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Les mineurs marocains qui errent dans le quartier de la Goutte d'Or, dans le nord de Paris, sont longtemps restés une énigme, jusqu'à ce qu'une étude permette de comprendre le parcours de ces adolescents originaires pour beaucoup de Fès ou de Casablanca.

 

Il s'agit "de jeunes, voire de très jeunes Marocains" (ou Algériens mais se présentant comme Marocains), "à partir de 10 ans", note l'étude de l'association Trajectoires publiée en avril dernier. Ils sont souvent "poly-consommateurs de substances psychotropes" tels que le cannabis ou les solvants, "exposés à de nombreux dangers car se livrant à des activités délinquantes fréquentes" comme le vol à l'arraché ou le deal, et "pouvant pratiquer des activités dangereuses" (prostitution).

Ces jeunes, en "errance prolongée", présentent "de multiples carences affectant leur capacité de socialisation et générant de la violence". "Ils ont la gale, des poux de corps, sont très carencés, avec des retards de croissance", souligne Chansia Euphrosine, du Centre d'action sociale protestante. Contrairement aux premières impressions, la grande majorité "ne sont pas des enfants des rues" et "ont une famille", même si "les liens sont distendus" par l'errance.

"Provenant de quartiers périphériques de Tanger, de Fès et de Casablanca, ces mineurs ont souvent été négligés ou délaissés par leur famille" avec un schéma classique: une mère employée du textile ou de l'agro-alimentaire, travaillant "près de 12 heures par jour" dans une ville où elle vit chichement. "Éloignées de leurs proches, ces femmes se retrouvent rapidement dépassées par certains comportements de leurs pré-adolescents, fragilisés par des recompositions familiales" ou "négligés du fait de leur naissance hors mariage".

Après s'être retrouvés "sur des parkings ou des terrains vagues", ces jeunes "descendent un soir, en groupe, dans les ports" de Tanger, Melilla ou Sebta pour tenter de passer en Europe "en se cachant dans un camion ou un camping-car". Les premiers "sont arrivés en Espagne à la fin des années 90" mais "à partir de 2008" leurs profils et destinations "se diversifient". En 2010, leur présence est signalée en Italie, en 2012 à Bruxelles et Berlin, en 2015 en Norvège, aux Pays-Bas...

En France, leur arrivée à Paris est "relativement récente" (2016) mais ils étaient déjà signalés dans des départements frontaliers de l'Espagne. Utilisant différents noms, ils "déclarent faire des allers-retours fréquents avec Montpellier (sud), Lille (nord) ou Marseille (sud)". "Les jeunes nous ont déclaré eux-mêmes qu'il venaient à Paris pour faire de l'argent et donc voler, tandis qu'ils pouvaient se rendre dans d'autres capitales européennes pour se reposer", explique Laetitia Dhervilly, chef de la section des mineurs au parquet de Paris.

"Au Maroc ils voient sur les réseaux sociaux des photos d'autres jeunes devant de belles voitures, avec des vêtements de marque, ils veulent faire pareil", ajoute Chansia Euphrosine. Selon Trajectoires, les plus âgés du groupe, installés depuis plus d'un an, utilisent "probablement" les plus jeunes pour leurs activités délinquantes, "renforçant la vulnérabilité de ces derniers".

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