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En annonçant la création de 1500 emplois au Maroc, Axa France suit un mouvement initié par des entreprises françaises de plus en plus nombreuses à traverser la Méditerranée. «L’Argus» a voulu comprendre sur le terrain comment et pourquoi le royaume chérifien suscite un tel engouement. Photo illustrant l'Article «Lorsque nous nous sommes installés dans ce quartier il y a six ans, nous avions les pieds dans la boue. Il y avait seulement trois ou quatre immeubles construits», raconte volontiers Annie Chambaret, directrice des ressources humaines pour Phone Assistance Group, une société de prestation de services.

Arrivée tout droit de sa Corrèze natale, cette jeune femme dynamique ne s’est pas sentie seule très longtemps. Sur la route de l’aéroport, à l’entrée de Casablanca, des rues ont été dessinées, des bâtiments sont sortis de terre, des restaurants et des snacks ont ouvert pour former aujourd’hui le centre d’affaires très animé de Sidi Maarouf, entièrement dédié au secteur des services.

En levant la tête, on y découvre les enseignes d’Atos Origin, d’IBM ou encore de Vocalcom (société spécialisée dans l’équipement des centres d’appels). Le fabricant de matériel informatique Dell a installé son propre centre de relations clients pour la commercialisation de ses produits en France auprès des particuliers et des PME.

Les mêmes moins chers qu’en face

Également spécialisé dans les métiers de la relation clients, Phone Assistance a créé son premier centre d’appels en 2000. Sept ans plus tard, le groupe compte 1 000 positions, 2 500 salariés et ouvrira sa sixième plate-forme téléphonique à Casablanca dans le courant de l’année. Aux côtés de Phone Assistance, plusieurs sociétés françaises ont ouvert des filiales marocaines spécialisées dans la gestion de la relation clientèle.

C’est le cas de Webhelp qui, avec près de 3000 salariés et sept centres, est devenu en quelques années le premier employeur privé de Rabat. Un développement fulgurant à l’image d’un secteur en pleine explosion. À peine trois en 2001, les centres d’appels sont désormais une centaine et emploient près de 18000 personnes. Ce secteur affiche fièrement des taux de croissance de 30 % par an et devrait employer près de 30 000 personnes d’ici à 2009.

Les clients de ces centres d’appels sont, pour une large majorité, des entreprises françaises. Phone Assistance compte pour sa part une douzaine de grands comptes, dont le 118 218. Cette société de renseignements téléphoniques a choisi dès sa création en 2006 de s’appuyer sur des ressources marocaines. Les charmes du Maroc sont, il est vrai, considérables.

La proximité géographique et culturelle, et notamment l’usage de la langue française, l’absence de décalage horaire sont des atouts incontestables : « Les jeunes Marocains vivent naturellement à l’heure française. Ils regardent autant la télé marocaine que la télé française », fait valoir Annie Chambaret. Surtout, les salaires y sont trois fois moins élevés qu’en France et l’on travaille 44 heures par semaine.
« Nos clients cherchent à réduire leurs coûts tout en bénéficiant d’une prestation de service de qualité au moins équivalente à celle qu’ils trouveraient en France », résume Annie Chambaret.

On n’a pas le choix, nos clients l’exigent

Et pas question de s’en tenir aux centres d’appels. Plusieurs sociétés de conseil et d’ingénierie informatique ont délocalisé leurs services au Maroc. C’est Unilog qui, en s’installant à Rabat en 2004, a ouvert la voie. Cap Gemini est sur le point de lui emboîter le pas.

La filiale marocaine d’Atos Origin, qui répond depuis de nombreuses années aux besoins du marché local, a l’intention de réorienter une partie de son activité dans le domaine de l’« offshoring » (la délocalisation) : « De toute manière, nous n’avons pas le choix. Nos clients nous poussent à optimiser nos coûts en faisant stipuler dans leur contrat que la solution sera développée depuis le Maroc », explique Julien Feghali, directeur des opérations hors télécom d’Atos Origin au Maroc.

Une tendance qui pourrait s’accentuer, car le gouvernement marocain cherche plus que jamais à capter les investissements étrangers et à résorber le chômage de ses jeunes diplômés. Avec l’automobile, l’électronique, l’aéronautique, l’agroalimentaire, l’artisanat et le textile, la délocalisation de services a en effet été identifiée comme un secteur stratégique pour le développement de l’économie marocaine, décrit dans le plan Émergence 2006-2012 élaboré en 2005 par le cabinet McKinsey pour le gouvernement.

Véritable fer de lance de ce plan, Casablanca Nearshore Park est un parc entièrement dédié à la délocalisation de fonctions comme l’administration des ressources humaines, la comptabilité, la finance (domaines regroupés dans ce qu’on appelle le « Business Process Outsourcing », ou externalisation de processus métiers), l’assistance informatique, la gestion des applications, la surveillance des réseaux (ce qui est regroupé sous les termes d’« Information Technology Outsourcing », ou externalisation des systèmes d’information).

Il s’étendra sur 53 hectares et proposera 350000 m2 de bureaux et de services, comme une crèche, des banques et des restaurants d’entreprise. Installé devant son ordinateur, Cyrille Khalili, chargé de la commercialisation des bureaux de Casablanca Nearshore Park, montre fièrement les maquettes de la première tranche de 40000 m2 : deux bâtiments de verre de six étages chacun plantés au milieu d’espaces verts. « Les premiers bureaux seront livrés à la fin de l’année et il ne nous reste plus un seul mètre carré de disponible », affirme le jeune homme.

Paradis immobilier, administratif et fiscal

HPS, société marocaine spécialisée dans les solutions de paiement électronique sécurisé, le cabinet de conseil et d’audit Masnaoui Mazars, le groupe Logica CMG (technologies de l’information) et Akka Technologies (conseil et ingénierie en hautes technologies) ont déjà signé leur promesse de bail.

Selon le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’économie, d’autres réservations de bureaux seraient sur le point d’être formalisées : celles d’Accenture, d’Axa, de BNP Paribas, de France Télécom, de GFI Informatique, de Renault. Un engouement motivé par des conditions, il est vrai, imbattables : «Le loyer mensuel sera de 8 €/m2 pour la première tranche et une partie de la seconde, ce qui est inférieur de 30% à la moyenne des prix dans la même zone », détaille Cyrille Khalili.

Ce n’est pas tout, la plaquette de présentation du Casablanca Nearshore Park détaille l’offre de télécommunication : « Des prestations aux meilleurs standards internationaux pour 30% moins cher que les prix du marché. »

Sans compter une fiscalité très attrayante : pas d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, une exonération de charges sociales, une prime de 8000 € pour la formation des jeunes embauchés…

« Un guichet unique sera mis en place afin de faciliter les démarches administratives des entreprises qui souhaitent délocaliser leurs activités », complète Naïm Temsamani, directeur général de Casashore SA, qui gère le projet de Casablanca Nearshore Park. Seule condition pour profiter de ces avantages : les entreprises qui s’y installeront devront réaliser 70 % de leur chiffre d’affaires à l’export.

Pas de regrets, seulement des projets

Au total, le gouvernement marocain a prévu d’investir pas moins de 1,5 milliard de dirham (soit un peu plus de 130 M€) pour encourager les entreprises à délocaliser leurs activités et espère créer ainsi près de 100 000 emplois liés à l’« offshoring » d’ici à 2015. Vues de France, les ambitions marocaines inquiètent les syndicats, qui craignent que ce développement se fasse au détriment des effectifs français.

Des inquiétudes perçues par Direct assurance et Unilog, qui ont néanmoins décidé de pérenniser leur présence au Maroc. Ces deux entreprises ont accepté de nous ouvrir leurs portes et de nous raconter comment elles y ont développé une partie de leurs activités. La première, après deux ans d’expérimentation, maintient son installation à Rabat tout en continuant à recruter en France.

Chez Unilog, la volonté d’optimiser les coûts de production l’a également emporté. « Mais notre installation au Maroc nous a permis de décrocher des contrats que nous n’aurions jamais eus en étant installés uniquement en France », assure Jean-Bernard Rodriguez, DG d’Unilog Maroc.

Le Chiffre

La France, premier investisseur étranger au Maroc

65 000 personnes sont employées par près de 500 filiales d’entreprises françaises présentes au Maroc.

- Selon la mission économique de l’ambassade de France au Maroc, il convient d’ajouter à ce chiffre les très nombreuses sociétés marocaines créées et dirigées par des entrepreneurs français ou à capitaux français.
- La France est le premier investisseur étranger au Maroc.


Cet article est paru dans l’édition magazine de L'Argus de l’assurance du 09 mars 2007, n°7016, pages 34 à 40.

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