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· Performances budgétaires: Plus un effet dépenses que recettes

C’est un Abdellatif Jouahri en forme qui a animé, jeudi dernier, la conférence de Links sur l’après-crise. Toujours en verve, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) a fait preuve d’un esprit didactique pour expliquer les causes et les mécanismes de propagation de la crise financière, devenue par la suite économique, puis sociale. Le tout mêlé à un humour qui a arraché les applaudissements d’un auditoire totalement acquis. Hommes d’affaires, députés, patrons d’entreprises, universitaires et étudiants sont venus nombreux assister à un débat d’actualité. L’année 2009 tirera bientôt sa révérence. Quel aura donc été l’impact de la crise économique sur le Maroc?  Mais surtout comment peut-on appréhender l’après-crise? Au début de la crise, bon nombre de responsables politiques faisaient montre d’excès d’optimisme, affirmant que le Maroc allait être épargné. Mais au second semestre de 2008, l’inquiétude s’est installée. La crise s’est finalement propagée plus vite que prévu à l’échelle mondiale et a touché l’économie marocaine. Depuis, les retombées de la crise ont révélé les déficiences structurelles de l’économie marocaine.
Selon le wali de BAM, «ces défaillances concernent notamment la marge de manœuvre de la politique budgétaire, la faible compétitivité de l’économie, l’aggravation du déficit commercial, l’étroitesse du marché intérieur…».
Ainsi, la crise au Maroc s’est propagée à travers quatre principaux canaux macroéconomiques: les exportations de biens, les transferts des MRE, les recettes de voyages et les flux d’investissements extérieurs. «Toutefois, l’économie a globalement fait preuve de résilience par rapport à la crise», rappelle Jouahri. Selon le wali, plusieurs facteurs expliquent cette situation: un cadre macroéconomique sain, un système bancaire solide, un marché financier faiblement ancré à l’international, un compte capital partiellement fermé. Pour preuve, les compagnies d’assurances et autres OPCVM n’ont pas eu le temps d’investir à l’international.
En revanche, le patron de BAM, qui n’a pas l’habitude de mâcher ses mots, a mis le doigt là où cela fait mal! «Des sources de fragilité restent tout de même à surveiller», prévient-il. Parmi celles-ci, la volatilité d’une croissance agricole sujette aux aléas climatiques et caractérisée par une faible productivité.
Autre faiblesse pointée du doigt, les risques qui pèsent sur la position budgétaire. «Les résultats dégagés au niveau budgétaire ont été davantage impulsés par des actions au niveau des recettes et non pas par la maîtrise des dépenses», explique Jouahri, qui ajoute que «la baisse des recettes risque de compromettre la maîtrise du déficit budgétaire, contenu jusque-là dans une moyenne de 3% depuis 8 ans».
La balance des paiements constitue également le talon d’Achille de l’économie nationale. A l’origine, la faible productivité des entreprises, combinée à la faible valeur ajoutée des exportations.
La progression des importations a contribué à une aggravation du déficit commercial qui était de 25,1% du PIB en 2008. Des déficits sociaux de tous ordres expliquent la faiblesse de l’économie nationale. La crise dans le système éducatif a été évoquée par Jouahri en tant que déficit social majeur.
Autre déficit cité, le taux de chômage (9,6% en 2009) est jugé élevé. Pis encore, la pauvreté qui touche plus de 9% de la population, sans oublier les 17,5% qui vivent dans la vulnérabilité. Une chose est sûre pour le patron de la Banque centrale: «Il ne faut pas que le Maroc revienne au programme d’ajustement structurel (PAS)».
Pour éviter ce scénario, il va falloir entamer les réformes structurelles qui s’imposent. L’enjeu se situe au niveau de la recherche développement. Aux yeux de Jouahri, «il est aujourd’hui essentiel de créer un pôle R&D et d’améliorer la productivité du système éducatif». La priorité, selon lui, sera de mettre l’accent sur la définition du contenu et de la structure de la R&D avant même le déblocage des fonds, ainsi que le dépôt des brevets.

 



Stratégies


«Il est impératif d’accélérer les stratégies de sortie de crise pour remédier aux insuffisances structurelles révélées en 2009 et d’assurer une croissance forte et durable», recommande le wali de Bank Al-Maghrib. La réforme devra, selon lui, porter sur la préservation des équilibres macroéconomiques et l’accroissement de la compétitivité. Le réaménagement dans le domaine de la politique monétaire et de change est également à l’ordre du jour. Une réforme du régime de change est d’ailleurs déjà engagée. Le secteur bancaire et le système financier devront être consolidés. And last but not least, Jouahri propose au gouvernement d’entamer rapidement la réforme des politiques sociales.

Leconomiste.com

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