Yawatani

Charlie Hebdo a publié un dessin, signé Riss, pour le moins choquant, où le petit Aylan est de nouveau utilisé pour une mise en scène abjecte.

Au nom de la sacro-sainte liberté d'expression, on peut manifestement, aujoud'hui, tout se permettre. Cette liberté, désormais par trop revendiquée comme un droit inaliénable qui fait allègrement fi de la dignité de l'autre, prend de plus en plus des allures de provocation aussi cruelle que violente.

La liberté d'expression n'est-elle pas d'abord un droit défendu pour le partage des idées, pour la promotion de la culture, pour une ouverture sur le monde, pour la mise en miroir de regards sur le monde qui nous ouvrent au monde et à sa diversité? Ce principe, qui fait partie des premiers droits fondamentaux de l'Homme, est devenu une vaste farce pour s'être dévêtu des valeurs qu'il est censé contenir. Le respect de l'autre n'en fait plus partie.

Et cette fameuse liberté d'expression, tel qu'on en use et abuse aujourd"hui, ne relève plus en rien, souvent, de la "libre communication des pensées et de opinions" mais de l'outrage, de la moquerie, de la subversion creuse, de l'humour sans âme, de la cruauté, d'une abyssale vacuité de conscience.

Se servir de la mort du petit Aylan pour évoquer les agressions sexuelles qui ont eu lieu, à Cologne, le soir du nouvel an, est d'une abjection sans nom. "Que serait devenu le petit Aylan s'il avait grandui? Tripoteur de fesses en Allemagne"? Tel est le dernier "hommage" rendu par Charlie Hebdo à ce petit garçon de 3 ans, retrouvé gisant, sans vie, sur une plage de Bodrum, en Turquie.

Ce petit enfant syrien qui avait mis le monde en émoi et qui vient faire, une fois encore, dans ce journal bel et bien "irresponsable" et malheureusement si fier de son irresponsabilité, l'objet, sans considération aucune pour sa famille ou ceux qui ont vécu la même tragédie, d'une caricature d'une violence inouïe. D'une caricature dégoûlinante de perceptions préjudiciables.

Tout le monde a été choqué par l'attentat qui a dévasté la rédaction de Charlie Hebdo. Le monde entier a témoigné sa solidarité. La question, je l'ai déjà posée dans le texte que j'ai écrit pour l'ouvrage collectif "Ce qui nous somme", dès la parution du premier numéro qui a suivi l'attentat et portait en couverture, encore, une caricature du prophète: "Qu’a-t-on fait de cet émoi, de cette solidarité mondiale?". 

La question se repose aujourd'hui. Si nous suivons la logique que ces "irresponsables", se servir des scènes sanglantes de la mort de Charb, Cabu, Wolinski et des autres victimes de ce massacre du 7 janvier 2015 en les mettant en scène dans des caricatures relèverait donc de la liberté d'expression.

En la circonstance, je ne peux m'empêcher de repenser à ces mots de François L'Yvonnet qui nous confiait, lors d'une interviews, le danger que représente un certain humour pour la démocratie. L'humour devenu une forme d'intégrisme où "le toupet est devenu audace, l'aplomb subversion critique".  

Yawatani.com et le360ma.

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