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Lors de la commémoration des 60 ans des FAR, le roi a insisté sur la formation religieuse au sein de l’armée. Un axe toujours prioritaire dans la lutte contre le terrorisme.

Le Maroc veut renforcer son arsenal contre le djihadisme, en adoptant une politique préventive contre l’influence que les mouvances terroristes pourraient être tentées de chercher. Samedi 14 mai, le Maroc commémorait le 60ème anniversaire de la création des Forces armées royales (FAR). A cette occasion, le roi Mohammed VI a adressé un « Ordre du jour » lu dans les différentes casernes du royaume. Le risque de radicalisation des militaires était au cœur du discours royal. Recrues de choix pour les groupuscules terroristes dans certaines zones de tension, de par leur savoir-faire dans le maniement des armes et leur expérience sur le terrain, les militaires sont, en plus d’être des cibles sensibles pour ces mouvances, un vivier de recrutement potentiel. « Nous avons à cœur de prémunir tous les membres de nos Forces Armées Royales contre les influences perverses et les polarisations contraires aux constantes religieuses de la nation marocaine », a ainsi rappelé le souverain, à l’occasion des commémorations.

Le roi appelle à mettre en place « une mise à niveau de l’orientation religieuse dispensée aux différentes unités de notre armée [visant] à améliorer la qualité de l’encadrement de proximité dont elles bénéficient, et ce, en coordination avec le ministère des Habous et des affaires islamiques. » Pour le politologue Mohamed Darif, une telle orientation n’est pas un fait inédit : « l’institution militaire a toujours été encadrée religieusement. On trouve toujours des officiers, ayant une formation religieuse, chargés de veiller à l’encadrement des militaires sur cette thématique. », nous explique-t-il.

Se prémunir contre la radicalisation éventuelle de certains militaires et  réaffirmer la volonté du royaume à former religieusement l’armée, s’explique pour ce spécialiste, par la situation ces dernières années, dans de nombreux pays arabes . « Actuellement, les risques sont multiples. Il y a eu des groupes islamistes qui ont établi leur stratégie sur le recrutement des militaires. » Et de citer l’exemple du parti de libération islamique (Hizb ut-Tahrir), fondé par la Palestinien  Taqiuddin an-Nabhani, dans les années 1950. « La stratégie de ce parti s’articulait à l’époque autour de l’institution militaire. Aujourd’hui, il compte encore des soutiens dans plusieurs pays arabes ».

L’exemple des autres pays arabes

Darif évoque aussi le cas du Soudan, où en 1989, le général Omar el-Béchir arrive au pouvoir par un coup d’Etat, fortement influencé par Hassan al-Tourabi, leader du mouvement islamiste des Frères musulmans. Un cas qu’aurait pu connaitre plus récemment l’Egypte, au moment de la destitution d’Hosni Moubarak en 2011 et l’arrivée des Frères musulmans, après que l’armée se soit emparée des pouvoirs exécutifs et législatifs. Mais dès les premières contestations, Mohamed Morsi et les Frères musulmans n’ont pu compter à nouveau sur l’aide et le soutien de l’armée. « En Egypte, les islamistes n’ont pas réussi à utiliser les militaires comme ils le souhaitaient. » explique Darif.

Selon Abdellah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales de l’université Hassan II de Casablanca, le risque de voir une menace interne au sein de l’armée semble extrêmement minime. « Depuis le début des années 2000 et la montée en puissance des mouvances terroristes, l’armée a non seulement appris à lutter contre les menaces extérieures mais aussi à préserver en son sein, un certain encadrement pour éviter toute forme de dérive de la part des militaires. » Selon le spécialiste, l’étude sur la radicalisation et l’extrémisme islamiste est entrée réellement dans le dogme sécuritaire et militaire. « Aujourd’hui, les mouvances extrémistes peuvent peut-être réussir à enrôler un individu, mais créer une infiltration au sein d’une armée comme l’armée marocaine, me parait inconcevable », nous confie-t-il.

Ainsi donc, les mots de Mohammed VI, prononcés dans les différentes casernes du royaume, à l’occasion du soixantenaire de la création des FAR, semblent davantage relever d’une volonté de poursuivre les efforts de protection de l’armée. Pour Mohamed Darif, il faut d’ailleurs « mettre le discours royal dans un contexte général lié au monde arabe ». « On a constaté qu’ailleurs, dans des pays proches idéologiquement et géographiquement, des ex-militaires soutenaient des radicaux. Dans ces cas de figure, on n’a pas réussi à encadrer suffisamment les militaires. »

Néanmoins, pour ce spécialiste, il ne faut pas oublier d’autres facteurs au moment d’analyser la supposée radicalisation de certains militaires : « Toute éventuelle radicalisation ou sortie de route n’est pas directement liée à la religion. Les groupes extrémistes sont riches, et certains deals, aux lourdes conséquences, peuvent être passés entre des militaires mal encadrés et des mouvances terroristes, mais la religion n’a rien à voir là-dedans. » L’encadrement religieux effectué au sein de l’armée a eu le mérite de porter ses fruits, le nombre de soldats arrêtés pour des liens avec des mouvances extrémistes étant resté très minime.

En janvier 2011 toutefois, le ministère de l’intérieur du royaume annonçait le démantèlement d’un réseau d’une vingtaine de personne liées à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et une saisie d’armes à Amgala, à 200 km de Laâyoune. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Taïeb Charqaoui, avait révélé quelques jours plus tard devant les médias que des militaires marocains avaient facilité l’entrée de ses armes dans le royaume, les services de renseignements  avaient permis l’arrestation de cinq soldats accusés d’avoir facilité l’introduction d’importantes quantités d’armes au Maroc.

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