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Ce mercredi 14 octobre, la majorité s'est réveillée groggy. Le secrétaire général du PAM, parti de l'opposition, a été élu mardi à la tête de la Chambre haute grâce aux voix … de la majorité. Pour l'Usfpéiste Mohamed Al Achaari, c'est véritablement « un coup dur». « Avec ce qui s'est passé, la majorité est encore plus fragilisée. En même temps, et c'est le plus inquiétant, ce qui s'est passé révèle une crise profonde du monde politique. Les règles de conduite de la majorité et de l'opposition sont complètement brouillées. Ce qui risque fortement de porter préjudice au politique et sa crédibilité. Toute cette confusion n'est vraiment pas bonne pour la démocratie », soutient cet ancien ministre de la Culture, volontiers présenté comme l'idéologue du parti de la rose.


L'élection de Mohamed Cheikh Biadillah au perchoir signe visiblement la fin d'une première mi-temps et probablement la fin de l'état de grâce pour un gouvernement dirigé par l'Istiqlal. Le plus vieux parti marocain a beau minimiser l'événement, la majorité a eu mal à sa cohésion et vient peut-être de voler en éclats. Parce que la consigne de vote qui était celle de soutenir le RNI Benkeddour n'a pas été respectée. Nabil Benabdallah, membre du bureau politique du PPS, est formel : il n'y a pas eu de discipline de vote. « Cela pose question au niveau de l'homogénéité de la majorité même si ce qui vient d'arriver n'est que le résultat du processus électoral que nous venons de vivre, avec des élections locales, provinciales, régionales où il n'y avait ni opposition ni majorité. Maintenant toute la question est de savoir si la majorité arrivera à se souder autour d'un vote commun. L'épreuve des textes risque d'être celle du feu », s'inquiète ce dirigeant du parti des anciens communistes.


Dans la famille politique du Premier ministre, on préfère minimiser. « Mais le président de la Chambre des conseillers est soumis à des dispositions constitutionnelles et réglementaires : il est le président de tous les conseillers, qu'ils soient de l'opposition ou de la majorité », tient à préciser le conseiller Ansari, également membre du comité exécutif de l'Istiqlal. Cet avocat dans le civil ne se fait aucune inquiétude : la stabilité de l'Exécutif n'est pas menacée. « Difficile d'envisager une motion de censure lorsque l'on sait qu'elle nécessite la signature des 2/3 des membres de la Chambre haute. Personne ne peut se targuer de pouvoir réunir les 2/3 des conseillers pour faire tomber le gouvernement. De plus, il ne faut pas perdre de vue que ce n'est pas la première fois que la deuxième Chambre est présidée par l'opposition. En 1997, Jalal Essaïd, à l'époque figure de proue de l'Union constitutionnelle, occupait le fauteuil présidentiel », rappelle M. Ansari.


La Chambre des conseillers fera-t-elle tomber le gouvernement de Abbas El Fassi. Même si personne ne le pense vraiment, le personnel politique ne cache pas ses inquiétudes quant à l'avenir de la politique en terre marocaine. «Le PAM affiche ses ambitions pour 2012, il n'y a pas aujourd'hui de catastrophe annoncée, le premier ministre peut être rassuré. Mais moi en tant que citoyen, je ne le suis pas vraiment », affirme Mohamed Al Achaari.
Invité de Hiwar, émission de débat politique diffusée mardi soir sur Al Oula, le ministre en charge des Relations avec le Parlement, l'Istiqlalien Saad Alami, a eu les mots pour fustiger la pratique politique. « Où allons-nous ? Quelle crédibilité nous restera-t-il ? Comment réconcilier les citoyens avec la politique et comment, surtout, réhabiliter le politique ? », s'est interrogé ce cacique istiqlalien tout en apprenant à l'opinion publique que deux partis de la majorité, le RNI et le MP, ont déclaré officiellement leur alliance stratégique avec le Parti Authenticité et Modernité.


Après un été électoral caniculaire, la rentrée politique se place sous le signe de toutes les surprises, y compris les plus mauvaises. « Rien ne semble arrêter aujourd'hui le PAM qui est grand vainqueur des dernières élections. Premier partout, jusqu'à la Chambre des conseillers. Reste à savoir si ce parti saura attendre jusqu'en 2012 ou s'il fera preuve d'impatience et précipitera le changement », conclut ce politique blanchi sous le harnais.
(Jeudi 15 Octobre 2009).


Ecrit par : Narjis Rerhaye, Libération



 

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