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Jeune. Virtuose. La pianiste marocaine Dina Bensaïd joue depuis l’âge de 4 ans. Aujourd’hui, à 27 ans, elle se produit dans toute l’Europe et au Maroc, dont prochainement au festival du Printemps musical des Alizés qui se tiendra du 27 au 30 avril à Essaouira. Et à chaque événement, elle est toujours dans le même état d’esprit : se démener pour attirer le plus grand nombre dans les salles de concert et tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle la musique classique ne serait accessible qu’à une élite. Interview.

Tout d’abord, vous présente-t-on toujours comme la fille de Farid Bensaïd, le président-fondateur de l’Orchestre philharmonique du Maroc ou comme la virtuose que vous êtes ?
Les deux, mais cela ne me dérange pas. Mon père a fait beaucoup de choses pour la musique classique au Maroc mais je n’ai pas l’impression que le tableau soit déséquilibré, car je sais que les gens reconnaissent mon travail.

 Vous êtes depuis l’âge de 21 ans à la tête de la direction artistique du festival des Alizés. Vous n’étiez pas trop jeune pour une telle responsabilité ?
Ce n’était pas évident. Cela a été un véritable challenge à l’époque. André Azoulay qui me connaissait car j’avais déjà joué plusieurs fois à ce festival, m’a contactée pour me proposer de prendre la direction artistique. J’ai accepté, j’avais tellement d’idées pour la programmation. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Le public, fidèle et de plus en plus connaisseur, a évolué et donc la programmation aussi. Mais l’objectif reste toujours le même : rendre la musique classique accessible.

Pour vous, la musique classique au Maroc n’est donc pas réservée qu’à une élite. Vous en êtes vraiment sûre ?
Oui. Regardez le festival des Alizés, les concerts sont gratuits et joués dans des lieux de vie comme à la médina ou dans des riads. On donne aussi des clefs d’écoute aux personnes qui n’ont pas l’habitude d’entendre ce type de musique pour qu’ils se sentent plus à l’aise. Même si c’est vrai qu’au Maroc, la musique classique n’est pas dans la culture de façon évidente, elle fait tout de même partie de notre héritage culturel. Vous savez, les conservatoires ou les écoles de musique sont remplis d’élèves au Maroc.

Mais vous ne pensez pas que jouer d’un instrument n’est pas à la portée de toutes les familles en raison du coût ?
Non, je n’en suis pas convaincue. Les conservatoires sont quasiment gratuits donc c’est accessible. Ensuite les instruments ne sont pas chers, sauf si vous parlez bien sûr de l’acquisition d’un piano. Je vous assure que vous pouvez trouver par exemple un violon à 200 ou 300 DH à la médina. Je ne veux pas dire que ce n’est pas un investissement, mais c’est surmontable, surtout lorsqu’on a en tête tout ce que cela peut apporter à un enfant : concentration, ouverture au monde et à l’art, gestion du stress. Jouer d’un instrument demande une certaine rigueur qui va se répercuter sur toute la vie.

Dans quel état se trouve aujourd’hui la scène classique au Maroc ?
Elle est très vivante, beaucoup de choses se passent, et ce, de plus en plus, malgré les problèmes de subventions qu’elle rencontre. Vous savez, avoir des salles pleines, est la meilleure reconnaissance. Même si les orchestres jouent des concerts de très bonne qualité au Maroc, ils doivent se battre pour remplir les salles. C’est un défi pour nous. On se bat pour notre art, en étant persuadé qu’il est accessible à tous.

D’où votre projet actuel, les concerts à la carte ?
Effectivement, j’ai lancé ce nouveau concept afin de rapprocher la musique classique des gens. Pour vous expliquer, c’est le public qui choisit la programmation du concert. Je lui présente des œuvres et il fait son choix via les réseaux sociaux ou par vote à main levée directement dans la salle. L’écoute du public est complètement différente puisque c’est lui qui a construit l’histoire qu’il veut entendre. Par exemple, à Casablanca en mars dernier, le public a choisi que j’aborde le thème de la sonate, à savoir comment elle a évolué. J’ai donc pris deux sonates de Beethoven qui sont différentes et je leur ai expliqué et fait entendre l’évolution. Les quelques expériences à Rabat et donc à Casablanca, mais aussi à Paris, sont assez concluantes. Les gens ont l’air séduit. Je me bats pour pousser ce concept qui pourra aussi très bien convenir dans les écoles.


source:femmes du maroc

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