Yawatani

Sur la question de l’égalité entre hommes et femmes, le Maroc est plutôt un très mauvais élève. A l’occasion d’un débat organisé sur le sujet à Rabat intitulé « Regards croisés sur le processus d’intégration genre dans les politiques publiques », interview avec Nassera Bouazzaoui Kilito, responsable genre et inclusion sociale au sein du Programme de Renforcement des Capacités de la Société Civile au Maroc.

Vous parlez d’intégration genre dans les politiques publiques. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
L’intégration de l’approche genre sont des notions souvent mal comprises. Il n’est pas question de favoriser les femmes. Le « genre » est un concept sociologique désignant les « rapports sociaux entre les sexes ». Concrètement, c’est l’étude et l’analyse des statuts, des rôles sociaux, des relations entre les hommes et les femmes.  Donc si nous l’appliquons aux politiques publiques, le genre a pour objectif de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, en prenant en compte les différences et les rôles sociaux attribués.

Où en est le Maroc dans cette approche ? Y-a-t-il une évolution ? 
Le pays a lancé plusieurs chantiers visant à concrétiser l’intégration du genre dans les politiques publiques, en respectant les dispositions de la Constitution 2011 et le plan gouvernemental pour l’égalité.  Pour rappel, la Constitution stipule dans l’article 19 que « l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental… », mais aussi, dans l’article 31, que l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à faciliter cette égalité. Nous avons remarqué que depuis deux ans, il y a une réelle volonté d’appliquer une telle approche dans les politiques publiques, y compris au niveau de la gouvernance dite locale. Le défi, aujourd’hui, est de les rendre opérationnelles et pérennes. Il y a quelques mécanismes mis en place qui vont dans ce sens comme les Instances Parité, Egalité des Chances et Approche Genre (IPECAG). Elles ont vu le jour dans les cinq communes que nous appuyons (Drarga, Temara, Fes, Tetouan et Safi) et la région de Marrakech-Safi avec qui l’USAID est partenaire. Même si elles sont consultatives, les IPECAG poussent à intégrer cette approche dans les Programme d’actions communaux (PAC). Mais ce travail est long et il est encore trop tôt pour évaluer l’impact qu’ont ces commissions.

Pourquoi est-il si important d’avoir une telle approche ?
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estime qu’il y a 44,4% de perte de développement potentiel au Maroc en raison des inégalités de genre. Il est donc essentiel de produire une analyse comparée des situations entre les femmes et les hommes, et de favoriser une meilleure prise en compte des inégalités dans tous les secteurs du développement de notre pays. Car l’approche genre, c’est aussi l’inclusion sociale des populations vulnérables, dont les femmes.

Quelles sont vos recommandations ? 
Il faut continuer à renforcer la prise en compte du genre dans les politiques publiques, à moyen, mais aussi à long terme. Nous allons aujourd’hui réunir les décisionnaires avec les acteurs de la société civile car ce sont eux qui sont en contact avec la population et qui peuvent réellement mesurer les inégalités. L’observation et l’analyse sont très importantes pour élaborer des stratégies qui atténuent les disparités économiques et sociales touchant plusieurs catégories de femmes à travers le pays. D’autres défis sont encore à relever, comme l’amélioration de l’accès des femmes aux postes de responsabilité et aux instances de prise de décision, même si je ne nie pas les avancées : en 2012, on comptait 16% de femmes à des postes à responsabilité au sein de l’administration publique, en 2015, ce taux a augmenté et a atteint 21% ! Il faut continuer à travailler d’arrache-pied, mais tous ensemble.

source:femmesdumaroc

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