poursuite de l’impasse actuelle favoriserait la violence. Cette violence ne déboucherait pas sur l’indépendance du Sahara occidental mais condamnerait plutôt une autre génération de Sahraouis à grandir dans les camps de Tindouf. » Et dans sa résolution N° 1495 de 2003, le Conseil de sécurité avait averti sur le fait que l’absence de progrès continue à entraîner des souffrances pour les Sahraouis, demeure une source d’instabilité potentielle et fait obstacle au développement du Maghreb. Il y a donc vraiment de quoi être pessimiste !

 

Nombreux sont les Sahraouis qui quittent les camps de Tindouf pour rejoindre leurs familles au Maroc. A quoi est dû ce mouvement ? Pensez-vous qu’il va s’accentuer ?

La fuite des Sahraouis des camps de Tindouf vers la mère patrie ne date pas d’aujourd’hui. Depuis l’annonce par feu Hassan II que la patrie est clémente et miséricordieuse, quelques milliers de Sahraouis qui étaient séquestrés à Lahmada ont pu déjouer la surveillance de la junte militaire polisarienne et des services de sécurité algériens et rejoindre ainsi la mère patrie. Parmi eux on trouve de nombreux dirigeants du Polisario. Ce phénomène s’est encore accentué ces derniers jours. En moins d’un mois, plusieurs groupes constitués pour la plupart de jeunes qui n’ont connu que les camps de Lahmada ont rejoint la mère patrie. Dès cette annonce royale, on ne devrait plus parler de réfugiés mais bel et bien de séquestrés.

A quoi est dû ce phénomène ?

Ce phénomène est naturel, il est lié à de nombreux facteurs. Les conditions de vie à Lahmada sont insupportables été comme hiver, l’éloignement, les séparations familiales et la durée extrêmement longue de ce conflit. Une autre explication de ce phénomène est l’opposition systématique des responsables du Polisario à la solution d’autonomie proposée par le Maroc car cette situation de refus représente pour les populations de Tindouf l’éloignement de toute perspective de résolution dans un avenir proche.

Personne ne veut rester dans cet enfer, mais que faire quand on est totalement encerclé par la milice du Polisario, par la gendarmerie et l’armée algériennes ? Que faire quand on est séparé et sans nouvelles depuis plusieurs années de ses propres enfants sous prétexte qu’ils sont scolarisés dans un pays ami lointain ou quand on compte dans sa famille des personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas supporter la fuite ?

Qu’est-ce que cela veut dire pour le Polisario ?

Cela veut dire que le Polisario ne peut pas continuer indéfiniment à séquestrer les gens et que, tôt au tard, il faudra bien qu’il se mette à l’évidence et mette fin à cette séquestration qui n’a que trop duré.

Le Polisario est de plus en plus contesté à l’intérieur même des camps de Tindouf. Quelles sont les différentes positions que l’on peut recenser dans ce cadre ?

Le Polisario a toujours été contesté mais personne ne pouvait afficher cette contestation par crainte de la prison, de la torture ou de la mort. Depuis plus de trois décennies, rien n’a changé à Tindouf, les mêmes slogans, la même pensée unique, le même parti unique formé par les mêmes dirigeants devenus maîtres dans l'emploi des techniques modernes de la manipulation des masses et de la démagogie. En somme, c’est le mensonge et le totalitarisme qui n’admettent, par définition, aucune opposition.

Aujourd’hui, trente-cinq ans plus tard, la population dans les camps commence à en avoir assez de ce système qui vieillit, qui n’a jamais respecté ses promesses, qui n’a rien apporté aux Sahraouis, qui détourne l’aide internationale et dont les dirigeants s’enrichissent de plus en plus. C’est dans ce cadre que nous avons vu la naissance en Espagne d’un mouvement opposant à la direction du Polisario, le «Khat Achahid», qui conteste aujourd’hui la légitimité du Polisario à représenter les Sahraouis des camps et, par voie de conséquence, sa légitimité à négocier une solution de ce conflit avec le Maroc. La crise par laquelle passe le Polisario aujourd’hui, totalitarisme, clientélisme, détournement de l’aide internationale, manque de perspective quant à l’issue du conflit, manque de liberté de mouvement et d’expression dans les camps, le conflit ouvert avec la fraction Laâyaicha (tribu R’Guibat), le chômage des jeunes diplômés, ne peut conduire qu’ à des soulèvements comme celui qu’ont connus les camps en 1988.

 La question des droits de l’Homme a longtemps été exploitée par le Polisario contre le Maroc, alors que la situation des droits de l’Homme est très critique dans les camps. Le Maroc a-t-il raté quelque chose en communication, laissant l’initiative au Polisario ?

 Le Maroc est le pays arabo-musulman et africain qui a le plus avancé dans le domaine des droits de l’Homme lors de la dernière décennie. Il s’est doté d’un important dispositif institutionnel de nature juridictionnelle, consultative ou de médiation pour assurer la reconnaissance, la protection et la promotion des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Toutes ces avancées, font face à une propagande orchestrée par le Polisario, financée par l’Algérie et dont les acteurs sont malheureusement des Marocains eux-mêmes, des «séparatistes de l’intérieur », qui profitent du climat de libertés qui règne actuellement au Maroc pour faire de la provocation, pour chercher par tous les moyens à s’enrichir, à se créer de la notoriété, et qui usurpent le statut de militant des droits de l’Homme. En effet, s’ils étaient de vrais militants des droits de l'Homme, ils prendraient position contre toute situation allant à l'encontre des droits fondamentaux de l'Homme, et ce quel que soit le point du globe concerné, et donc notamment dans les camps de Tindouf et en Algérie.

 Pour répondre à votre question je pense qu’effectivement il faudrait, tout en avançant dans la concrétisation de ces droits humains sur le terrain, élaborer une stratégie de communication efficace qui viserait, d’une part, à mettre en évidence les avancées enregistrées et à mettre ainsi l’accent sur les évolutions du pays pour amplifier la revalorisation de notre image à l’étranger et, d’autre part, il faut une communication non pas agressive mais percutante pour faire perdre son impact à la propagande menée par le Polisario et l’Algérie et minimiser ainsi les dégâts collatéraux causés par celleci.

Il y a un proverbe qui dit : «Celui dont la maison est en verre doit se garder de jeter des pierres aux autres». Les domaines d’atteintes des droits de l’Homme, dont les responsables sont le Polisario à Tindouf et le pouvoir algérien sur l’ensemble du territoire algérien, sont très nombreux. Nous les connaissons, à nous donc de les faire connaître auprès de la communauté internationale à l’aide des témoignages de ceux qui en ont été victimes ! Donner des faits concrets, montrer ce qui s’est passé et se passe encore dans les camps. Ceci pourrait pousser le pouvoir algérien à cesser ces atteintes aux droits de l’Homme et à indemniser ceux qui ont en été victimes.

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Lahcen Mahraoui : Docteur en physiologie et physiopathologie de la nutrition humaine de l’Université Paris VII (Doctorat obtenu en 1994), Lahcen Mahraoui est auteur de nombreuses publications scientifiques portant sur les résultats de ses travaux de recherches à la fois fondamentale et appliquée. Il est aussi enseignant universitaire de pharmacologie. Membre fondateur en France du Comité de soutien aux otages marocains en Irak, il est membre fondateur et Président du GERES (Groupe d’étude et de recherches des écologistes sahariens, http://www.geres-asso.org); membre fondateur et porte-parole de l’Association des tribus sahraouies marocaines en Europe (1998) ; président de l’Association de biologistes «BIOMATEC» depuis 1996, membre fondateur et président de l’association Synergie - Ile de France. Il est décoré par S.M Le Roi Mohammed VI en 2000 du Wissam Al ISTIHKAK ALWATHANI (Classe Exceptionnelle). Nommé par S.M. Le Roi Mohammed VI, membre du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes en mars 2006.

 Source :

PAR HAKIM ARIF, Observateur du Maroc

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