Ilan Berman: Le ‘Soft Power’ islamique du Maroc butera tôt ou tard sur une résistance idéologique

Dans une tribune intitulée ‘Morocco's Islamic Exports’ et publiée dans le bimestriel américain, mondialement connu, ‘Foreign Affairs’, Ilan Berman, qui est qualifié par CNN comme étant le meilleur expert américain, des affaires du Moyen-Orient et de l’Iran, a indiqué que le Maroc brille dans sa région, par sa stratégie complexe et élaborée, de lutte contre le terrorisme et qui le hisse à l’avant-garde du front de combat intellectuel contre, ce qu’il a qualifié de ‘Islam Radical’. 

L’expert US a expliqué que durant une décennie et demie, soit à peu prêt depuis l’intronisation du Roi Mohammed VI, le Maroc sous l’impulsion de son souverain chérifien et qui jouit d’une légitimité religieuse presque unique en son genre dans le monde arabe, et bien le royaume a su, à dosages utiles et ultra-précis, adopter, une à une, des réformes à caractères religieuses, comme la nouvelle Moudawana, qui a rétabli dans ses pleins droits, la femme ; et puis cette mise-à-niveau sociale de la femme a permis de l’instruire d’une mission impensable ailleurs dans le Monde Arabe : devenir une actrice majeure dans la vie religieuse du pays. Depuis, observe le spécialiste américain, des centaines de ‘morchidates’ sont à l'œuvre, dans tout le pays. 

Et puis le Maroc s’est attaqué aux discours religieux et à l’interprétation des textes sacrés, en lançant une refonte en profondeur de l’enseignement de l'Islam et a travaillé à démystifier, discréditer et délégitimer les interprétations radicales du Coran, produites par les groupes terroristes moyen-orientaux comme Al-Qaida et daech. 

Et en suite, le royaume s’est lancé dans une entreprise encore plus ambitieuse, nécessaire et non moins compliquée : former les soldats de cette lute anti-radicalisme : les imams. 

Pour cela, souligne Ilan Berman, l’Institut Mohammed VI à Rabat, forme des imams du Maroc, de Guinée, de Côte d'Ivoire, du Nigeria, du Tchad, de Tunisie et de France et bientôt de Russie et du Sénégal. Le royaume, ainsi, finit de tisser un réseau de leaders religieux instruits dans différents pays, qui peuvent simultanément faire face aux forces extrémistes et à leur idéologie. 

Les différentes réformes religieuses et de droit, lancées par le Maroc comme l’autonomisation des femmes, la professionnalisation et la dépolitisation de la religion, l’enseignement d’un Islam vrai et tolérant et en fin la formation des Imams nationaux et étrangers, forment aujourd’hui un tout, les multiples couches d’une seule stratégie dont le but ultime est l’anéantissement des radicalismes au Maroc et dans ses zones exclusives d’influence, en Afrique et dans le monde arabe.