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Mohammed VI et Emmanuel Macron ont parlé du mouvement de contestation rifain lors d’un entretien à Rabat le 14 juin, parmi d’autres sujets de politique africaine, régionaux, et économiques.

Au cours d’une très courte intervention devant la presse le 14 juin au Palais des hôtes royaux, entre un entretien avec Mohammed VI "qui a duré plus longtemps que prévu" et un "ftour familial" à la résidence royale, Emmanuel Macron a été interrogé sur sa perception du mouvement de contestation dans le Rif. Le président français qui effectue les 14 et 15 juin une rapide "visite de travail et d’amitié" au Maroc a indiqué qu’il avait lui-même évoqué le sujet "dès le début de la visite, de manière très directe et naturelle". Tout en précisant qu’il n’a pas "à tenir de jugement sur un sujet de politique intérieure", Emmanuel Macron livre en fait des éléments inédits de la perception du roi sur le sujet, alors que celui-ci ne s’est encore jamais exprimé publiquement sur la question.

"J’ai senti d’une part que le roi considérait qu’il était légitime et normal qu’il y ait des manifestations qui sont d’ailleurs prévues dans le cadre du droit constitutionnel, et d’autre part que son souhait était d’apaiser la situation en répondant aux prémices de ces mouvements en apportant une réponse complète, une considération à cette région, et des réponses très concrètes en termes de politiques publiques", a déclaré Emmanuel Macron. Sur cette question, le président français a adopté un ton sensiblement plus précautionneux, et ses yeux balayaient plus fréquemment ses notes que sur les autres sujets.

"La discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression quelle qu’elle soit, mais plutôt l'impression d’une réponse dans la durée et sur les causes profondes", a-t-il poursuivi. "J’ai trouvé le roi préoccupé par le sort de cette région qui lui est chère et où il a pour habitude de passer du temps, ce qui est d’ailleurs une pratique qu’il a inaugurée," conclut le président.

Au programme des discussions entre les deux chefs d’État, un autre foyer de tensions: celui qui s'est déclaré dans le Golfe entre l’Arabie saoudite et le Qatar ainsi que leurs alliés. Emmanuel Macron et Mohammed VI se sont tous deux entretenus avec les parties prenantes et le président français "a pu constater que le roi du Maroc partageait sa préoccupation" d’aller "vers une désescalade pour la stabilisation de la région" d’une part, et de "clarifier tous les liens et financements de groupements terroristes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent" d’autre part.

"Nous n’avons aucun intérêt à ce qu’il y ait des tensions en particulier entre l’Arabie saoudite et le Qatar et plus largement entre les États qui se sont exprimés dans le cadre de conflit, d’abord parce que notre souhait est que le Golfe demeure calme et stable, ensuite parce que l’ensemble de ces États sont parties prenantes des crises que nous avons à connaitre, qu’il s’agisse de la Syrie ou de la Libye", a précisé le président français.

Sur le dossier libyen justement, Emmanuel Macron a indiqué qu’il avait échangé avec Mohammed VI pour "trouver les voies de stabilisation de ce pays qui est une préoccupation en termes de sécurité de la région". "J’ai vu un partenaire concerné, qui a la volonté de participer à nos efforts dans la stabilisation du Sahel et la volonté d’être très vigilant sur des foyers potentiels de déstabilisation en Afrique", déclare Macron.

La politique africaine a effectivement été au cœur des échanges du 14 juin. Alors que pour son premier déplacement de président en Afrique, auprès des forces françaises engagées au Mali, Emmanuel Macron avait eu l’occasion de mettre l’accent sur les "efforts de la France pour la stabilisation de la région" qui se traduisent notamment par une présence militaire en Afrique, le président de la République a, au Maroc, développé l’aspect économique de sa politique africaine, dans laquelle il souhaite faire du royaume un "partenaire".

Reconnaissant que "le Maroc a une diplomatie très active en Afrique" et "une implication croissante", Emmanuel Macron s’est dit "convaincu que la France et le Maroc ont aujourd’hui ensemble, en Afrique, une politique commune à conduire, qui consistera à développer — avec les entrepreneurs privés, avec les artistes, le monde éducatif et culturel — une forme de libération des sociétés partout où elles sont en train de s’épanouir".

Selon lui, "l’entrée du Maroc dans la Cédéao contribuera à faciliter cela". "Notre volonté commune est de développer un entrepreneuriat, de développer la croissance, une éducation, une politique énergétique qui permette un développement soutenable. Bien sûr, nos entreprises seront parfois amenées à être en compétition, mais il faut que nos stratégies soient, elles, cohérentes. Je pense que nous pouvons conduire dans la même direction des politiques africaines qui ne sont pas totalement similaires, mais dont l’objectif et les finalités sont largement partagés : la stabilité politique et démocratique, le développement des sociétés civiles et une croissance soutenable sur le plan environnemental. Cela suppose de déployer de grandes infrastructures de transport, des infrastructures énergétiques en particulier sur le renouvelable, et d’aider les sociétés civiles à se développer", a expliqué le chef d'État français.

Pendant que Mohammed VI et Emmanuel Macron s’entretenaient, leurs épouses Lalla Salma et Brigitte Macron visitaient l’exposition Picasso au Musée Mohammed VI de Rabat. Les deux couples devaient se retrouver ensuite pour un ftour "et poursuivre la discussion" à la résidence du roi, à Dar Salam. "Une visite à caractère privilégié, à la ressemblance de nos relations," résume Emmanuel Macron.

telquel

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